Synthèse de la presse quotidienne

 Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

10 octobre 2016

1. Les médias en ligne et audiovisuels mettent en Une l’arrestation à Leipzig d’un réfugié syrien que la police allemande soupçonnait de préparer un attentat et qu’elle traquait depuis samedi. La presse écrite de ce matin ayant bouclé avant la nouvelle de cette arrestation, une partie de ses gros titres sont en décalage:  Die Welt titre ainsi « la personne suspectée de terrorisme échappe à la police » et Der Tagesspiegel « recherche de l’islamiste de Chemnitz dans toute l’Allemagne ». La Süddeutsche Zeitung s’intéresse pour sa part au fait que « la personne suspectée de terrorisme est arrivée en Allemagne comme réfugié ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre sa Une à l’élection présidentielle américaine et à la crise au sein du parti républicain (« des leaders républicains prennent leur distance avec Trump »). Le quotidien économique Handelsblatt retient des assemblées d’automne du FMI et de la Banque mondiale la « peur de la prochaine crise » sur les marchés financiers.
2. Allemagne

Capture d’un Syrien soupçonné de préparer un attentat : « le terroriste présumé est arrivé comme réfugié » (Süddeutsche Zeitung)

Les journaux rendent abondamment compte de la traque d’un fugitif syrien soupçonné de préparer un attentat contre une gare ou un aéroport pour le compte de l’organisation Etat islamique. Arrivé illégalement en Allemagne en février 2015 et ayant obtenu le statut de réfugié en juin de la même année, ce Syrien de 22 ans résidait à Chemnitz (Saxe) et une grande quantité d’explosifs et de produits chimiques avaient été trouvés samedi dans le logement qu’il occupait. En lien avec l’organisation Etat islamique qui l’aurait formé à la fabrication et à l’utilisation d’explosifs, le terroriste présumé a été arrêté dans la nuit de dimanche à lundi, sur la base d’une information donnée par un autre Syrien qui l’hébergeait d’après le Spiegel Online, après une chasse à l’homme de près de 48 heures.

Dans un commentaire, la FAZ se saisit de l’affaire pour rappeler la « nécessité pour l’Etat de redevenir maître d’une situation qu’il a lui-même provoquée ». « Récemment encore, les décideurs politiques et économiques nous faisaient croire qu’il fallait voir dans tout réfugié syrien un Steve Jobs, dans tout migrant un loto gagnant pour la société et dans tout immigré musulman un enrichissement pour l’Etat laïc. Voilà qui fait peu à peu place à une vision plus lucide », se félicite le quotidien conservateur pour qui la mission première de l’Etat est de protéger les citoyens, notamment contre le risque terroriste.

« A compter de 2030, le Bundesrat envisage de n’autoriser que les véhicules non pollueurs » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre, la FAZ fait état d’une décision adoptée le 23 septembre dernier par le Bundesrat qui envisage d’interdire à compter de 2030 les moteurs à combustion. Ce faisant, la chambre haute prend position vis-à-vis des propositions faites par la commission européenne concernant une « stratégie européenne en faveur d’une mobilité pauvre en émissions », laquelle s’est fixée pour objectif de parvenir à quasi zéro émission en Europe à l’horizon 2050, indique le journal. Le Bundesrat estime toutefois insuffisantes les mesures envisagées et appelle à l’adoption de mesures fiscales européennes communes afin qu’au plus tard en 2030 seuls les véhicules sans émissions soient autorisés. Le journal fait part de la réaction négative du gouvernement fédéral qui, par la voix du ministre des transports, Alexander Dobrindt (CSU), a qualifié ce projet d’« irréaliste » et cite aussi le président de la fédération automobile allemande qui a jugé « contre-productive pour le climat » toute contrainte visant à précipiter l’abandon du moteur à combustion.

