Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

12 octobre 2016

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung met en avant qu’au terme de sa tournée africaine, « Mme Merkel appelle les pays africains à davantage de coopération ». Der Tagesspiegel décrit le « débat sur le contrôle des réfugiés » entre les partis de la grande coalition, après l’arrestation d’un réfugié soupçonné de préparer un attentat de grande ampleur à Berlin. Le retrait par Samsung de son Galaxy Note 7 du marché fait les gros titres de la Süddeutsche Zeitung (« la fiasco Samsung sert Appel et Google ») et du quotidien des affaires Handelsblatt (« fin enflammée »). Die Welt rend compte d’une étude sur la vie étudiante : « peur, pression, insomnies : la triste vie des étudiants »).
  2. Allemagne

Capture d’un terroriste présumé : « éloges pour les réfugiés syriens » (Berliner Zeitung) – « débat sur le contrôle des réfugiés » (Tagesspiegel

Les journaux font état des réactions politiques à l’arrestation du réfugié syrien soupçonné de préparer un attentat en Allemagne. Ils signalent notamment que le parti Die Linke s’est prononcé en faveur de l’octroi du droit de séjour aux trois ressortissants syriens qui ont dénoncé le terroriste présumé à la police. Ils relèvent également que des voix se sont élevées au sein du SPD pour appeler le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), à recevoir les trois hommes afin de rendre hommage à leur courage. Par ailleurs, sous le titre « les services secrets veulent avoir accès à davantage de données », la Süddeutsche Zeitung fait état des appels en provenance de la CSU à autoriser l’accès des services de renseignement aux données sur les demandeurs d’asile et réfugiés que possèdent les administrations en charge de leur hébergement, ainsi qu’à une implication des services de renseignement dans la procédure d’octroi du droit d’asile. Notant que le chef des services allemands de renseignement a salué cette prise de position, les quotidiens indiquent que le SPD et l’opposition (Verts) s’insurgent contre de telles mesures qui feraient peser un soupçon généralisé sur les personnes arrivant en Allemagne.

  1. Europe

Brexit / « les industriels européens font du lobbying pour Londres » (Handelsblatt)

De Bruxelles, le Handelsblatt se fait l’écho des « inquiétudes grandissantes » des diplomates de l’UE et des dirigeants européens, au premier plan desquels le président de la République et la chancelière allemande, devant les pressions exercées par les fédérations industrielles et le secteur privé pour préserver coûte que coûte l’accès du Royaume-Uni au marché intérieur. Le Handelsblatt rappelle que la semaine dernière, lors des congrès des fédérations allemandes de l’industrie (BDI) et des entreprises exportatrices (BGA), Angela Merkel a explicitement mis en garde contre les pressions des industriels européens sur les responsables politiques. Jusqu’à présent, les dirigeants politiques font front commun contre toute velléité d’« Europe à la carte », souligne le quotidien des affaires en citant des déclarations en ce sens du ministre suédois de l’économie, Mikael Damberg, interrogé par le Handelsblatt.

Dans ce contexte, la Süddeutsche Zeitung, de Londres, rapporte des déclarations du directeur financier de la banque russe VTB, l’Allemand Herbert Moos, selon lesquelles l’institut bancaire russe va, suite au vote britannique, transférer le siège Europe de ses activités d’investissement sur le continent européen (Francfort, Paris et Vienne sont cités comme possibles sites d’implantation). « C’est la première banque internationale à transférer des activités de Londres sur le continent suite au Brexit », souligne la Süddeutsche Zeitung.

Grèce / conflit entre Berlin et le FMI

Le ministre allemand des Finances a marqué hier son désaccord avec le Fonds monétaire international sur l’opportunité de discuter dès maintenant d’une restructuration de la dette grecque, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Wolfgang Schäuble a une nouvelle fois expliqué que les pays de la zone euro étaient convenus de n’aborder ce point qu’en 2018, si la Grèce n’arrivait pas à dégager les excédents budgétaires primaires jugés par l’Eurogroupe comme suffisants pour assurer la viabilité de sa dette, indique le journal. Dans les colonnes du tabloïd Bild, le porte-parole du groupe parlementaire des Verts pour les questions financières, Gerhard Schick, annonce vouloir demander un débat au Bundestag sur le troisième plan d’aide à la Grèce en raison de l’incertitude de la participation du FMI, qu’avait promise Wolfgang Schäuble. Dans un commentaire, la FAZ estime que « Wolfgang Schäuble veut absolument étouffer dans l’œuf toute discussion sur la restructuration de la dette grecque ; il n’y arrivera pas éternellement car cette dette n’est pas viable sans nouveaux allègements. Schäuble le sait : il veut juste ne pas devoir en parler jusqu’aux élections législatives en 2017 ».

