Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

20 octobre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Deux sujets se partagent les Unes de la presse. La rencontre en format Normandie entre les présidents français, russe et ukrainien et la chancelière allemande, fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung et de la Süddeutsche Zeitung avec des citations faites en amont de la rencontre : « pour Berlin, Moscou est un partenaire stratégique et un voisin important de l’UE » (FAZ), « Merkel accuse Poutine de brutalité en Syrie » (SZ). La décision rendue par la Cour européenne de justice, estimant injustifiée la fixation en Allemagne de prix uniformes pour la vente en pharmacie de médicaments sur ordonnance fait les gros titres de Die Welt (« le jugement de la CEJ va faire baisser les prix des médicaments en Allemagne »), du Handelsblatt (« la fin d’un privilège ») et du Tagesspiegel (« la CEJ met fin au prix unique des médicaments »).
  2. Allemagne

Enquête Allensbach sur l’électorat de l’AfD en Allemagne

D’une étude réalisée par l’institut Allensbach que publie la FAZ, il ressort que la crise des réfugiés a redonné du souffle à un parti né de l’euroscepticisme, qui s’est construit sur l’aversion envers les instances européennes et de la mondialisation et se nourrit à présent avant tout des peurs engendrées par la crise des réfugiés. Aujourd’hui crédité de 13% des intentions de vote, l’AfD a repris le rôle jadis endossé par Die Linke, réceptacle de toutes les frustrations et refuge de ceux qui rejetaient le système et ceux qui l’incarnent. La peur du déclin, le sentiment d’être un laissé pour compte sont proportionnellement plus importants dans les rangs des sympathisants de l’AfD que dans les rangs de tous les autres partis en Allemagne.
Par ailleurs, sur la base d’un article du correspondant en France de l’hebdomadaire Die Zeit, plusieurs quotidiens indiquent qu’un cadre du Front national aurait fait part de la tenue d’une rencontre entre la présidente de l’AfD, Frauke Petry, et Marine Le Pen au mois de juillet dernier près de Strasbourg. Selon cette source, le courant serait bien passé entre les deux femmes que lierait désormais une « amitié politique » et qui auraient décidé de « poursuivre et d’intensifier » leurs échanges. Selon le journal, F. Petry aurait déclaré ne pas pouvoir confirmer qu’une telle rencontre a bien eu lieu.

  1. Europe

Avant papiers sur le Conseil européen : « le sommet des tâches insolubles » (Süddeutsche Zeitung)

En lever de rideau du Conseil européen qui s’ouvre aujourd’hui à Bruxelles, les quotidiens font un tour d’horizon peu optimiste des dossiers épineux qui attendent les chefs d’Etat et de gouvernement : relations de l’UE avec la Russie, Brexit, crise migratoire, traités de libre-échange avec le Canada et les Etats-Unis. La Süddeutsche Zeitung, sous la plume de son chef du service international Stefan Kornelius, met une nouvelle fois les Etats-membres en garde contre tout traitement de faveur à l’égard du Royaume-Uni : « il ne faut pas céder au chant des sirènes, même si cela peut donner l’impression que l’UE a des velléités de vengeance contre un pays qui a vécu quarante ans aux frais de la communauté. Le fait est que le risque serait trop grand d’inoculer à l’UE le virus de l’autodestruction et de créer un précédent dont se réclameraient Budapest, Bratislava ou Lisbonne ».

Sur la question du libre-échange et des sanctions économiques, le président de la Fédération allemande de l’industrie (BDI), Ulrich Grillo, publie dans le Handelsblatt une tribune dans laquelle il plaide d’une part pour l’abolition des barrières commerciales, et d’autre part pour davantage de prise de conscience des enjeux de politique étrangère de la part des entreprises allemandes, « au-delà des seuls intérêts entrepreneuriaux ». Sans évoquer la question des sanctions contre la Russie (son propos est davantage d’appeler à la vigilance vis-à-vis de la Chine), le patron des industriels allemands souligne, comme il l’a déjà fait par le passé, qu’il « est bon que l’économie comprenne son importance sur un plan de politique étrangère. Nous devons nous montrer responsables quand il s’agit par exemple du primat de la politique dans une situation de conflit ».

