Synthèse de la presse quotidienne
17 octobre 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La Frankfurter Allgemeine Zeitung ouvre son édition du jour sur la Syrie et la question des sanctions contre Moscou : « le SPD contre un renforcement des sanctions visant la Russie ». Sous le titre « le gouvernement freine sur la protection des consommateurs », la Süddeutsche Zeitung revient sur les suites du scandale Volkswagen et indique qu’en dépit de promesses du ministre de la justice, le gouvernement fédéral ne serait pas disposé à autoriser des actions collectives en justice contre les constructeurs automobiles. « Echec du deal avec la Turquie », titre Die Welt qui en veut pour preuve la situation des migrants retenus sur les îles de la mer Egée. Le quotidien berlinois Tagesspiegel s’intéresse à l’avenir de Horst Seehofer qui a laissé entrevoir qu’il pourrait l’an prochain renoncer soit à sa fonction ministre-président de Bavière, soit à la présidence du parti CSU. Le Handelsblatt consacre sa Une au « règlement de comptes » entre les géants de la grande distribution Kaiser’s Tengelmann et Rewe. Dans deux interviews séparées, les patrons des deux enseignes se rejettent mutuellement la responsabilité de l’échec des pourparlers pour une reprise de Kaiser’s par son concurrent Rewe. La tageszeitung évoque le démantèlement du camp de migrants de Calais et titre sur « les rêves brisés de Calais ».
- Allemagne
Accord entre le Bund et les Länder sur la péréquation financière : « le Bund va verser des milliards aux Länder » (Süddeutsche Zeitung)
Dans ses éditions de samedi, la presse rend largement compte de l’accord intervenu entre la fédération et les régions en matière de péréquation financière. Cet accord prévoit qu’à compter de 2020, les Länder riches seront moins mis à contribution pour financer les Länder pauvres, le Bund s’engageant à verser annuellement 9,5 milliards d’euros supplémentaires pour combler l’écart, rapportent les journaux. La Süddeutsche Zeitung indique qu’au terme de 14 heures de négociations lors desquelles il s’est efforcé d’obtenir davantage de solidarité de la part des chefs de gouvernement des Länder, le ministre fédéral des finances, Wolfgang Schäuble (CDU), a cédé à leur front uni. Le journal cite la conclusion de W. Schäuble : « faute de résultat satisfaisant, c’est un résultat apaisant qui a pu être obtenu de haute lutte » et mentionne la satisfaction exprimée par les ministres-présidents, à commencer par Horst Seehoer (CSU) car la Bavière, souligne le journal de Munich, fera désormais l’économie de 1,35 milliards d’euros.
Dans leurs commentaires, les journaux se montrent moins enthousiastes que les protagonistes. « Certes, les Länder ont obtenu gain de cause, mais ils vont en payer le prix fort », constate la FAZ car, en contrepartie, ils vont devoir renoncer à certaines de leurs prérogatives et c’est donc le fédéralisme qui est le perdant dans l’histoire. Ce point de vue est également celui de Die Welt qui déplore que le fédéralisme se retrouve « vidé de sa substance ». Pour le Handelsblatt qui regrette que le ministre des finances se soit heurté à la résistance des Länder, W. Schäuble était de toute façon acculé car la chancelière « voulait absolument un accord », destiné avant tout à enterrer un conflit avec la CSU. De l’avis de la Süddeutsche Zeitung aussi, l’échec de W. Schäuble est en partie imputable à l’échéance électorale de 2017 qui se rapproche et « considéré de ce point de vue, la résignation de Schäuble s’explique par l’impératif de la discipline de parti », considère le quotidien.
- Europe
Politique migratoire / interview de Jean-Claude Juncker dans Bild am Sonntag
En perspective du prochain Conseil européen, le président de la Commission européenne est interrogé sur la politique migratoire de l’UE dans l’édition dominicale de Bild. Jean-Claude Juncker estime que l’accord entre l’UE et la Turquie fonctionne et que l’UE a ainsi réussi à décourager les activités illégales des passeurs et à limiter l’afflux de migrants vers l’Europe. C’est un tout autre constat que fait Die Welt à la Une, dans une correspondance de Lesbos décrivant l’impasse dans laquelle se trouvent les quelque 6 000 réfugiés bloqués dans des conditions humanitaires difficiles sur l’île grecque, alors que seuls 643 d’entre eux ont été reconduits en Turquie depuis l’accord migratoire en raison de la longueur des procédures de demande d’asile et des réticences des juges grecs à expulser les migrants vers un pays tiers jugé non sûr. Selon Die Welt, l’Allemagne n’est pas favorable au transfert d’une partie des réfugiés échoués à Lesbos vers le continent grec, le ministère fédéral de l’Intérieur craignant une reprise du trafic des passeurs si les migrants ont l’espoir de gagner le continent avant le terme de leur procédure d’asile.
- International
Syrie / « le SPD contre un renforcement des sanctions visant la Russie » (FAZ)
Dans son édition dominicale (FAS), la Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte que lors d’une rencontre des jeunes de la CDU (Junge Union), la chancelière a annoncé vouloir plaider lors du prochain Conseil européen en faveur d’un durcissement des sanctions contre la Russie en raison de son rôle dans le conflit syrien. Tout en reconnaissant que cette position n’était pas soutenue par le SPD ni par certains partenaires européens, Angela Merkel a jugé que le ressentiment envers la Russie s’était dernièrement intensifié ; elle a ajouté que Barack Obama lui avait, dans un entretien téléphonique, assuré que les Etats-Unis soutiendraient l’Union européenne si celle-ci décidait d’apporter une « réponse forte » à la Russie, écrit encore la FAS. Au sein de la CDU (Volker Kauder dans un entretien à l’hebdomadaire Spiegel), mais aussi chez les Verts, plusieurs ténors se sont exprimés en faveur d’un durcissement des sanctions, mais le SPD, par la voix de Nils Annen, porte-parole du groupe parlementaire social-démocrate, a marqué son opposition à de telles mesures, rapporte encore la FAZ. « L’agression russe en Syrie divise la coalition gouvernementale », résume le Spiegel.
