Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

10 octobre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’arrestation du Syrien suspecté de préparer un attentat de grande ampleur en Allemagne fait les gros titres de la presse. Plusieurs journaux mettent en Une que l’individu a été arrêté grâce à d’autres Syriens qui l’ont maîtrisé et livré à la police : « ce sont des Syriens qui ont arrêté le suspect syrien » (Süddeutsche Zeitung) ;  « c’est ici que le terroriste a été ligoté par de courageux Syriens » (Bild) ; « fin d’une cavale » (Die Welt). La Frankfurter Allgemeine Zeitung note pour sa part que le ministre fédéral de l’Intérieur « Thomas de Maizière [parle de] projets d’attentats équivalents à ceux de Paris et Bruxelles ». A l’instar du Tagesspiegel, la presse berlinoise souligne que « le Syrien préparait un attentat à Berlin ». Le quotidien des affaires Handelsblatt juge pour sa part que « l’économie américaine brave le danger Trump », le facteur d’incertitude ne semblant pas affecter les acteurs économiques outre-Atlantique.
  2. Allemagne

Capture d’un terroriste présumé : « ce sont des Syriens qui ont arrêté le suspect syrien » (Süddeutsche Zeitung)

L’ensemble de la presse évoque les circonstances de l’arrestation du terroriste présumé, soupçonné de préparer un attentat visant l’un des aéroports de Berlin. Après avoir échappé à la police, le réfugié syrien en cavale avait trouvé refuge à Leipzig chez des compatriotes qui, s’apercevant via les réseaux sociaux qu’il était activement recherché, l’ont ligoté, puis alerté la police. Les journaux notent que depuis l’Afrique, où elle est actuellement en déplacement, la chancelière a remercié les forces de police pour leur travail, rappelé que tout devait être mis en œuvre pour garantir les sécurité, évoquant au passage de possibles modifications législatives, et exprimé sa gratitude envers les Syriens qui ont permis l’arrestation du terroriste présumé.

Dans leurs commentaires, les quotidiens saluent eux aussi le courage et le civisme des trois Syriens qui « ont risqué leur vie pour protéger leur pays d’accueil et mériteraient qu’on leur décerne la croix fédérale du mérite » (Die Welt). « Ce courage redonne de l’espoir car il permet de dépasser le manichéisme ambiant », juge pour sa part la tageszeitung : l’histoire montre que « ce qui est important n’est pas de savoir si quelqu’un est Syrien ou Allemand, s’il est né ici ou arrivé comme réfugié, ce qui importe c’est de savoir s’il est du côté de la démocratie ou s’il cherche à la combattre ». « Parmi les réfugiés, comme parmi les Allemands, il y a des bons et des méchants », fait également valoir la Berliner Zeitung.

  1. Europe

Interview du chancelier autrichien dans Bild

Le social-démocrate Christian Kern accorde un entretien au tabloïd Bild largement consacré à la montée des populismes dans les démocraties occidentales, à l’image du FPÖ en Autriche, de l’AfD en Allemagne ou des partisans du Brexit au Royaume-Uni (le Front national en France n’est pas explicitement cité). Pour le chancelier autrichien, la pression migratoire alimente le succès des démagogues mais celui-ci se nourrit avant tout de la peur des citoyens du déclin social, d’où son appel à ce que l’UE développe un agenda social. Dans la partie de l’interview uniquement publiée en ligne, Christian Kern souligne que pour redevenir crédibles, les partis établis en Europe ne doivent pas laisser à l’extrême-droite le soin de critiquer les points de dysfonctionnement de l’UE mais reconnaître ouvertement les lacunes. A la question de savoir s’il partage les vives critiques de son ministre des affaires étrangères, Sebastian Kurz, à l’égard de la politique migratoire de son homologue allemande, le chancelier autrichien souligne qu’au contraire, il est « reconnaissant à Angela Merkel pour l’accord UE-Turquie, sans lequel un nombre beaucoup plus considérable de réfugiés aurait suivi la route des Balkans ». Il considère également qu’« il y a bien longtemps qu’en Allemagne aussi, le temps des frontières ouvertes est passé, l’Allemagne a renvoyé depuis quelque 12 000 réfugiés via la frontière autrichienne ».

« Qui sera le prochain président du parlement européen ? (FAZ)

Alors que Martin Schulz (SPD) a tenu ce dimanche 9 octobre – date anniversaire de la grande manifestation pacifique de 1989 – un discours sur la démocratie à Leipzig, la Frankfurter Allgemeine Zeitung se penche sur les chances du président du parlement européen de voir son mandat prolongé, chances que le journal considère comme réduites compte tenu de l’accord entre conservateurs et sociaux-démocrates européens pour que la présidence du parlement revienne au PPE en janvier 2017, et de la nécessité d’éviter une confrontation entre les deux principaux groupes parlementaires dans un contexte d’euroscepticisme et de populisme.