Reconnaissant qu’il est nécessaire de promouvoir l’électromobilité, le Tagesspiegel estime toutefois dans un commentaire qu’un long chemin technologique reste à parcourir pour éviter que cette avancée synonyme de zéro émission ne signifie la mort pour tout un secteur industriel européen. « Actuellement, le prix d’aucun véhicule électrique n’est concurrentiel par rapport à celui d’un véhicule classique », fait valoir de son côté la tageszeitung qui appelle à la retenue compte tenu du problème de recyclage posé par les batteries des véhicules électriques et rappelle qu’« il y a quelques années seulement on ne jurait que par les bio-carburants, avec les conséquences dramatiques que l’on sait ».

3. Europe

Pologne / interview de Jaroslaw Kaczynski dans Die Welt

Die Welt publie la traduction d’un entretien mené par le quotidien italien La Repubblica avec le chef du PiS, dans lequel celui-ci fait part de son inquiétude sur l’état de l’Union européenne. « Soit nous réformons l’UE, soit celle-ci va s’effondrer », déclare-t-il après avoir mis en garde contre la « montée des populistes partout en Europe ». Evoquant la politique migratoire européenne, il considère que les décisions « ont été prises par Angela Merkel » et que la Pologne n’a pas de raison de se plier à la pression européenne pour accueillir davantage de réfugiés. Lancé dans une tirade anti-allemande, J. Kaczynski déclare que « l’une des raisons pour avoir invité tous les réfugiés à venir en Europe sans demander l’avis des partenaires européens pourrait être la conviction que l’économie allemande allait en profiter. J’estime même possible que les Allemands aient voulu pousser les Britanniques hors de l’UE en soutenant le ‘non’ au référendum grâce à la peur des migrants. Mais les Allemands vont se casser les dents sur le Royaume-Uni. Peut-être les Allemands voulaient-ils se débarrasser d’un concurrent trop fort au sein de l’UE ».

Grèce/ Allemagne / rôle du FMI

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble est peu disposé à l’indulgence vis-à-vis de la Grèce alors qu’Athènes réclame le versement de la prochaine tranche d’aide européenne malgré le peu d’avancement des réformes promises, rapporte Die Welt. Les quotidiens indiquent que lors des assemblées d’automne du FMI et de la Banque mondiale à Washington, « le Fonds monétaire et l’Allemagne étaient divisés » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) tant sur les questions du danger émanant de la crise de la Deutsche Bank et de la relance de l’économie que sur la participation du FMI au troisième plan d’aide à la Grèce. Dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung, le premier vice-président du FMI, David Lipton, dément l’affirmation de Wolfgang Schäuble selon laquelle le Fonds se serait fermement engagé à participer avant la fin de l’année au plan d’aide à la Grèce – participation dont les journaux rappellent qu’elle conditionnait pour les conservateurs allemands le feu vert au troisième plan d’aide. Aucun accord n’a encore été trouvé avec les partenaires sur les conditions d’une aide du FMI à la Grèce, le FMI persistant à exiger une restructuration de la dette grecque, déclare D. Lipton à la Süddeutsche Zeitung. « Il est temps que Wolfgang Schäuble dise la vérité, cela fait trois ans que le FMI n’a plus concédé de crédits à la Grèce et il y a longtemps que les Européens sauvent Athènes eux-mêmes grâce au MES qui fonctionne bien », commente la Süddeutsche Zeitung. « Peut-être qu’un retrait officiel du FMI pourrait marquer le début d’un débat honnête sur une restructuration de la dette grecque, à la condition que la Grèce quitte l’UEM », conclut Die Welt.