Pour la plupart des éditorialistes, un durcissement des sanctions contre la Russie s’impose et est inéluctable. « Même si les sanctions mettent du temps à agir, il est urgent de resserrer la vis à l’égard de Moscou. Trop longtemps, les gouvernements, y compris à Berlin, sont restés simples spectateurs en misant sur un retour à la raison de Poutine. Mais celui-ci s’en moque. Nous devons aux victimes syriennes d’avoir au moins essayé de stopper Poutine, cela au moins », plaide le tabloïd Bild. « Rappelons-nous Srebrenica », met également en garde le Spiegel, « aujourd’hui, Srebrenica s’appelle Alep et est bien plus grand. L’Europe et les Etats-Unis peuvent-ils une nouvelle fois se contenter d’être spectateurs des massacres ? L’Occident a théoriquement trois options, mais la solution militaire est quasiment exclue et les négociations ne font pas avancer la situation, le dernier cessez-le-feu a tenu sept jours. Restent de nouvelles sanctions. Personne n’a la naïveté de croire qu’elles empêcheraient Poutine de bombarder des enfants à Alep, mais elles lui nuiraient et créeraient une certaine pression. Elles sont surtout nécessaires aux Européens pour être à la hauteur de leurs idéaux et ne pas sacrifier ceux-ci sur l’autel d’exportations vers la Russie », conclut le Spiegel. « Contre Poutine, seule la force marche », renchérit la Süddeutsche Zeitung, « certes Steinmeier a raison quand il dit qu’il ne peut y avoir de paix qu’avec la Russie, mais encore faudrait-il que les dirigeants russes veuillent la paix. Poutine n’a aucun souci à se faire tant que des hommes politiques allemands, de Sigmar Gabriel à Edmund Stoiber, continueront à tenter de jouer leur partition de politique étrangère en se rendant à Moscou. Au moins, si les Européens décident de durcir les sanctions, ils montreront que la communauté internationale ne peut assister sans réagir au bombardement de quartiers entiers d’habitation. Cela ne changera rien à la détermination de Poutine, mais il faut stopper tout ce qui lui permet de mener la guerre », martèle la Süddeutsche Zeitung. « Il est juste que l’UE réfléchisse à de nouvelles sanctions contre la Russie en raison de son rôle en Syrie », abonde le Tagesspiegel, « c’est un moyen de pression diplomatique qui a son effet, comme l’ont montré celles décidées après l’annexion de la Crimée : sans mesures punitives, la Russie serait probablement entrée plus avant dans le Donbass », argumente le journal de Berlin. La tageszeitung s’oppose quant à elle à un durcissement des sanctions, estimant que l’exemple ukrainien montre que celles-ci sont « un instrument inapproprié pour peser sur la politique russe ». Non seulement des sanctions ne feront qu’accroître la confrontation Est-Ouest, mais en plus elles éloignent toute perspective de projet de résolution au conseil de sécurité de l’ONU, fait valoir le journal.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung déplore par ailleurs, dans un commentaire très alarmiste, que les Etats-Unis aient « abandonné Alep » pour concentrer leurs efforts sur la reprise de Mossoul en Irak, ne voyant plus aucune option pour débloquer le conflit en Syrie. Washington s’en remet à ses alliés, notamment la Turquie, laquelle poursuit non pas les intérêts alliés mais les siens propres dans la région, critique la FAZ.
- France
« La France donne envie » (Süddeutsche Zeitung)
Sous ce titre, le correspondant en France de la Süddeutsche Zeitung consacre un article à la présentation aujourd’hui à Paris d’une enquête menée conjointement par le cabinet de conseil EY France et la chambre franco-allemande de commerce et d’industrie. Selon le journal, cette enquête montre que les investisseurs allemands ont de la France une perception plus positive que les autres investisseurs étrangers qui auraient revu à la baisse leurs projets. Parmi les managers interrogés, le nombre d’entre eux qualifiant de mauvaise la situation économique française aurait sensiblement diminué depuis 2014 et le pourcentage de ceux qui se considèrent satisfaits de leurs affaires en France serait en augmentation.
« Les rêves brisés de Calais » (tageszeitung)
Dans son édition de samedi, le tabloïd Bild publiait un reportage mentionnant notamment le problème de la prostitution des mineurs dans le camp de migrants de Calais. La Berliner Zeitung publie aujourd’hui en première page un portrait de Natacha Bouchart, maire de Calais, et le quotidien alternatif de gauche tageszeitung s’interroge sur ce que vont devenir les migrants après le démantèlement du camp. « Pourquoi la France est-elle obligée de retenir les migrants à Calais et de s’imposer ce travail de Sisyphe ? », questionne le journal qui dans un commentaire estime que Paris pourrait tout aussi bien dénoncer l’accord qui contraint la France à contrôler sur son territoire les départs vers l’Angleterre. « Ce serait certes déloyal du point de vue britannique, mais au regard de la tragédie humaine qui se joue dans la Manche, et surtout du point de vue des réfugiés eux-mêmes, ce ne serait ni bien, ni mal », juge le quotidien./.