Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

2 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre ses gros titres à l’annonce du président de la République hier soir : « Hollande n’est pas candidat à un deuxième mandat ». La Süddeutsche Zeitung met à sa Une l’accord trouvé entre le gouvernement fédéral et la Commission européenne sur le projet de vignette automobile allemande (« 2,50 euros pour dix jours d’autoroute ». Die Welt note qu’il y a « à nouveau, davantage de réfugiés ». Der Tagesspiegel titre sur la situation à Alep en mettant en avant les témoignages sur internet de la jeune Bana Alabed  (« que souhaites-tu Bana ? – La paix »). Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une à la cession des activités de transport maritime du groupe Oetker (« Oetker réduit sa taille de moitié »).
  2. Allemagne

« La vignette pour véhicules légers arrive » (Bild) – « 2,50 euros pour dix jours d’autoroute » (Süddeutsche Zeitung)

Les journaux rapportent qu’après des mois de négociations au sujet de l’introduction en Allemagne d’une vignette pour véhicules légers, le ministre allemand des transports et la commissaire européenne en charge du dossier se sont mis d’accord sur un compromis, le gouvernement fédéral ayant consenti à plusieurs modifications législatives de manière à rendre son projet compatible avec le droit européen. La vignette devrait être d’un montant compris entre 2,50 et 20 euros, calculé en fonction du niveau d’émissions du véhicule. Les véhicules électriques devraient être exonérés de vignette.

Dans leurs commentaires, les journaux critiquent à nouveau un projet dont l’efficacité est jugée incertaine, mais qui relèverait de la « politique du symbole » pour la CSU. Sous le titre « que d’énergie dépensée pour pas grand-chose », la Berliner Zeitung estime que la bureaucratie que nécessite le projet va être démesurée par rapport aux modestes rentrées fiscales attendues (500 millions d’euros annuels). Jugeant le projet à la fois injuste et rétrograde car il prend en compte la durée et non la distance parcourue, Die Welt ironise sur ce qu’elle qualifie d’« exploit en matière d’acrobatie juridique européenne et de jonglerie politique », estimant qu’il aurait été par ailleurs préférable de mettre en place une vignette européenne. La Frankfurter Allgemeine Zeitung reproche à la Commission européenne sa complaisance à l’égard d’un projet que la CSU avait présenté comme un moyen de « faire payer les étrangers pour l’usage des autoroutes allemandes sans détériorer la situation des automobilistes allemands ». La Süddeutsche Zeitung estime aussi que la CSU et le ministre des Transports Alexander Dobrindt sont les grands gagnants de l’accord trouvé. Pour le Tagesspiegel, il est clair que le compromis final était surtout destiné à permettre au parti bavarois de « ne pas perdre la face ». Le journal salue toutefois les pressions exercées par la commissaire européenne pour imposer un régime avantageux aux véhicules peu polluants.

« A nouveau davantage de réfugiés » (Die Welt)

Die Welt fait état d’une légère augmentation des arrivées de réfugiés en novembre, 17 500 demandes d’asile ayant été déposées (contre 15 200 en octobre et 15 600 en septembre). Si ce chiffre reste largement en-deçà du record d’il y a exactement un an avec 206 000 arrivées, le nombre d’entrées sur le territoire allemand demeure néanmoins élevé par rapport à la moyenne européenne, souligne le journal. Quelques jours avant le congrès de la CDU à Essen, le quotidien berlinois invite le parti conservateur à ne pas minimiser la place centrale que continuera d’occuper la crise migratoire d’ici les échéances électorales de 2017, jugeant que la CSU bavaroise, avec « sa proposition de plafond annuel – qu’on l’aime ou non – l’a bien compris »

  1. Europe

Référendum constitutionnel en Italie : « le test de résistance de Renzi » (Handelsblatt)

La presse publie plusieurs avant-papiers traduisant son inquiétude sur les conséquences politiques de ce scrutin pour l’Union européenne. « Car comme souvent, voici un référendum national qui va être détourné de son objet pour servir d’exutoire à l’insatisfaction populaire, et de facto, les Italiens vont décider de l’avenir politique de leur Premier ministre », souligne le Handelsblatt, pour qui Matteo Renzi se trouve dans la situation paradoxale d’être le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire italienne qui risque d’être désavoué justement par la jeune génération, dont 37% est toujours au chômage.

