Les VTC, comme Uber, soutiennent l’activité

Le secteur pourrait employer 80.000 personnes en 2020 en France et peser 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Voici une étude qui apporte des éléments de réflexion dans la bataille qui oppose les taxis et les VTC. Réalisée en collaboration avec Uber par le Boston Consulting Group (BCG), un cabinet de conseil en stratégie, elle montre que l’apparition des nouveaux acteurs, utilisant les plateformes numériques, a été positive pour l’emploi.

«De 2013 à 2016, 22 000 postes de chauffeurs professionnels ont été créés dans l’Hexagone, dont 20.000 en Île-de-France. Dans cette région, 25 % des créations d’emploi sur les six premiers mois de 2016 viennent de la filière VTC», souligne Joël Hazan, directeur associé au BCG et coauteur de l’étude.

L’effet est d’autant plus bénéfique que ces chauffeurs étaient dans près de la moitié des cas au chômage avant de se lancer. Des jeunes venant de quartier difficile ont pu pénétrer le marché du travail, même si cela passe souvent par un statut d’autoentrepreneur. La rémunération moyenne des chauffeurs est certes peu élevée (de 1400 à 1600 euros net par mois quand le smic net est un peu inférieur à 1150 euros), elle est correcte pour des postes n’exigeant pas de qualifications. Par comparaison, dans les services à la personne, le salaire moyen tourne autour de 1300 euros.

Indemniser les taxis

«Surtout, 25 % à 30 % des trajets effectués en VTC n’auraient pas eu lieu sans cette offre», ajoute Sylvain Duranton, directeur associé au BCG et coauteur de l’étude. Dit autrement, les VTC ont comblé une demande qui n’était pas, ou peu, satisfaite: trajets de nuit, en grande banlieue, trajets ponctuels de touristes ou d’habitants sans voiture. Le rapport Attali de 2008 pointait d’ailleurs déjà ce potentiel inexploité. Malgré cette nouvelle concurrence, l’activité des taxis n’a baissé que de 5,3 % par an en Île-de-France depuis 2013, selon le BCG. Globalement, le marché du transport de personnes en Île-de-France, taxis et VTC compris, progresse de 10 % par an, contre 4 % avant 2013. Une croissance qui n’est pas finie. «En se basant sur ce qui s’est produit à Londres et New York, nous estimons que 80.000 personnes travailleront dans le secteur des transports de personnes en 2020, dont 25 % dans les métropoles régionales», explique Sylvain Duranton. Quant au chiffre d’affaires du secteur, il pourrait atteindre 4 milliards d’euros, contre 800 millions aujourd’hui.

Néanmoins, pour que ce scénario se mette en place, il faudra que les passages d’examens pour devenir VTC soient plus rapides, avertit le BCG. Un sujet sensible: la proposition de loi Grandguillaume, dont la commission mixte paritaire aura lieu à la fin du mois, comporte des mesures anti-abus, visant à faire respecter l’examen et à dissuader l’utilisation du statut de transporteur capacitaire (Loti), plus facile à obtenir et utilisé par 65 % des chauffeurs. Le BCG estime toutefois qu’il faudra également améliorer la protection sociale des travailleurs indépendants et indemniser les chauffeurs de taxi pour la perte de valeur de la licence consécutive à l’explosion des VTC (- 35 % depuis 2013, leur prix restant supérieur de 35 % à celui de 2000). Un projet est en cours de discussion.

Le Figaro 23/11/2016