Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

24 novembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung retient de l’intervention de la chancelière lors du débat budgétaire au Bundestag que « Mme Merkel demande l’ouverture au monde plutôt que le repli sur soi ». La Süddeutsche Zeitung titre « le Brexit coûte des dizaines de milliards aux Britanniques ». Die Welt confie son édition du jour à l’artiste Isa Genzken « Die Welt [le monde] selon Isa Genzken ». Der Tagesspiegel indique que « le [gouvernement de la ville-Etat] de Berlin veut mettre un coup d’arrêt aux violences scolaires ». Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une à la grève des pilotes de la Lufthansa qui doit être reconduite pour une troisième journée vendredi (« l’épreuve de force pour M. Spohr », président de la compagnie).
  2. Allemagne

« Merkel contredit les idées de Trump » (Süddeutsche Zeitung)

Le premier discours de la chancelière fédérale après son annonce de briguer un quatrième mandat, prononcé hier dans le cadre du débat budgétaire au Bundestag, n’enflamme pas la presse qui espérait davantage que la prestation d’une Angela Merkel « impassible, austère et terre-à-terre » (Frankfurter Allgemeine Zeitung). Les journaux rapportent qu’elle a plaidé contre la tentation du repli sur soi dans un monde globalisé et appelé à l’ouverture, « qui apportera davantage de sécurité » ; « sans qu’elle ne prononce son nom, Donald Trump a dominé son discours », remarque le Handelsblatt. Seule la FAZ voit dans ce discours une « vision pour son prochain mandat », celle d’une société qui va devoir se confronter coûte que coûte à la mondialisation et à la numérisation de l’économie. « Un choix de thème électoral judicieux a priori, mais Angela Merkel a évité comme d’habitude toute déclaration concrète et a raté l’occasion de dire ce qu’elle entend changer au cours des quatre prochaines années », déplore le quotidien alternatif tageszeitung (taz), en phase à ce sujet avec le reste de la presse. Angela Mekel « est restée fidèle à elle-même, mais si elle veut être réélue, elle va devoir se réinventer », considère également l’hebdomadaire Die Zeit.

La Süddeutsche Zeitung et le Tagesspiegel remarquent par ailleurs que lors de ce débat, le SPD n’a pas semblé se démarquer notablement de son partenaire de coalition conservateur, restant en retrait par rapport à la gauche radicale de Die Linke. « Dans le débat budgétaire, la grande coalition a trouvé son bilan plutôt bien dans l’ensemble », résume la Süddeutsche Zeitung.

  1. Europe

« Erdogan défie l’Europe » (taz)

Avant le vote du Parlement européen pour un gel des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE et tandis que le président turc avait déclaré que le vote des parlementaires européens « n’avait aucune valeur, quel que soit son résultat », la Frankfurter Allgemeine Zeitung considérait ce matin que Recep Tayyip Erdogan avait engagé une « guerre des nerfs » avec l’Europe pour savoir qui porterait la responsabilité de la suspension, voire de l’arrêt de ces négociations. « Ankara fait tout pour que l’UE fasse le premier pas, ce qui lui permettrait dès lors de la désigner coupable de l’éloignement de la Turquie de l’Europe », craignait la FAZ.

Le ministère des Finances dément une rencontre ministérielle sur la Grèce à Berlin

La Süddeutsche Zeitung s’agace de ce que le ministère fédéral des Finances ait démenti la tenue demain à Berlin d’une réunion des créanciers de la Grèce pour clarifier la question d’une participation du FMI au troisième plan d’aide, au motif que l’article d’hier parlait d’une « réunion de crise alors qu’il n’y a pas de crise ». Pourtant, persiste le quotidien qui avait annoncé cette réunion, « certains des participants invités avaient bien confirmé leur venue » et la question de la participation du FMI est « éminemment politique pour le gouvernement fédéral ». Le tabloïd Bild indique que le ministre bavarois des Finances Markus Söder (CSU) estime que si le FMI ne devait pas participer au troisième plan d’aide, les conditions du feu vert du Bundestag ne seraient plus réunies et qu’un nouveau vote devrait intervenir. Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung estime que la Grèce est trop importante pour la stabilité de l’UE, notamment sur le plan géopolitique, pour l’abandonner à sa détresse financière malgré six ans d’aides européennes et internationales. « Il n’y aura pas de restructuration de sa dette pour éviter de créer un précédent, mais l’UE va continuer à cofinancer la Grèce, comme nous le faisons en Allemagne avec le petit Land de Sarre ».

  1. France

Situation « très préoccupante » du parc nucléaire français

L’interview au Figaro du président de l’Autorité de sûreté nucléaire, Pierre-Franck Chevet, alertant sur les problèmes que rencontre le parc des centrales nucléaires françaises fait l’objet de plusieurs correspondances qui mettent en exergue sa principale déclaration selon laquelle « la situation est devenue très préoccupante » (Süddeutsche Zeitung, Handelsblatt). Le focus est mis sur les conséquences économiques ainsi que sur le fait que « la France est menacée d’une extrême pénurie d’électricité » (HB) pendant l’hiver, davantage que sur le cas des centrales proches de la frontière comme le font habituellement les médias allemands. La presse voit comme une ironie le fait que l’Allemagne, malgré sa décision de sortir du nucléaire, ait suffisamment de capacités d’exportation d’électricité pour aider la France à parer aux risques de blackout. Situation d’autant plus paradoxale que le développement à marche forcée des énergies renouvelables en Allemagne, qui conduit régulièrement à des pointes de production sur le réseau, a souvent suscité des critiques en France et en Pologne, remarque le Handelsblatt. La Süddeutsche Zeitung note que la pénurie menaçante souligne la dépendance de la France de l’énergie nucléaire, dont la part dans le mix énergétique n’aurait pas sensiblement baissé.

« Poutine se réjouit à l’avance des élections en France » (Handelsblatt)

Le correspondant du Handelsblatt à Paris consacre un article à la proximité de François Fillon avec le président russe, notant qu’elle date de l’époque où tous deux étaient premiers ministres, et énumère les positions pro-russes prises ces dernières années et ces derniers mois par le favori du second tour des primaires de la droite. « La question de savoir si celui-ci fait juste preuve de pragmatisme ou s’il est influençable joue un rôle décisif pour les dirigeants allemands », écrit Thomas Hanke en rappelant qu’Angela Merkel et François Hollande ont fait front commun pour réagir à l’annexion de la Crimée par la Russie et à la situation dans le Donbass. « Fillon est-il potentiellement la meilleure carte du jeu de Poutine pour diviser l’Occident ? », s’inquiète le Handelsblatt qui s’interroge sur des « conséquences pour la politique russe de l’UE » en cas de victoire de F. Fillon aux présidentielles./.