Sondage : un Français sur deux juge les gouvernants corrompus

Selon un sondage Harris Interactive pour l’ONG Transparency International France et Tilder, 54% des Français jugent les personnes ayant du pouvoir comme plus ou moins corrompus. Ce chiffre monte à 77% pour les parlementaires et 58% pour les journalistes.

On pourra répondre que « les affaires » ne concernent qu’une minorité de politiques. Mais la perception qu’ont les Français de leurs dirigeants est depuis des années altérée. Une défiance qu’illustre ce sondage sur « la représentation de la corruption en France », réalisé par Harris Interactive pour l’ONG Transparency International France et Tilder, cabinet de conseil pour de grandes entreprises, notamment du CAC 40.

72% des sondés estiment le Président, le premier ministre et les ministres corrompus

Les résultats de cette étude réalisée en ligne sur 1000 personnes représentatives des Français, du 23 au 25 août, sont très durs pour la classe politique et les gouvernants en général (voir le détail du sondage). 54% des personnes interrogées ont « le sentiment que les personnes exerçant des responsabilités importantes ou ayant du pouvoir sont corrompues pour une grande partie d’entre-elles ». 40% répondent qu’elles sont « corrompues pour une petite partie d’entre-elles ». Ce qui ne laisse que 6% des sondés qui estiment qu’elles ne sont pas corrompues…

Dans le détail, les réponses sont encore plus ravageuses pour les parlementaires. 77% des députés et sénateurs sont vus comme corrompus. Dans le détail, 28% les estiment « très corrompus » et 49% « plutôt corrompues ». Si cela peut les consoler, le Président, le premier ministre et les ministres sont mis dans le même sac : 72 les jugent plutôt ou très corrompus.

71% des dirigeants des grandes entreprises jugés corrompus

Les dirigeants des grandes entreprises ne sont guère mieux lotis, puisque 71% des sondés estiment qu’ils sont également corrompus. A la différence des patrons de PME, les mieux jugés par ce sondage. Seulement 22% des Français les estiment corrompus (dont 5% « très corrompus ») et 76% qu’ils ne le sont pas.

64% des personnes interrogées jugent les syndicalistes touchés par la corruption. Même chiffre pour « les experts ». Les journalistes sont aussi dans le viseur. 58% des personnes les estiment corrompus.

Comme souvent, les maires s’en sortent mieux. Ils sont vus comme corrompus à 48%. Les élus locaux sont généralement mieux considérés que les élus détenteurs d’un mandat national, bien que certains cumulent encore les deux.

« Motifs d’encouragement »

« L’état de santé est très préoccupant. Mais ça dépasse le thème de corruption. C’est la démocratie qui est malade en France. C’est l’adhésion des citoyens à nos institutions, à nos élus » estime Daniel Lebègue, président de Transparency international France, interrogé par publicsenat.fr.

Mais si « le constat est très préoccupant », il note « des motifs d’encouragement. Il n’y a pas de résignation. Quand on les interroge, les gens formulent des propositions très concrètes contre la corruption. On n’est pas du tout dans le tous pourris. Les fonctionnaires sont perçus majoritairement comme intègres. Il y a une aspiration à une plus grande participation des citoyens aux décisions publiques. Et il y a un consensus sur les remèdes. Plus de 80% des Français sont pour mettre un coup d’arrêt au cumul des mandats ».

Sur le plateau de Public Sénat, Daniel Lebègue a minimisé la première impression que peut donner ce sondage (voir la vidéo). « Les Français savent que les hommes politiques, les fonctionnaires, les magistrats, ne s’enrichissent pas en exerçant leur mandat ou leur fonction. Ils le savent très bien. Les cas où les hommes politiques se sont enrichis eux-mêmes sont très très rares en France. (…) Les Français veulent dire qu’il y a un mélange des genres, conflit d’intérêts, que ce qu’on attend de nos élus, c’est qu’ils se déterminent en fonction de l’intérêt général » et non en fonction d’« intérêts personnels ou d’intérêts particuliers, des intérêts économiques, de parti, des intérêts locaux » affirme-t-il.

Transparency propose 10 recommandations qu’il fait aux candidats à la présidentielle, sur la participation citoyenne, la lutte contre le lobbying ou le renforcement du non-cumul des mandats. L’ONG appelle les candidats à se positionner et à répondre publiquement à ses propositions.