Synthèse de la presse quotidienne
22 novembre 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur la primaire des Républicains en France, notant « la droite française se rassemble derrière Fillon ». La Süddeutsche Zeitung estime que « le SPD se donne du temps » pour désigner son candidat à la chancellerie fédérale alors que Mme Merkel a annoncé dimanche qu’elle briguerait un quatrième mandat. Die Welt consacre sa Une au projet britannique de baisse considérable de l’impôt sur les sociétés « la compétition pour les baisses d’impôt commence – Schäuble effrayé ». Der Tagesspiegel publie les résultats d’une étude de la fondation Friedrich-Ebert qui montre qu’« une majorité d’Allemands veulent un plafond d’accueil des réfugiés », prôné par la CSU.
- Allemagne
Après l’annonce par Mme Merkel de sa candidature, « le SPD se donne du temps » (Süddeutsche Zeitung) et « repousse à fin janvier sa décision sur le candidat tête de liste » (Die Welt)
La presse se fait l’écho des propos tenus par la secrétaire générale du SPD. Au sortir d’une réunion des instances dirigeantes du parti hier, Katarina Barley a indiqué que le SPD s’en tient à son calendrier et que le nom du candidat tête de liste aux élections de 2017 sera annoncé comme prévu fin janvier, à l’occasion du traditionnel séminaire à huis-clos de début d’année. K. Barley a également indiqué que la question de la succession de Frank-Walter Steinmeier, candidat à l’élection à la présidence fédérale, sera également tranchée à cette occasion. Selon Die Welt, une possible candidature de Martin Schulz comme tête de liste du SPD ne serait déjà plus d’actualité. Même si le président du parlement européen compte de nombreux soutiens dans les rangs du SPD, Martin Schulz concentrerait ses efforts sur son prolongement dans ses fonctions actuelles et aurait trouvé en la personne de Jean-Claude Juncker un allié de premier plan. « Angela Merkel pourrait donc indirectement influencer le choix de celui qui sera l’an prochain son adversaire au SPD », constate de son côté la Süddeutsche Zeitung : « Martin Schulz souhaite rester président du parlement européen, mais il a besoin pour cela du soutien des parlementaires conservateurs européens. Si Mme Merkel préfère avoir pour adversaire S. Gabriel, elle pourrait donc être amenée à influencer le PPE en ce sens ».
Etude de la Friedrich-Ebert-Stiftung : « le populisme de droite augmente » (Berliner Zeitung)
Plusieurs quotidiens font état de l’étude menée conjointement depuis 2002 par la fondation Friedrich Ebert (proche du SPD) et l’université de Bielefeld dont les résultats ont été présentés hier. Il ressort de cette étude que les idées d’extrême droite progressent au sein de la population où elles sont désormais partagées par plus d’un quart des Allemands. Ceci étant, l’extrémisme de droite prend aujourd’hui une forme « plus moderne et plus présentable », se traduisant notamment par le dénigrement des élites politiques, l’affirmation que l’Etat et les médias dicteraient une pensée unique ou encore l’idée, partagée par 40% des personnes interrogées, que l’islam cherche à saper les fondements de la société. Une personne sur cinq serait hostile à l’islam. Si le rejet de l’islam et la xénophobie sont plus répandus dans les nouveaux Länder (28,8%) qu’à l’Ouest (18,6%), l’attitude positive envers l’accueil des réfugiés (56% des sondés y sont favorables) est la bonne surprise de cette étude relevée par la Berliner Zeitung. Le Tagesspiegel met de son côté en exergue que 52,9% des Allemands se déclarent favorables à un plafond en matière d’accueil des réfugiés, tel que réclamé par la CSU, et que les trois-quarts des sondés se prononcent en faveur d’un traitement restrictif des demandes d’asile.
- Europe
« Schäuble met en garde les Britanniques contre le dumping fiscal » (FAZ, Süddeutsche Zeitung)
Toute la presse fait état de la réaction « indignée » et « consternée » du ministre des Finances allemand à l’annonce par la Première ministre britannique Theresa May de sa volonté de faire du Royaume-Uni le pays avec le taux d’imposition sur les sociétés le plus bas. « Le Royaume-Uni est encore membre de l’UE et doit à cet égard en respecter la législation », a-t-il souligné. « Theresa May déclare la guerre fiscale au reste du monde », considère la Süddeutsche Zeitung pour qui Londres « entraînerait les autres Etats membres au bord du gouffre avec une concurrence fiscale ruineuse ». Die Welt juge disproportionnée la réaction de Wolfgang Schäuble compte tenu des rentrées fiscales et sociales enregistrées en Allemagne, « qui montrent qu’il n’y a visiblement pas trop de concurrence fiscale mais plutôt trop peu ».
- France
Primaire de la droite : « une chance pour le libéralisme en France » (FAZ)
La couverture de presse est proportionnelle à la surprise créée par l’issue du premier tour de la primaire de la droite, les correspondants soulignant, à l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, que « l’homme de l’ombre entre dans la lumière ». Les journaux tracent de nombreux portraits du « radical Monsieur Fillon » (Die Welt), du « sous-estimé Monsieur Fillon » (Tagesspiegel) « éternel perdant enfin sur la voie de la victoire » (Berliner Zeitung). Le second tour verra s’affronter « deux dirigeants de province », écrit le Handelsblatt qui y lit une méfiance des Français envers le microcosme politique parisien. La « victoire de Mister Nobody » (Süddeutsche Zeitung) constitue pour les médias allemands un « signal rassurant alors qu’on annonçait comme inéluctable un basculement des Français vers le populisme », (Berliner Zeitung) ; « c’est un signal encourageant qu’en ces temps où tous prédisent une poussée inexorable du populisme, une personnalité réfléchie et tranquille ait des chances réalistes d’être candidat de la droite aux présidentielles », renchérit Die Welt. « On a peut-être considéré trop vite que la France était le prochain domino que les populistes allaient faire tomber », abonde le Handelsblatt.
La « retraite anticipée pour Sarkozy » (tageszeitung) ne peine guère la presse, qui voyait d’un œil sceptique sa tentative de retour à l’Elysée, n’appréciant pas la « campagne erratique et cynique » (Die Welt) de l’ancien président. Pour la Süddeutsche Zeitung, son échec est le signe que « les Français en ont marre des présidents usés ».
La Frankfurter Allgemeine Zeitung se réjouit tout particulièrement que la droite française ait largement favorisé un candidat chantre du libéralisme économique, et même les quotidiens de centre-gauche semblent plutôt soulagés du plébiscite populaire pour un candidat dont ils soulignent les positions ultra-conservatrices, du moment qu’elles sont le fait d’un programme de réformes sérieux pouvant donner lieu à un débat de fond et non d’une personnalité irrationnelle. La proximité avec le président russe attribuée à François Fillon est peu évoquée, sauf par Die Welt qui estime qu’« un président Fillon serait un partenaire à peu près prévisible » pour Berlin « pour autant toutefois qu’il révise son jugement partial sur la politique ukrainienne du Kremlin ». Le Tagesspiegel juge pour sa part que « tous les candidats à la présidentielles parlent en mauvais termes de l’Allemagne » et que F. Fillon « est le plus dur d’entre eux »./.