Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

5 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La victoire d’Alexander Van der Bellen à la présidentielle autrichienne fait les gros titres de la presse : « claire victoire de Van der Bellen à la présidentielle autrichienne » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « Van der Bellen président » (Süddeutsche Zeitung) ; « Autriche : Van der Bellen crée la surprise avec une victoire claire » (Die Welt) ; « Van der Bellen entre à la Hofburg de Vienne » (Der Tagesspiegel). Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une au fait qu’Opel met désormais 50% de ses véhicules en circulation de façon interne à l’entreprise pour contrer les baisses des ventes en premier achat (« Opel ruse »). L’échec du référendum en Italie et l’annonce de la démission de Matteo Renzi sont à la Une des éditions en ligne et des médias audiovisuels.
  2. Allemagne

Congrès fédéral de la CDU à Essen : « l’aile libérale de la CDU opposée à toute augmentation d’impôts » (FAZ)

Les journaux consacrent de nombreux avant-papiers au congrès fédéral de la CDU qui s’ouvre demain à Essen. « Un conflit se profile au sujet de la politique fiscale », indique la FAZ qui fait état d’un projet de motion que s’apprête à déposer l’aile droite de la CDU destinée à exclure toute hausse de la fiscalité. Dans un entretien à la Berliner Zeitung, Carsten Linnemann, président de l’union économique et des PME de la CDU, se fait l’avocat d’une politique fiscale favorable aux revenus moyens et modestes qui forment la colonne vertébrale du pays et assurent le fonctionnement de l’Etat-providence. « Nous voulons investir un tiers des rentrées fiscales futures dans des baisses d’impôts », indique-t-il.

Dans des commentaires généraux, les quotidiens font état du mécontentement croissant dans les rangs du parti. Ainsi, la Süddeutsche Zeitung considère que si Mme Merkel devrait être à plus de 90% réélue à la tête de la CDU, « ceci ne signifie en aucun cas que 90% des délégués sont satisfaits de sa politique », car la crise des réfugiés a ouvert de larges brèches. « Angela Merkel va devoir apaiser les doutes qui rongent le parti », écrit également le Tagesspiegel. Certes, les sondages sont actuellement au beau fixe pour la CDU (créditée de 37% et en hausse de 2 points par rapport à la semaine dernière, largement en tête  devant le SPD à 22%), mais la question de  la mobilisation des électeurs a de quoi inquiéter le parti. Que des membres de la CDU optent pour l’AfD est certainement douloureux mais bien plus dangereux  sont les électeurs qui risquent de bouder les urnes, fait valoir le quotidien.

Veto du président américain au rachat d’Aixtron par un investisseur chinois

La FAZ fait état du veto « très inhabituel » opposé au nom de la sécurité nationale par le président Obama au rachat du fabricant allemand de semi-conducteurs Aixtron par un fonds d’investissement chinois. Si cette interdiction ne s’applique pas à l’ensemble de la transaction, mais seulement à la partie américaine d’Aixtron, qui représente 20% du chiffre d’affaires, il ne fait cependant pas de doute, pour le quotidien, que le deal dans sa totalité s’en trouve menacé. « Il est regrettable qu’Obama n’ait fourni qu’une vague explication pour cette décision lourde de sens », déplore le journal pour qui ceci augure mal de ce qui risque de se passer avec son successeur à la Maison Blanche. « Pour les entreprises, ceci pourrait signifier le début d’une ère d’insécurité », conclut la FAZ.

  1. Europe

Autriche : « un vote contre Hofer » (FAZ)

Après la large victoire du candidat indépendant Alexander Van der Bellen à l’élection présidentielle autrichienne, les quotidiens font état des réactions de soulagement de dirigeants européens estimant, à l’instar de Frank-Walter Steinmeier, que ce résultat est un « signal contre le populisme » (FAZ) ou, citant Manuel Valls, qu’il montre que « le populisme n’est pas une fatalité » (Tagesspiegel). Pour autant, les commentateurs se gardent de toute euphorie en soulignant que la forte mobilisation électorale visait à faire barrage à la personnalité de Norbert Hofer mais ne traduit pas les rapports de force réels du pays, où, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le FPÖ reste le premier parti politique : « c’est un vote contre Hofer et non un retour de toute la nation aux idéaux d’un ‘juste milieu’ de gauche libérale », analyse le quotidien de Francfort. « Les prochaines législatives autrichiennes pourraient toujours fort bien déboucher sur un chancelier du FPÖ », met aussi en garde Die Welt pour qui la victoire d’A. Van der Bellen est « juste une courte pause pour respirer ». « L’Autriche ne va pas retrouver facilement le chemin de la normalité politique, elle a perdu depuis belle lurette un centre politique et les partis établis sont devenus marginaux comme force de proposition d’un consensus de société », analyse également la Berliner Zeitung. La Süddeutsche Zeitung se montre toutefois rassurée par le fait que « les Autrichiens ont su faire attention à eux-mêmes, ils ne voulaient pas être représentés par Norbert Hofer et son parti ».

