Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
18 novembre 2016
- Le séjour d’adieu de Barack Obama à Berlin et les entretiens du président américain avec la chancelière font les gros titres de la presse allemande ce matin, abondante couverture photographique à l’appui : « M. Obama fait un éloge appuyé de Mme Merkel » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « pour Obama, Merkel est une partenaire exceptionnelle » (Süddeutsche Zeitung). Die Welt estime pour sa part que « les juges allemands neutralisent les pratiques plus restrictives en matière d’asile » voulues par le gouvernement. Der Tagesspiegel comme le reste de la presse berlinoise titre sur la mise en place d’une coalition SPD-Die Linke-Verts dans la ville-Etat de Berlin (« Berlin doit devenir un ‘creuset à idées’ »). Le quotidien des affaires Handelsblatt révèle : « Volkswagen supprime des emplois et des investissements », information confirmée par l’entreprise en début de matinée.
- Allemagne
Selon la FAZ, Martin Schulz viserait l’investiture du SPD pour la chancellerie fédérale
De source sociale-démocrate au sein du gouvernement fédéral, la Frankfurter Allgemeine Zeitung affirme que le chef du SPD et ministre de l’Economie, Sigmar Gabriel, aurait proposé au président du parlement européen, Martin Schulz, le portefeuille des Affaires étrangères pour succéder à Frank-Walter Steinmeier qui devrait être élu président fédéral début 2017. M. Schulz aurait toutefois l’ambition d’être candidat tête de liste du SPD aux législatives de septembre 2017 et exigerait une telle investiture pour accepter le poste de chef de la diplomatie, écrit la FAZ. Des affirmations aussitôt qualifiées de « totalement absurdes » par les porte-paroles des intéressés, souligne le tabloïd Bild pour qui ces rumeurs visent surtout à accentuer la pression sur Sigmar Gabriel pour qu’il se déclare candidat.
- Europe / France
« Valls craint un glissement vers l’extrême-droite : l’Europe peut mourir » (Süddeutsche Zeitung)
La Süddeutsche Zeitung rend compte en détail de l’intervention du Premier ministre au « sommet économique » annuel du quotidien. Le journal met en avant la « mise en garde du Premier ministre français face au risque de voir se briser le grand projet de paix qu’est l’Europe » dans un contexte de montée de l’extrême-droite, alimentée par les crises terroriste, migratoire et économique. La Süddeutsche Zeitung relève également « son appel à un débat honnête sur les conséquences de la mondialisation », qui, « n’est pas suffisamment au service des peuples ». En soulignant le ton grave du chef du gouvernement, le journal écrit que M. Valls a insisté sur le développement des égoïsmes en Europe et jugé « possible » une victoire de Marine Le Pen, après la victoire de Donald Trump, une situation qui aurait des conséquences pour la France et pour l’Europe entière.
L’expression « l’Europe peut mourir » est largement reprise, via des brèves dans des journaux et sur les éditions en ligne des sites d’information, qui soulignent que le Premier ministre a estimé que l’Europe manquait de projets et que la France et l’Allemagne avaient une énorme responsabilité en la matière, rappelant à cette occasion l’effort de réformes conduit en France et les attentes françaises pour davantage d’investissements allemands pour la croissance, la réduction du coût du travail et des dettes ne pouvant suffire. Le Premier ministre a encore estimé que le « temps de l’innocence » était terminé pour l’Europe, qu’elle devait protéger ses frontières extérieures, définir quels migrants pouvaient rester sur son territoire, défendre une nouvelle vision du libre-échange et développer sa politique extérieure et de sécurité, notamment par les dépenses de défense, relève l’agence DPA.
Le Handelsblatt, dans son éditorial sur le repli américain des affaires du monde intitulé la « doctrine Obama-Trump », indique que le Premier ministre (« un chef de gouvernement européen ») juge que « l’Europe est au pied du mur » aujourd’hui, en particulier après l’élection de Trump, et qu’il faut avancer en matière de politique extérieure et de sécurité.