4. International

Syrie / Russie

La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacrait samedi une correspondance détaillée aux efforts du Ministre pour imposer un cessez-le-feu en Syrie grâce au projet de résolution de la France devant le conseil de sécurité de l’ONU : « la France veut tenter une médiation entre les Etats-Unis et la Russie », titrait la FAZ. Le veto opposé par la Russie, attendu, est peu commenté, en revanche à Berlin la classe politique débat de la position à adopter face à l’escalade du conflit entre Washington et Moscou : « détente ou nouvelles sanctions ? » (Die Welt). « Où est l’Allemagne ? Quelque part entre les deux », constate l’édition dominicale du journal. Tandis que les atlantistes de la CDU accusent le SPD d’anti-américanisme, les sociaux-démocrates sont partagés sur l’attitude à adopter, écrit Welt am Sonntag. Ainsi le ministre-président SPD du Mecklembourg-Poméranie occidentale, Erwin Sellering, appelle-t-il dans WamS à lever les sanctions contre la Russie, tandis que l’un des vice-présidents du SPD, Thorsten Schäfer-Gümbel, prône le retour à la tradition social-démocrate de la politique de détente. Le ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, pour sa part, estime dans Bild que « c’est une illusion de croire que c’est le retour de l’ancienne guerre froide, cette nouvelle époque est beaucoup plus dangereuse ». Dans une interview à l’édition dominicale de Bild, la présidente du groupe parlementaire des Verts, Katrin Göring-Eckardt, déclare que « l’Allemagne doit enfin faire pression sur la Russie pour mettre en œuvre des zones d’interdiction aérienne en Syrie, et en premier lieu, les visites amicales chez M. Poutine doivent cesser ; le déplacement de Sigmar Gabriel à Moscou n’a contribué en rien à améliorer la situation en Syrie. En second lieu, le gouvernement fédéral doit d’urgence engager une procédure de sanctions contre la Russie pour son action barbare en Syrie. C’est aux Européens de prendre davantage de responsabilités après l’échec d’un accord de cessez-le-feu entre Moscou et Washington », martèle la candidate des Verts à l’investiture pour les prochaines législatives.

Tournée africaine de la chancelière

Les journaux rendent compte de la première étape de la tournée africaine de la chancelière entamée hier au Mali et qui se poursuit aujourd’hui au Niger et en Ethiopie. Soulignant que Mme Merkel est le premier chef de gouvernement allemand à se rendre au Mali, la FAZ rapporte que la chancelière a promis au président Keita l’aide de l’Allemagne pour le développement du pays et a rencontré les soldats allemands stationnés dans le pays dans le cadre de la mission des Nations unies. Estimant qu’au regard de la crise migratoire une visite de la chancelière au Mali ou au Niger est « tout aussi importante qu’un déplacement à Ankara », le tabloïd Bild fait valoir qu’il faut « saisir le problème migratoire à la racine, soit en Afrique ». De l’avis du Tagesspiegel, l’Allemagne peut mieux faire, aussi bien sur le plan politique qu’économique, et ce déplacement n’est qu’un début. « Trois jours, c’est un faible investissement » compte tenu de l’ampleur de la tâche, juge le quotidien.

«Yémen : le pays oublié » (Süddeutsche Zeitung)

La Süddeutsche Zeitung et la FAZ attirent chacune dans un commentaire l’attention sur la situation au Yémen après les nombreuses victimes causées par une frappe militaire menée par l’Arabie saoudite à Sanaa. « Cela fait 18 mois que durent les bombardements d’une coalition d’Etats arabes menée par l’Arabie saoudite et soutenue par les Etats-Unis, rappelle la FAZ pour qui la perspective de millions de Yéménites sur les routes de l’exil n’est plus qu’une question de temps. Condamnant vivement ce qu’elle qualifie de « massacre » et d’« acte de barbarie », la Süddeutsche Zeitung s’insurge contre le fait que « les yeux rivés sur Alep, le monde en oublie le Yémen » alors que l’intensité des frappes qui y sont menées par l’Arabie saoudite n’a rien à envier à la systématicité des attaques menées par les forces russes et le régime syrien sur Alep. « Pourtant, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne disposent de moyens de pression pour faire fléchir l’Arabie saoudite : l’arrêt immédiat des livraisons d’armes à Ryad », avance le quotidien./.