Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
6 octobre 2016
- Le discours de Theresa May lors de la conférence du parti conservateur britannique est à la Une de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« May : il y a des nids-de-poule sur la route de sortie de l’UE ») et de la Süddeutsche Zeitung (« Londres veut chasser les étrangers de leurs emplois »). Die Welt titre sur la mise en garde du FMI sur la situation des banques européennes (« une banque européenne sur 3 menacée de naufrage »). Der Tagesspiegel rapporte que la compagnie aérienne en difficulté « Air Berlin et la compagnie TUIFly veulent voler ensemble ». Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre un dossier au faible engagement du secteur privé dans les programmes d’investissement pour les infrastructures allemandes, considérés comme insuffisamment attractifs (« promesses non tenues »).
- Allemagne
Mme Merkel critique la fermeture de la route des Balkans / entretien de la chancelière avec Die Zeit
Dans un entretien à l’hebdomadaire Die Zeit, la chancelière affirme que la fermeture de la route des Balkans n’a pas contribué à faire baisser la pression migratoire sur l’Europe. Cette fermeture a certes eu pour effet de faire baisser le nombre de migrants arrivant en Allemagne, mais la Grèce a vu arriver 45 000 personnes, ce qui, rapporté à l’ensemble de la population allemande, équivaudrait à 360 000 personnes, soit presque le double du nombre de migrants enregistrés au plus fort de la crise, au mois de novembre, indique-t-elle. La chancelière en conclut que seul l’accord UE-Turquie est en mesure de résoudre le problème. Estimant qu’elle n’a pas modifié sa politique migratoire, Mme Merkel fait valoir que ses propos sur les erreurs commises par le passé se rapportaient à la gestion européenne de la crise, en particulier les insuffisances des accords de Dublin pour lesquelles l’Allemagne est coresponsable, et le fait que l’Allemagne s’est longtemps opposée à une européanisation de la protection des frontières extérieures de l’UE ainsi qu’à des quotas de répartition des migrants. Estimant que son pays s’est trop longtemps satisfait d’une situation dans laquelle il n’était pas directement affecté par l’arrivée de réfugiés – à la différence de l’Espagne et de l’Italie, A. Merkel juge qu’il est désormais « primordial stratégiquement » de mener une nouvelle politique envers les pays africains pour contrôler les arrivées de migrants de ces pays.
- Europe
Brexit / discours de clôture de Theresa May au congrès des Tories
La presse allemande s’étonne de la résolution avec laquelle la Première ministre britannique veut mettre à profit le vote de ses concitoyens en faveur du Brexit pour séduire les classes moyennes et populaires, empiétant par son discours social et nationaliste sur les plates-bandes du Labour à gauche et de UKIP à l’extrême-droite. Theresa May, en voulant faire du parti conservateur le port d’attache des « travailleurs ordinaires », fait écho à Donald Trump qui se veut le vengeur des petites gens, observe la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Die Welt voit une analogie avec l’évolution des conservateurs allemands sous la houlette d’Angela Merkel : « la Grande-Bretagne va devenir plus allemande, May veut placer résolument les Tories au centre de l’échiquier politique britannique, elle tourne le dos aux lois du marché pour vanter l’Etat providence ». Pour la Berliner Zeitung, la Première ministre britannique a raison de considérer que le vote britannique ne visait pas seulement Bruxelles mais surtout l’élite libérale de Londres, de laquelle des millions de Britanniques se sentent ignorés. La Süddeutsche Zeitung détaille les mesures de préférence nationale dans les universités et les entreprises préconisées par le gouvernement britannique, qui pourraient s’appliquer aux ressortissants communautaires après le Brexit : « isoler la Grande-Bretagne pourrait rapporter au gouvernement les voix des électeurs frustrés, mais cela endommagera à coup sûr considérablement l’économie britannique, et empoisonnera l’atmosphère dans le pays. Le populisme coûte cher », conclut le journal.
- International
Russie : « Steinmeier juge les sanctions inutiles » (Süddeutsche Zeitung)
Sur la base de propos qu’il aurait tenus à l’occasion d’une réunion, la semaine dernière, de la commission des affaires étrangères du Bundestag, la Süddeutsche Zeitung rapporte que le ministre fédéral des affaires étrangères a exprimé ses doutes sur la possibilité d’influencer la politique russe en Syrie au moyen de sanctions. Alors que la question des sanctions revient à l’ordre du jour depuis l’échec des pourparlers américano-russes sur un cessez-le-feu en Syrie et que toutes les options sont envisagées en vue d’une réaction commune entre les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne, le porte-parole de l’Auswärtiges Amt aurait déclaré ne pas avoir connaissance d’un projet de nouvelles sanctions contre la Russie, les discussions concernant actuellement, selon M. Steinmeier, l’acheminement de l’aide humanitaire à Alep et l’obtention de garanties que les convois ne seront pas pris pour cible.
« Les pays donateurs promettent des milliards d’euros d’aide à l’Afghanistan » (FAZ)
Une profonde résignation marque les réactions de presse au lendemain de la troisième conférence des donateurs pour l’Afghanistan qui s’est tenue hier à Bruxelles à l’invitation de l’UE, réunissant 70 pays et 20 ONG. La FAZ dresse un bilan accablant : « la communauté internationale sait qu’avec cette aide, elle ne fait qu’acheter du temps et empêcher une fois de plus l’effondrement du pays. La politique occidentale en Afghanistan a échoué, la reconstruction du pays achoppe sur la corruption, le manque de sens civique, le trafic de drogue lucratif et les sponsors étrangers des talibans ». A l’autre bout de l’échiquier médiatique, le quotidien alternatif de gauche tageszeitung (taz) fait la même analyse désabusée : « verser beaucoup d’argent ne changera pas grand-chose. Les pays donateurs ont de moins en moins l’illusion d’améliorer les choses mais agissent pour empêcher que la situation n’empire encore davantage ».
- France
Sauvetage de l’usine Alstom de Belfort : « une Ferrari sur une départementale » (FAZ, Handelsblatt)
Dans un commentaire de son correspondant parisien Thomas Hanke, le Handelsblatt évoque largement les critiques envers les commandes visant à assurer le sauvetage du site de Belfort. Sans surprise, le quotidien des affaires décrit une « farce » mais se montre satisfait que « les réactions moqueuses montrent que l’opinion publique française ne se laisse plus impressionner par une politique industrielle qui se borne à dépenser de l’argent pour des contrats absurdes ». « En outre, l’attitude de la SNCF rend optimiste car sa filiale chargée des locomotives a passé outre les recommandations de l’Etat de commander chez Alstom, donnant la préférence à un candidat meilleur marché, en l’occurrence l’allemand Vossloh qui, pour la fabrication et la maintenance des locomotives, va créer des emplois en France, sans aucune intervention de l’Etat », se réjouit le quotidien économique.