Uber dit définitivement adieu à UberPop

Il était légitime que la France interdise ce service, selon l’avocat général de la Cour de justice européenne.

Les chauffeurs de taxi parisiens peuvent pousser un soupir de soulagement. Les pouvoirs publics aussi, au vu de la rudesse du conflit qui avait opposé la société américaine, les particuliers utilisant son service Uberpop et les taxis à l’été 2015. L’avocat général de la Cour de justice de l’Union européenne semble avoir définitivement tiré un trait sur ce service polémique. UberPop, lancé en février 2014, était une nouvelle offre permettant aux particuliers de proposer des services de chauffeur, sans licence et sans charge. Pour Uber, il s’agissait de covoiturage. Pour les autorités françaises, il s’agissait d’un service de transport en dehors de tout cadre légal.

Uber relève de la législation des transports

En octobre 2014, elles l’interdisaient purement et simplement. Sauf qu’Uber décidait de jouer la montre, en laissant son application en service jusqu’en juin 2015, mois où le conflit prit de l’ampleur, avec le blocage des aéroports parisiens et des violences entre chauffeurs. Le 3 juillet 2015, Uber jetait l’éponge, en suspendant le service UberPop.

«Les États membres peuvent interdire et réprimer l’exercice illégal d’une activité de transport telle qu’UberPop sans devoir notifier au préalable le projet de loi à la Commission»

Maciej Szpunar

La société américaine n’en avait cependant pas terminé avec son service, puisqu’elle était visée par plusieurs plaintes pour avoir utilisé UberPop pendant plusieurs mois. Le tribunal de grande instance de Lille demandait des éclaircissements à la Cour de justice de l’Union européenne sur l’interdiction décidée par le gouvernement.

Uber défendait qu’avant d’interdire UberPop, la France aurait dû le notifier à la Commission européenne, suivant en cela la directive relative aux services de la société de l’information. Maciej Szpunar, l’avocat général de cette Cour de justice, a donné, mardi 4 juillet, un avis contraire. Conformément à ce qu’il avait déjà indiqué le 11 mai dernier, il considère que l’activité d’Uber relève du domaine du transport, et pas des sociétés d’information. Conséquence: «les États membres peuvent interdire et réprimer l’exercice illégal d’une activité de transport telle qu’UberPop sans devoir notifier au préalable le projet de loi à la Commission», indique Maciej Szpunar. L’avis de l’avocat général est généralement suivi par la Cour de justice.

Si c’est le cas, cela ne changera toutefois pas grand-chose pour Uber. En effet, UberPop a cessé son activité depuis juillet 2015, il y a deux ans. De même, la plupart des pays européens ont interdit ce service à la même époque. UberPop correspondait très exactement à la stratégie développée par la plateforme américaine pour augmenter le nombre de chauffeurs afin de proposer de baisser les prix et créer une demande nouvelle.

La croissance à tout prix

L’arrêt d’UberPop a été une mauvaise affaire médiatique mais n’a pas provoqué une baisse de l’activité. Au contraire même. Le revenu des courses enregistré par Uber atteint 20 milliards de dollars en 2016. En un an, ce volume a plus que doublé, puisqu’il n’était que de 9 milliards en 2016. Même s’il n’y a pas de répartition géographique, la croissance est telle qu’elle permet d’envisager une progression sur tous les marchés. En France, Uber affirme ainsi enregistrer une croissance continue de son activité, du volume de courses et du nombre de chauffeurs utilisant l’application.

Le chiffre d’affaires d’Uber, c’est-à-dire pour l’essentiel la commission récupérée sur les courses des chauffeurs, atteint 6,5 milliards de dollars en 2016. Le montant est important mais les pertes le sont tout autant: 2,8 milliards de dollars l’an dernier. Le modèle économique d’Uber reste donc de chercher la croissance à tout prix, quitte à cumuler les pertes.

Le Figaro 05/07/2017