Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

24 octobre 2016

  1. L’annonce par Sigmar Gabriel que le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier était le candidat du SPD au poste de président allemand fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Gabriel : Steinmeier est le candidat du SPD à la présidence fédérale »), du Tagesspiegel (« le SPD veut que Steinmeier soit président fédéral ») et de Die Welt qui estime que « M. Gabriel exploite les faiblesses de Mme Merkel », puisque cette dernière n’est pas en mesure de présenter pour l’instant un contre-candidat conservateur.  La Süddeutsche Zeitung, journal à l’origine des révélations des Panama Papers, consacre sa Une à la visite du président panaméen à Berlin, qui déclare au journal de Munich que « le cabinet d’avocats du scandale [Mossack Fonseca] est fini ». Le quotidien des affaires Handelsblatt révèle qu’une évaluation interne du ministère fédéral des finances s’alarme de la baisse structurelle des rentrées fiscales liée au vieillissement démographique allemand, avec des baisses de 2% à 8% selon les impositions dès 2030 et de 21% à 25% en 2060 (« la grande érosion fiscale »).
  2. Allemagne

« Gabriel : Steinmeier est le candidat du SPD pour la présidence fédérale » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Parce que la CDU, la CSU et le SPD sont incapables de s’accorder sur un successeur à Joachim Gauck, Sigmar Gabriel est passé à l’offensive en proposant l’actuel ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, comme le candidat du SPD, indique le tabloïd Bild qui publie des déclarations du président du SPD en ce sens. « L’initiative de S. Gabriel met la CDU/CSU sous pression, en incitant la chancelière à proposer un candidat qui soit également acceptable pour les sociaux-démocrates, ou, ce qui est plus vraisemblable, en faisant le choix d’un rival à F. W. Steinmeier », juge Bild pour qui, après le refus du président du Bundestag, Norbert Lammert, il ne reste plus dans les rangs conservateurs que Wolfgang Schäuble, lequel avait déjà été pressenti en 2010 avant que la chancelière ne porte finalement son choix sur Christian Wulff.

Dans son commentaire du jour, le tabloïd Bild accueille favorablement l’idée d’un duel Steinmeier/Schäuble, au motif que ces deux responsables politiques sont « les meilleurs que compte actuellement l’Allemagne ».

Si F. W. Steinmeier peut, selon une enquête Emnid, se prévaloir du soutien de 41% des Allemands, à supposer qu’il n’obtienne pas l’appui de la CDU/CSU, il lui faudrait totaliser les voix du SPD, des Verts et de Die Linke lors de l’élection du 12 février, indique le Tagessspiegel avant de faire état des réserves émises par Die Linke pour qui F. W. Steinmeier reste perçu dans ses rangs avant tout comme l’architecte des réformes sociales impopulaires de l’Agenda 2010 de Gerhard Schröder.

Elections à la chancellerie fédérale : « la CSU soutient une candidature de Merkel » (Süddeutsche Zeitung, Berliner Zeitung)

Sous ce titre, la Süddeutsche Zeitung et la Berliner Zeitung se font l’écho de l’entretien accordé par le vice-président de la CSU, Manfred Weber, à l’hebdomadaire Der Spiegel : « Angela Merkel est notre candidate ; il ne saurait y avoir de doute là-dessus ». « Je souhaiterais que ceci soit confirmé, à la fois par elle et par nous », ajoute-t-il. « Les signes laissant entrevoir une nouvelle candidature de Mme Merkel en 2017 se multiplient », indique le quotidien de Munich qui en veut également pour preuve des propos du secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, aux journaux du groupe Funke : « c’est le souhait de beaucoup que la chancelière se représente et je pars du principe qu’elle en tiendra compte dans ses réflexions ». Toujours selon la Süddeutsche Zeitung, le chef de la CSU, Host Seehofer, serait lui aussi convaincu du bien-fondé du soutien de son parti à une quatrième candidature de la chancelière. Le quotidien note toutefois que lors d’un discours prononcé à l’occasion d’un congrès régional de son parti dans le Mecklembourg, samedi, Mme Merkel s’est abstenue d’aborder le sujet, n’indiquant pas davantage si elle souhaite être réélue à la présidence fédérale de la CDU, une situation que déplore dans un commentaire la FAZ qui juge dangereuse cette hésitation prolongée.

