Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

8 novembre 2016

  1. L’élection présidentielle américaine fait les gros titres de la presse : « Hillary Clinton doit s’inquiéter pour sa victoire » (Süddeutsche Zeitung), « les sondeurs américains mettent en garde contre des surprises » (Der Tagesspiegel) ; «  les marchés espèrent une victoire de Mme Clinton » (Handelsblatt) ; « le métier le plus solitaire au monde » (Die Welt). La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre sa Une aux critiques du ministre luxembourgeois des Affaires étrangères à l’encontre d’Ankara : « Asselborn : la Turquie a recours à des méthodes utilisées pendant la dictature nazie ». Le tabloïd Bild relaie l’indignation suscitée en Allemagne par la présence sur le plateau de l’un des plus grands talk-shows politiques du pays d’une femme portant le niqab et faisant l’apologie des jeunes partant en Syrie (« le scandale de la femme à la burqa »).
  2. Allemagne

Propositions du SPD en matière d’immigration

Plusieurs quotidiens commentent le projet présenté hier par le président du groupe parlementaire SPD Thomas Oppermann. Inspiré du modèle canadien, ce projet vise à introduire un système de points permettant d’évaluer le niveau de qualification, les compétences linguistiques ou encore la capacité d’intégration d’un candidat non ressortissant de l’Union européenne qui, s’il parvient à réunir un nombre de points suffisant, se verrait accorder un permis de séjour d’une durée limitée à trois ans. Toujours selon ce projet qui préconise de démarrer avec 25 000 personnes, le Bundestag serait amené à fixer chaque année le contingent.

Si la presse conservatrice, à l’instar de la FAZ, se montre généralement sceptique sur la pertinence d’importer le modèle canadien, la Berliner Zeitung accueille favorablement l’approche du SPD qui permettrait, selon elle, de clarifier une fois pour toutes que l’Allemagne, pays vieillissant et en manque de personnel qualifié, a besoin d’une immigration répondant à ses impératifs économiques – sans préjudice des questions relatives à l’asile. La tageszeitung voit dans la proposition du SPD avant tout un coup tactique destiné à provoquer la CDU. Selon le quotidien, les sociaux-démocrates prennent en effet de vitesse les conservateurs, qui auraient préféré repousser le débat sur l’immigration à 2017 pour en faire, au même titre que le mariage pour tous par exemple, un sujet de rapprochement avec les Verts en vue d’un éventuel programme de gouvernement commun. Par cette manœuvre, le SPD « torpille le projet de coalition CDU/Verts », juge la taz.

  1. Europe

« Bruxelles porte plainte contre l’Allemagne pour excédent de nitrate » (Tagesspiegel)

Les journaux signalent que la commission européenne a mis en œuvre ses mises en garde d’avril en déposant plainte le 27 octobre auprès de la Cour de justice de l’Union européenne contre l’Allemagne au motif d’une trop importante pollution des eaux par les nitrates.

La Süddeutsche Zeitung saisit cette occasion pour critiquer le ministre de l’agriculture, Christian Schmidt (CSU), qu’elle juge responsable du fait que l’Allemagne a omis de réviser sa législation nationale pour la rendre conforme aux exigences européennes. Par-delà, le quotidien estime pour le déplorer que la non prise en compte des critères environnementaux est devenue la « marque de fabrique » de la grande coalition qui continue de cultiver un « modèle dépassé » en protégeant sa filière automobile, malgré le scandale Volkswagen, ou encore en promouvant le charbon en dépit des effets sur l’environnement.

BCE / Supervision bancaire européenne

Alors que les difficultés de la Deutsche Bank ont fait naître le soupçon que les superviseurs bancaires européens n’ont pas été aussi sévères avec la banque allemande qu’ils auraient dû l’être, une enquête auprès des services de la BCE dédiés à la surveillance des banques européennes fait apparaître un manque de personnel propre, qui laisse trop de marges aux contrôleurs nationaux et à l’influence des gouvernements préoccupés de sauver leurs banques systémiques, écrit la Süddeutsche Zeitung.

  1. Europe / International

« Des responsables européens discutent de sanctions contre la Turquie » (Handelsblatt)

Les dirigeants européens sont partagés sur la réponse politique à apporter aux dérives autocratiques du président turc, constate la presse. Les journaux se font l’écho de déclarations du ministre luxembourgeois des affaires étrangères, Jean Asselborn, hier à la radio publique Deutschlandfunk, estimant que les méthodes employées en Turquie contre les fonctionnaires limogés rappelaient celles dont le régime nazi faisait usage, et évoquant le recours à des sanctions économiques qui seraient « un véritable moyen de pression compte tenu du fait que la Turquie réalise 50% de ses exportations avec l’UE et que 60% des investissements étrangers en Turquie viennent de l’UE ». Une éventualité aussitôt rejetée par le porte-parole du gouvernement fédéral Steffen Seibert, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung, et par le président de la commission des affaires étrangères au parlement européen, Elmar Brok (CDU), note le Handelsblatt.

La question d’une suspension des négociations d’adhésion de la Turquie avec l’UE est également au cœur des discussions, rapportent les quotidiens. Alors que le président du groupe SPD au Bundestag, Thomas Oppermann, y est favorable, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Michael Roth (SPD), dans un entretien à Die Welt défend la poursuite des négociations : « il est facile de mettre fin à des pourparlers, alors que poursuivre le dialogue avec Ankara par les temps qui courent est incomparablement plus difficile. L’Allemagne, avec ses trois millions de citoyens aux racines turques, a tout particulièrement intérêt à poursuivre des négociations dont l’arrêt pénaliserait la grande partie de la population turque qui est pro-européenne », déclare-t-il. Seule l’instauration de la peine de mort signifierait la suspension des négociations d’adhésion, souligne M. Roth. La presse rapporte que le ministre turc des affaires européennes s’est prononcé hier à Bruxelles en faveur de la poursuite des négociations d’adhésion, estimant que les accusations d’entraves à la liberté de la presse « relevaient des chapitres 23 et 24 du processus d’adhésion » et qu’il convenait d’ouvrir ces chapitres. Dans ce contexte, le président fédéral Joachim Gauck a reçu hier devant la presse l’ancien rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet Can Dündar pour lui exprimer « le soutien et l’inquiétude » de l’Allemagne, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le Tagesspiegel juge à ce propos qu’il est plus que temps que le gouvernement fédéral et le Bundestag condamnent avec sévérité et en des termes clairs les dernières évolutions en Turquie./.