« La Pologne oppose une fin de non-recevoir aux hélicoptères d’Airbus » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Dans des correspondances centrées sur la réaction d’Airbus à la volte-face du gouvernement polonais qui a annoncé l’abandon du contrat sur les hélicoptères Caracal d’Airbus, optant pour les appareils Black Hawk de l’américain Lockheed Martin, les journaux font état de la vive réaction du patron d’Airbus, Tom Enders, qui a déclaré : « nous n’avons jamais été traités comme ça par un gouvernement client ». Les quotidiens rappellent qu’en raison de cette rupture de négociations, le président de la République et le ministre français de la défense avaient annulé un déplacement prévu en Pologne. La FAZ juge dans un commentaire que les raisons de ce revirement inattendu de Varsovie sont moins à chercher du côté de la logique économique que dans les aléas de la politique intérieure et étrangère polonaise. Plus sévère, le Handelsblatt déplore une décision qui s’apparente à un dur revers pour l’avionneur européen en pleine restructuration. « Tom Enders a raison quand il dit que c’est du jamais vu en Europe », écrit le correspondant à Paris du quotidien pour qui « les populistes de droite polonais viennent de donner une leçon à toute l’Europe » qui serait bien inspirée de « garder ses distances vis-à-vis de responsables politiques qui ne respectent ni l’Etat de droit, ni les usages économiques ». Die Welt relève pour sa part l’absence de réaction publique à Berlin.

  1. International

Syrie / Russie / France

L’annulation par le président Poutine de sa visite en France le 19 octobre prochain fait l’objet de comptes rendus factuels des correspondants de la presse allemande à Paris, qui décrivent la chronologie des « tensions diplomatiques » entre Paris et Moscou. L’annonce par l’ambassadeur russe en France, sur les ondes d’Europe 1, de la tenue d’une réunion en format Normandie sur l’Ukraine le même jour à Berlin est reprise par les quotidiens sous toutes réserves, « le gouvernement fédéral n’ayant pas confirmé une telle réunion » comme le remarque le Tagesspiegel. Pour la Berliner Zeitung, la venue à Berlin de Vladimir Poutine – dont la dernière visite dans la capitale allemande remonte à 2012, et alors que la chancelière a évité tout déplacement en Russie depuis l’annexion de la Crimée – aurait une « dimension symbolique » et constituerait en tout état de cause un « signe de détente » et de maintien du dialogue. Sur ce point, et sur l’opportunité de nouvelles sanctions contre la Russie suite à son rôle dans le conflit syrien, les avis restent partagés dans la classe politique allemande, soulignent le Tagesspiegel et Spiegel Online. Alors que certains ténors conservateurs, dont le président de la commission des affaires étrangères Norbert Röttgen (CDU), plaident en faveur de nouvelles mesures contre la Russie, le ministre-président de Bavière, Horst Seehofer (CSU), et ses homologues de Saxe et de Saxe-Anhalt, Stanislaw Tillich et Reiner Haseloff (tous deux CDU), y sont opposés. L’idée de nouvelles sanctions aurait été lancée par la chancellerie fédérale, mais n’aurait à ce stade quasiment aucune chance d’être reprise au niveau européen, croit savoir le Tagesspiegel.

Dans une tribune publiée par le Handelsblatt, le président de la conférence de sécurité de Munich, Wolfgang Ischinger, déplore pour sa part la « faillite » de l’UE, « coupable de non-intervention », dans le conflit syrien. « Sommes-nous prêts à défendre de manière crédible l’ordre libéral international ? Que devrait-il se passer pour que Moscou nous prenne au sérieux, nous l’Union européenne ? Ces questions, nous ne pouvons plus éviter de nous les poser », conclut-il.

Tournée africaine de la chancelière : « Merkel appelle les pays africains à davantage de coopération » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La tournée africaine de la chancelière, qui s’est achevée hier à Addis Abeba, continue de susciter une abondante couverture de presse. Les journaux notent que la chancelière a appelé à promouvoir la liberté sur le continent africain et a plaidé en faveur d’une intensification de la lutte contre le trafic des passeurs via la Méditerranée, soulignant à nouveau qu’il est dans l’intérêt à la fois de l’Allemagne et de l’Europe de promouvoir le développement des pays africains. Evoquant plus en détail le discours qu’elle a tenu devant les représentants de l’Union africaine, à l’occasion de l’inauguration de son nouveau siège en grande partie financé par l’Allemagne, la FAZ note que Mme Merkel a énuméré « trois missions centrales » : nécessité pour le secteur privé d’investir davantage dans les pays africains pour promouvoir la croissance et l’emploi ; nécessité d’améliorer les infrastructures, notamment pour les transports et l’approvisionnement en électricité ; et nécessité de cibler davantage la formation professionnelle pour les jeunes. La chancelière a indiqué vouloir poursuivre ces trois objectifs dans le cadre de la présidence allemande du G20, au cours de laquelle une grande conférence consacrée à l’Afrique devrait se tenir en Allemagne l’an prochain. Ceci étant, Mme Merkel a fait valoir qu’elle était intimement persuadée qu’il revient aux Africains eux-mêmes de résoudre les difficultés qui se posent dans leur pays respectif, insiste la FAZ.

Dans un commentaire, la FAZ donne raison à la chancelière d’avoir mis en garde les jeunes africains contre le péril que représente la traversée de la Méditerranée et de les avoir encouragés à contribuer au développement de leur propre pays. Estimant que cette tournée a donné à voir que « la chancelière fait de l’Afrique sa propre cause », le tabloïd Bild centre son propos sur le défi migratoire et juge qu’au Niger tout comme en Ethiopie, Mme Merkel a entonné les nouveaux accents de sa politique en la matière. En indiquant qu’il faut que cesse le trafic des passeurs, elle délivre le message que l’Afrique doit tout mettre en œuvre pour retenir sur son sol les candidats à l’exil, relève le journal pour qui il est également frappant que la chancelière prenne soin de ne pas parler de « réfugiés », mais mette en avant le terme d’ « immigration illégale »./.