Dans un entretien avec Die Welt, le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, juge que l’Italie est assez solide pour résister, le cas échéant, à une issue négative du référendum constitutionnel. Il critique « l’obsession d’une politique budgétaire rigide » de l’UE, estimant que « les partenaires européens, au premier plan desquels l’Allemagne et la France, ont reconnu nos efforts de réforme mais – du moins le ressentons-nous ainsi – sans en tirer les conséquences nécessaires pour la politique économique et migratoire européenne ». Tout en louant la politique migratoire de l’Allemagne, et sa bonne coopération avec son homologue allemand, le chef de la diplomatie italienne tient à « rappeler aux amis allemands que cette question n’a pas surgi en août 2015 pour s’achever en mars 2016 ». « L’Italie n’acceptera jamais une Europe inflexible jusqu’à la dernière virgule en matière budgétaire mais très tolérante avec ceux qui refusent de mettre en œuvre les décisions communes » en « construisant des murs », s’insurge-t-il en rappelant que les migrants illégaux en Méditerranée « arrivent tous en Sicile et ça ne peut plus durer ». « Avec la commission européenne, l’Allemagne et la France, nous sommes d’accord pour juger qu’il faut faire pression sur toute l’UE pour agir rapidement en Afrique », déclare Paolo Gentiloni en pointant que l’UE a « mis deux fois trois millions d’euros à la disposition d’Erdogan mais ne fait pas assez pour l’Afrique ».

  1. International

Discours du président russe à la nation : « l’amabilité nouvelle de Vladimir Poutine » (Die Welt)  

Die Welt marque son étonnement face à un Vladimir Poutine qui est apparu plus serein que les années passées et a employé un ton « à ce point différent qu’il pourrait laisser penser que les ‘ennemis de la Russie’ se sont évaporés ». De l’avis du quotidien conservateur, l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis n’est pas étrangère à cette « mansuétude nouvelle vis-à-vis du monde occidental, le Kremlin caressant l’espoir d’une politique américaine qui lui soit davantage favorable ». « Ceci étant, il ne faudrait pas se laisser abuser par cette rhétorique réconciliatrice car le fait que Poutine passe sous silence certains sujets ne signifie aucunement qu’il renonce à agir », considère le journal qui en veut pour preuve l’action militaire russe en Syrie et le fait qu’une résolution de la crise ukrainienne « n’est pas en vue comme l’a montré la rencontre de cette semaine en format Normandie ». Pour la FAZ, à qui  la « tonalité conciliante » du président russe n’a pas non plus échappé, il serait à présent « souhaitable que les actes suivent les paroles ».

  1. France

Décision du président de la République de ne pas briguer un second mandat

Quelques journaux, dont la Frankfurter Allgemeine Zeitung et la Berliner Zeitung, rendent déjà compte dans des articles factuels de l’annonce « surprise » du président de la République, qui a fait la Une des médias en ligne et audiovisuels hier soir et ce matin. « Le président français fait preuve de grandeur et laisse la priorité à Manuel Valls pour briguer une investiture », écrit le Handelsblatt en ligne tandis que la Berliner Zeitung parle de « l’élégance de l’adieu ». Pour Die Welt, « le renoncement de Hollande est un moment historique pour la France » et une « décision aussi courageuse qu’inattendue ». « Deux figures centrales des dernières décennies se retirent du jeu, les cartes vont être complètement redistribuées pour la prochaine présidentielle », écrit Die Welt en évoquant l’échec de l’ancien président de la République N. Sarkozy aux primaires des Républicains.

Première édition allemande de Charlie Hebdo

Le premier numéro en allemand du magazine satirique, qui paraissait hier avec à la Une une caricature de la chancelière allemande reproduite par tous les journaux, est passé à la loupe par les quotidiens et abondamment commenté. La presse note que l’édition allemande, actuellement bimensuelle, est en grande partie une traduction de l’édition française, une faiblesse a priori, même si le numéro se distingue par un reportage bien documenté sur l’opinion publique allemande. Au-delà du soutien qu’avaient manifesté les lecteurs allemands après l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, les médias s’interrogent néanmoins sur la viabilité d’un tel projet. Pour avoir des chances de succès en Allemagne, le magazine satirique devra prouver que l’humour politique au second degré peut s’imposer dans un pays où la tradition satirique repose moins sur les sous-entendus, note la Berliner Zeitung. Pour le quotidien de Berlin il appartient en tout cas à Charlie Hebdo de se distinguer de la concurrence allemande par un humour légèrement philosophique et en posant un regard extérieur sur l’Allemagne, soit davantage, suggère-t-il, que les plaisanteries bon marché sur Mme Merkel très présentes dans la première édition./.