Projet de fusion Deutsche Börse – LSE

Suite à des questions parlementaires des groupes SPD et FDP du parlement régional de Hesse, le patron de la Bourse de Francort a certifié que le Land de Hesse garderait une influence sur le groupe boursier après sa fusion avec le London Stock Exchange, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce projet de fusion requiert encore le feu vert de la commission européenne et de l’autorité des marchés financiers du Land de Hesse, et la question du maintien de l’influence du gouvernement régional sur la future holding peut avoir une importance décisive, rappelle le journal. La FAZ, peu favorable à ce projet qu’elle considère comme désavantageux pour la place financière de Francfort, détaille par le menu le catalogue des questions posées par les députés régionaux sur les différents aspects de ce projet de fusion. La question des rémunérations et bonus des dirigeants en cas de succès de la fusion est également posée, ainsi que celle du rôle joué dans ce rapprochement par l’ancien ministre-président de Hesse Roland Koch (CDU) et de l’ancien ministre des affaires étrangères Joschka Fischer (Verts), dont la société de conseil analyse le contexte politique après-Brexit en Europe pour le compte de Deutsche Börse. « Depuis le vote en faveur du Brexit, il apparaît de toutes façons clairement que cette fusion est une erreur », conclut la FAZ dans son commentaire.

UE-Turquie-OTAN: interview de Peter Altmaier (CDU) dans Die Welt am Sonntag

Le chef de la chancellerie fédérale est interrogé par la rédaction dominicale de Die Welt sur les relations UE-Turquie, l’Otan et le partenariat avec la France. Ce proche de la chancelière Merkel conserve un langage prudent s’agissant de la Turquie, soulignant qu’elle « est et reste un partenaire géostratégique important pour maintenir la stabilité dans le Proche- et Moyen-Orient » et que l’UE « a de très bonnes raisons de maintenir la coopération avec la Turquie [dans le cadre de l’accord migratoire] aussi longtemps qu’elle respecte ses engagements ». Concernant le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, « il a toujours été clair qu’il s’agit d’un projet à très long terme, et actuellement aucun nouveau chapitre de négociations n’est ouvert, ce qui parle pour soi », déclare-t-il. Interrogé sur la nécessité de renforcer l’Europe de la défense suite à l’élection de Donald Trump, Peter Altmaier juge nécessaire de « renforcer la coopération entre Européens sans affaiblir pour autant l’Otan ». Il se déclare convaincu que les Etats-Unis « ne tourneront pas le dos à l’Europe, dans leur propre intérêt de sécurité » et qu’une capacité de dissuasion accrue des Européens n’est pas nécessaire, les capacités américaines sur le territoire européen (« qui ne sont pas une protection généreusement accordée aux Européens mais la défense du territoire américain d’une potentielle menace nucléaire ») et les arsenaux français et britannique « étant suffisants ». Interrogé enfin sur les principaux alliés de l’Allemagne (« on a l’habitude de dire que les Etats-Unis sont notre partenaire le plus important et la France le plus étroit, est-ce encore valable ? ») Peter Altmaier souligne que « sans notre partenaire français, nous ne pourrons pas avancer en Europe, plus encore, nous devons œuvrer avec Paris à une politique commune vis-à-vis des Etats-Unis. (…) J’espère que nous trouverons à l’automne prochain des positions communes avec la nouvelle administration française sur l’Europe et les Etats-Unis. La proximité des présidentielles françaises et des législatives allemandes offrent une chance de développer pendant quatre ans une politique commune », conclut le chef de la chancellerie fédérale./.