Les mouvements d’opposition aux traités de libre-échange et à la mondialisation sont l’objet d’un éditorial critique de l’hebdomadaire Die Zeit. Le journal fait observer que la mondialisation a non seulement été le moteur de la prospérité de l’Allemagne mais qu’elle a également permis de faire reculer la pauvreté dans les pays du monde : « aujourd’hui, 10% seulement de la population mondiale vit dans une pauvreté extrême contre 30% avant l’an 2000 selon les chiffres de la Banque mondiale », argumente Die Zeit. Des déclarations de l’ambassadeur américain en Allemagne à la radio publique Inforadio, hier matin, selon lesquelles des progrès auraient été réalisés dans les négociations transatlantiques sur le TTIP, ne font l’objet d’aucune reprise dans les quotidiens.

  1. International

Rencontre en format Normandie à Berlin 

Sous le titre pessimiste « période glaciaire à Berlin –peu d’espoir de paix pour l’Ukraine et la Syrie », le tabloïd Bild estime toutefois que la rencontre d’hier soir a « fait bouger Poutine » sur le dossier ukrainien. Le journal en veut pour preuve les déclarations du président Porochenko sur l’adoption d’une feuille de route destinée à mettre en oeuvre les accords de Minsk et la mise en place d’une mission de police dans le Donbass dans le cadre de l’OSCE.

Le journal note aussi le climat de la rencontre (« moins glacial que prévu »), mais tempère les attentes : le président russe n’aurait aucun intérêt à lâcher du lest sur la Syrie et l’Ukraine car ces deux conflits lui garantissent une place sur le devant de la scène internationale et l’attention des Etats-Unis. Selon un diplomate allemand non identifié par le journal, le jeu de Poutine en Syrie est amené à durer, au moins jusqu’aux élections à la Maison Blanche.

Dans son édition en ligne, la Süddeutsche Zeitung relève les « termes clairs » employés en conférence de presse par la chancelière et le président de la République pour dénoncer l’action militaire russe en Syrie, signe, selon le journal, que les deux responsables ont cherché à en appeler à « l’honneur » et à la « raison » chez V. Poutine, mais juge qu’au final, il n’y a « pas eu de message encourageant, pas même un petit signe d’espoir ».  La FAZ en ligne fait le constat suivant : « la chancelière met le chef du Kremlin face à ses responsabilités ; le président Hollande lui reproche des crimes de guerre », avant de conclure que l’on assiste à des « résultats palpables » sur l’Ukraine.

Dans un éditorial, la FAZ pointe du doigt le « cynisme » du président russe qui annonce peu de temps avant de poser le pied à Berlin une extension de huit à onze heures du cessez-le-feu en Syrie. Le journal voit dans cette annonce une manœuvre purement tactique destinée à éloigner pour Moscou la perspective de sanctions. Le Tagesspiegel fait valoir que sur le dossier syrien,  le poids de l’Allemagne est limité, la chancelière pouvant tout au plus « lancer des appels » et endosser un rôle de « médiatrice ». Peut-être ne faut-il toutefois pas sous-évaluer ce rôle si l’on part du principe que même un tacticien tel que V. Poutine ne saurait avoir intérêt à passer  pour le co-auteur de crimes de masse commis contre des civils à Alep. Ainsi, la rencontre de Berlin « pourrait avoir ouvert la voie à une trêve susceptible de mener à des négociations », écrit le journal. Pour la Berliner Zeitung, qui observe qu’au moins en Ukraine le conflit est circonscrit, « ce serait un énorme succès s’il l’on pouvait geler à son tour le conflit syrien et le ramener à des dimensions ukrainiennes », mais pour cela la situation est bien trop complexe et il y a fort à parier qu’il faudra encore de nombreuses rencontres comme celle d’hier pour y changer quelque chose.

  1. France

« Cinq réacteurs nucléaires devront être temporairement arrêtés » (FAZ)

A ce stade, seul le correspondant économique de la FAZ prend note de l’injonction de l’Autorité de sûreté nucléaire à EdF de stopper provisoirement cinq réacteurs supplémentaires, en raison d’une anomalie dans la composition de l’acier d’équipements cruciaux. L’article, essentiellement factuel, n’est pas commenté./.