Martin Schulz fait par ailleurs figure de candidat potentiel du SPD à la chancellerie fédérale, note la FAZ, une alternative à une candidature du chef du SPD Sigmar Gabriel pour laquelle plaide le Tagesspiegel. La FAZ est plus sceptique, considérant que l’aura européenne que s’est indéniablement forgé Martin Schulz ne signifie pas qu’il dispose dans les rangs du SPD d’un soutien suffisant. Si le SPD cherche une alternative à Sigmar Gabriel comme candidat à la chancellerie, c’est plutôt vers Olaf Scholz, chef de gouvernement de la ville-Etat de Hambourg, que le parti pourrait se tourner, estime la FAZ pour qui le maire de Hambourg présente le même profil de « social-démocrate conservateur et pragmatique » que M. Schulz mais a davantage d’expérience exécutive en politique intérieure allemande que lui.

  1. International

Syrie / « la France accuse Poutine » (Süddeutsche Zeitung)

Les quotidiens relèvent dans des brèves les déclarations du président de la République et du Ministre selon lesquelles la France envisage de saisir la Cour pénale internationale des crimes commis contre la population civile d’Alep. « La France considère qu’il y a crime contre l’humanité », met en exergue la FAZ. Le président de la République « n’a pas encore décidé s’il allait recevoir Vladimir Poutine la semaine prochaine » et s’il le fait, « ce ne sera pas pour échanger des mondanités », citent encore les journaux. La Berliner Zeitung revient sur la position du gouvernement allemand, qui mise sur un compromis entre les deux projets de résolution français et russe présentés au conseil de sécurité de l’ONU, et rapporte que le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen (CDU),  se prononce en faveur de nouvelles sanctions contre Moscou, jugeant « scandaleux que les pires crimes de guerre restent impunis » et appelant les Européens à « parler clairement et à nommer crime de guerre ce qui est un crime de guerre ».

La presse rend compte par ailleurs de la rencontre entre les présidents Poutine et Erdogan, notant que la nouvelle harmonie entre les deux chefs d’Etat « a des limites dues à des objectifs très différents dans la crise syrienne » (Süddeutsche Zeitung). La FAZ déplore à nouveau que le président turc, dans sa volonté de renforcer sa main vis-à-vis de l’UE, sape les intérêts occidentaux, notamment ceux de son allié américain au sein de l’OTAN, en coopérant avec la Russie sur le plan énergétique, et en laissant à la Russie toute liberté d’action en Syrie contre une égale liberté pour ses propres soldats à la frontière syrienne.

Tournée africaine de la chancelière : « Merkel promet au Niger des millions d’aide au développement » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Dans leurs nombreux comptes rendus consacrés à la poursuite de la tournée africaine de la chancelière, les journaux relèvent qu’hier au Niger, Mme Merkel a promis l’aide de l’Allemagne pour permettre au pays de lutter contre l’immigration illégale et promouvoir son développement économique. Cette aide comprendra 17 millions d’euros supplémentaire pour l’année à venir, suivis de 60 millions d’euros dans les années à venir. En outre, l’Allemagne contribuera à hauteur de 10 millions d’euros à l’équipement des forces de sécurité, de manière à permettre au Niger, important pays de transit, d’assurer la sécurité de ses frontières, indique la FAZ. La presse relève que la chancelière n’a pas donné suite au souhait exprimé par le président nigérien Mahamadou Issoufou d’un plan Marshall pour son pays et la région, la chancelière faisant valoir que les conditions pour un tel plan n’étaient pas réunies et que l’Afrique avait avant tout besoin de miser sur la formation et la bonne gouvernance. Dans un article de son expert des questions africaines, Dominic Johnson, le quotidien alternatif de gauche tageszeitung déplore l’approche de la chancelière vis-à-vis des pays africains. « Il est étrange qu’aucun décideur économique allemand ne soit du voyage », écrit le journal, avant de conclure que « pour l’Allemagne, combattre les causes de l’exode des populations revient de toute évidence à intensifier la coopération militaire de manière à ce que les Africains rendent leurs frontières imperméables ». Evoquant la faiblesse des échanges commerciaux entre l’Allemagne et le Niger et le fait qu’une base militaire allemande destinée à approvisionner les forces déployées au Mali doit voir le jour dans le pays, le journal fait valoir que « des bases militaires ne remplacent pas des usines ». Dans son principal éditorial de première page, la FAZ fait valoir que l’Europe doit se défaire de l’illusion de parvenir à stopper le flux migratoire en provenance d’Afrique, car conclure des accords avec les pays africains, sur le modèle de l’accord UE-Turquie, ou augmenter l’aide au développement ne suffiront pas pour « empêcher la ruée vers la richesse » des Africains qui tentent la traversée de la Méditerranée. Le problème des pays africains est le suivant : un essor démographique supérieur à leur croissance économique. Pour mettre un terme aux mouvements migratoires, il faut donc créer des millions d’emplois, poursuit la FAZ selon qui le secteur agricole est prédestiné pour permettre un tel développement. Seulement, les problèmes du continent africain sont bien trop grands et le temps compté, de sorte qu’« il va falloir s’habituer à voir notre monde à courte échéance s’africaniser ». 

La FAZ consacre par ailleurs un reportage à la mission européenne au Mali dans lequel elle insiste sur le rôle accru de l’Allemagne en matière de formation des forces de sécurité maliennes, dans une zone d’influence traditionnellement française. Les Européens sont parvenus à « remette sur pied une armée malienne démoralisée, même si la situation sécuritaire du pays demeure fragile », note le journal./.