La Süddeutsche Zeitung note enfin que le président du parlement européen, Martin Schulz, qui s’est exprimé après le Premier ministre, a appuyé son propos mettant en garde contre de possibles succès électoraux de l’extrême-droite qui mettraient en danger la société libérale et l’unité européenne.
- Europe
Interview du chancelier autrichien dans le Handelsblatt
Le Handelsblatt publie un entretien avec Christian Kern – invité d’honneur d’un dîner de gala du quotidien des affaires – dans lequel celui-ci se montre très pessimiste sur l’état actuel de l’Europe et la montée du populisme et de l’extrême-droite. « Si nous ne réussissons pas très rapidement à surmonter les dissonances en matière de politique économique et de politique migratoire, l’Union européenne va dériver vers l’abîme. Ce sont les démagogues qui feront alors le job », met en garde le chancelier autrichien en déplorant « l’immense hétérogénéité » des positions de politique étrangère des 28 dirigeants de l’UE. S’agissant de la Turquie, Christian Kern se prononce « clairement » pour un « arrêt immédiat » des négociations d’adhésion. Estimant que les Européens « ne vont pas au bout de leurs possibilités » vis-à-vis de la Turquie en raison de leur souci de voir l’accord migratoire UE-Turquie dénoncé par Ankara, il espère que le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’UE redonnera une certaine marge de manœuvre politique aux Européens : « si nous ne pouvons pas poursuivre cet accord, tous les pays de l’UE auront un problème. Mais il y a tout de même un point au-delà duquel on ne peut plus rester les yeux fermés ». « C’est devenu un vrai problème de crédibilité pour l’UE. Si nos démocraties pérennes ne luttent pas en Europe pour leurs principes, les citoyens ne le comprendront pas et ce sont les démagogues de droite qui en tireront un capital politique », insiste le chancelier autrichien.
- International
« La visite d’adieu d’un ami » (Bild)
La couverture médiatique de la dernière visite à Berlin du président Obama verse dans la nostalgie et le lyrisme, la presse se montrant ouvertement flattée du charme déployé par le chef d’Etat américain envers son hôte allemande et des éloges appuyés rendus à la chancelière fédérale : une « merveilleuse amie », une dirigeante « incarnant une grande crédibilité », « prête à lutter pour ses valeurs » : « je n’aurais pu souhaiter meilleure et plus solide alliée », a-t-il déclaré en conférence de presse avant d’ajouter qu’il serait prêt à voter pour Angela Merkel s’il le pouvait. Cette avalanche de compliments n’a pas empêché la chancelière de rappeler les « heures plus difficiles » de l’affaire des écoutes de la NSA, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, toute la presse rappelant que l’étroite entente dont font preuve les deux dirigeants à l’issue des deux mandats Obama n’était pas acquise d’avance, Angela Merkel ayant refusé en 2008 d’offrir au candidat Obama le décor prestigieux de la Porte de Brandebourg pour un meeting électoral ayant enflammé la foule.
Sur le plan politique, Barack Obama est venu « rendre un dernier service d’ami » (Handelsblatt) aux Européens en essayant de désamorcer leurs inquiétudes après l’élection de Donald Trump à la Maison blanche, considère la presse en évoquant la rencontre aujourd’hui à Berlin entre le président américain, la chancelière fédérale, le président français et les chefs de gouvernement italien, espagnol et britannique. « Obama est d’une certaine façon en mission de transition pour le compte du prochain président, il est venu expliquer et interpréter le futur président Trump, car se lamenter n’est pas une stratégie », commente le Tagesspiegel. « Quelle ironie de voir le premier président noir des Etats-Unis se faire l’ambassadeur de Donald Trump en Europe et de tout faire pour dissiper leur angoisse de le savoir aux commandes des Etats-Unis », renchérit le Handelsblatt.
Barack Obama et Angela Merkel ont par ailleurs évoqué les négociations sur le traité transatlantique de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis en des termes qui font craindre à la FAZ de voir ce projet enterré. La chancelière tout particulièrement, qui s’est toujours déclarée confiante quant à la conclusion du TTIP, a jugé que les négociations avaient « bien avancé » mais toutefois reconnu qu’elles ne pourraient être menées à bien, notent les quotidiens./.