  1. Europe

Ceta / la Belgique sous pression de l’UE

La presse se fait l’écho des intenses tractations diplomatiques pour convaincre avant ce soir le parlement régional de Wallonie de revenir sur son refus d’entériner l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, tout en se montrant fort pessimiste sur l’issue de l’ultimatum posé par l’UE à la Belgique. Une polémique a déjà éclaté entre le commissaire européen Günther Oettinger (CDU) et le ministre allemand de l’Economie Sigmar Gabriel (SPD) sur les responsabilités de la « débâcle » (Handelsblatt) qui se profile pour l’Union européenne, rapporte l’ensemble des journaux. G. Oettinger reproche au chef du SPD, dans des déclarations faites au Handelsblatt, d’avoir mené la fronde des Etats membres contre la Commission, réclamant une légitimation du Ceta par les parlements nationaux alors que la politique commerciale européenne est de la compétence de l’UE, et d’avoir renforcé l’impression de compétence nationale en rencontrant la ministre canadienne du commerce lors d’un déplacement à Ottawa. S. Gabriel rétorque, toujours dans le Handelsblatt, en soulignant que l’indifférence de Bruxelles aux inquiétudes des citoyens est la source de ce probable échec et que « le Canada, l’Allemagne et la France ont davantage cherché le contact avec le gouvernement de Wallonie que les responsables à Bruxelles ».

La perspective d’un échec du Ceta est abondamment commentée. La Frankfurter Allgemeine Zeitung s’indigne comme la semaine passée de ce qu’un seul parlement régional puisse faire obstacle au « progrès économique de toute l’Union » et déplore un préjudice d’image « irréparable » de l’UE comme partenaire commercial : « comment ne pas comprendre les Britanniques de vouloir reprendre la main sur la politique commerciale ? ». La Süddeutsche Zeitung, la Berliner Zeitung et le Handelsblatt craignent également le « coup porté à la crédibilité de l’UE, ridiculisée » et jugent que « Günther Oettinger a raison » de rappeler que ce sont les Etats membres qui ont fait pression pour s’arroger un droit de codécision dans un domaine relevant de la compétence de l’UE. Pour la SZ et la Berliner Zeitung toutefois, ce n’est pas tant le ministre de l’Economie allemand qui est responsable de cet échec prévisible que plus généralement une évolution de l’opinion publique, désormais majoritairement critique vis-à-vis du libre-échange. Le conservateur Die Welt et le quotidien alternatif tageszeitung observent, quant à eux, que les Wallons font usage d’un droit réclamé à grands cris il y a quelques mois et qu’il convient de respecter cette expression de la démocratie. « Quand ce sont les grands pays qui font attendre les petits, comme avec la Grèce, tout le monde trouve cela normal, mais si c’est l’inverse, on parle tout de suite de chantage », pointe la tageszeitung en appelant à respecter les objections des Wallons, lesquels traduisent les réserves de millions de citoyens européens.

Conseil européen / « Les craintes de Steinmeier pour l’Europe » (Süddeutsche Zeitung)

« Le ministre allemand des affaires étrangères a mis en garde contre une disparition de l’Union européenne », indique la Süddeutsche Zeitung qui reprend des propos de M. Steinmeier selon qui la crise financière, l’afflux de réfugiés et le choc causé par le référendum britannique en faveur du Brexit ont « précipité l’Union européenne dans de fortes turbulences ». « Même des pro-européens inébranlables s’aperçoivent qu’il va nous falloir être plus convaincants, notamment en dehors de la tour d’ivoire que constituent les professionnels de l’amitié européenne », aurait-il indiqué avant d’annoncer que l’Auswärtiges Amt va organiser entre octobre et mars de l’an prochain une série de discussions « hors les murs » avec les citoyens sur l’avenir de l’Europe qui comprendra 30 étapes en Allemagne. Selon le ministère allemand, d’autres partenaires européens vont faire de même dans leurs pays.

  1. France

« Des échauffourées avant le démantèlement de Calais » (FAZ)

Reprenant des informations de BFMTV, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung, le Tagesspiegel et la tageszeitung signalent les heurts entre migrants et forces de l’ordre dans la nuit de samedi à dimanche et détaillent la logistique mise en place pour l’évacuation des quelque 6 500 migrants que compte le camp. Très suivi en Allemagne, le sujet faisait également l’ouverture des journaux télévisés d’hier soir et des radios ce matin.

Interview croisée de Laurent Fabius et Andreas Voßkuhle dans la Süddeutsche Zeitung

La Süddeutsche Zeitung publie aujourd’hui l’entretien croisé accordé à ce journal et au Monde par les présidents du Conseil constitutionnel et de la Cour constitutionnelle fédérale allemande à l’occasion d’un séminaire de travail commun des deux institutions qui s’est tenu à Karlsruhe du 17 au 19 octobre derniers. L’interview est parue dans Le Monde daté de samedi 22 octobre./.