Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

6 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le résultat du référendum en Italie et ses conséquences font les gros titres de la presse allemande ce matin : « crise gouvernementale en Italie après le rejet de la réforme du sénat » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « la crise à Rome inquiète l’Europe » (Süddeutsche Zeitung) ; « cette Europe peut-elle encore être sauvée ? » (Die Welt) ; « le choc Italie » (Handelsblatt). Pour sa part, Der Tagesspiegel consacre sa Une au fait qu’il y a « 90 000 nouveaux sans logis au niveau fédéral » en Allemagne.
  2. Allemagne

Congrès fédéral de la CDU à Essen : « davantage de fermeté envers les réfugiés » (Berliner Zeitung)

A l’instar de la Berliner Zeitung, les journaux rapportent que sur pression du vice-président de la CDU, Thomas Strobl, les délégués du parti ont une nouvelle fois durci leur position sur la politique migratoire (davantage de reconduites aux frontières, notamment pour les migrants originaires de pays africains et un renforcement des contrôles aux frontières). Cette inflexion peut être interprétée soit comme un camouflet pour la chancelière, soit comme une concession à la CSU dont le leitmotiv est davantage de fermeté, analyse le tabloïd Bild qui, dans un article consacré à la nouvelle garde conservatrice autour de Thomas Strobl, Paul Ziemiak, chef des jeunes CDU et de Jens Spahn, secrétaire d’Etat au ministère fédéral des finances, se demande si cette aile critique envers la chancelière et de plus en plus audible, est de nature à lui nuire ou à la conforter en maintenant dans le giron de la CDU son électorat le plus conservateur. Mme Merkel, qui doit se faire réélire aujourd’hui à la tête du parti, n’a pas grand-chose à craindre, fait valoir le quotidien, même si elle a parfaitement conscience du fait qu’il va falloir accorder dans la campagne pour 2017 plus de place à l’aile conservatrice, de manière à repousser l’AfD.

Drame de Fribourg : « Gabriel met en garde contre toute incitation à la haine » (FAZ)

Depuis ce week-end, la presse rend compte de l’arrestation et du placement en détention, vendredi, d’un mineur afghan de 17 ans, interpellé pour le viol et le meurtre d’une étudiante en médecine de 19 ans, dont le corps a été retrouvé le 16 octobre au bord d’une rivière à Fribourg. Selon la police et le parquet, l’ADN du jeune homme, arrivé seul en Allemagne en 2015 et pris en charge par une famille d’accueil, a été retrouvé sur les lieux du meurtre et il apparaît sur des images de vidéosurveillance.

Après avoir agité les médias sociaux, le fait que la première chaîne de télévision publique ARD se soit abstenue de relater l’affaire suscite à présent la polémique dans la presse écrite, qui critique une attitude faisant le jeu du parti populiste AfD, prompt à dénoncer le parti-pris des médias, notamment depuis les agressions sexuelles survenues lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, l’an dernier à Cologne. Dans ce contexte, les journaux reprennent les appels au calme de nombreux responsables politiques qui ont mis en garde contre le fait de généraliser un cas isolé. Interviewée hier soir sur ARD, la chancelière a déclaré : « s’il devait s’avérer qu’il s’agit d’un réfugié afghan, alors c’est absolument condamnable, comme pour tout autre meurtrier, mais j’ajoute que cela ne doit pas conduire au rejet de tout un groupe ».

  1. Europe

« Merkel franchement attristée de l’échec de Renzi » (Die Welt)

Alors que les principaux membres du gouvernement allemand ont exprimé du dépit, voire une certaine inquiétude après la démission du Premier ministre italien, la presse retient particulièrement les regrets exprimés par la chancelière fédérale, laquelle a souligné avoir « très bien travaillé, en toute confiance », avec Matteo Renzi et avoir « toujours soutenu sa politique de réformes ». « Angela Merkel perd un allié en Europe », considère Die Welt pour qui « même si le jeune chef de gouvernement social-démocrate s’était rebellé dernièrement contre la domination allemande pour des raisons électoralistes, il partageait avec elle, au fond, la même conviction que seules des réformes peuvent sortir le continent de la crise ». « Merkel avait pris acte du départ de Cameron sur un ton beaucoup plus froid », fait valoir le quotidien.

La « crise gouvernementale en Italie » (FAZ) suscite une abondance d’articles et d’éditoriaux à la tonalité convenue sur « la crainte d’une nouvelle crise de l’euro » (Handelsblatt) et d’un nouveau coup porté à une Europe déjà fortement fragilisée, ainsi que sur les conséquences imprévisibles de la démocratie directe. Quelques rares commentaires tranchent avec les analyses sur l’instabilité politique chronique de l’Italie et le déclin de l’Europe. La Berliner Zeitung estime ainsi que le rejet des modifications constitutionnelles par les électeurs italiens tient essentiellement au « paquet législatif » présenté par Matteo Renzi, avec nombre de dispositions supprimant les avancées en matière de décentralisation : « on peut juger que nombre d’Italiens ont vu dans l’initiative constitutionnelle de Renzi une sorte de hold-up, une nouvelle tentative d’un dirigeant politique de se faciliter la tâche de gouverner. Nous tendons à placer trop vite ce genre de choses dans le contexte international, mais ce vote n’a rien à voir avec le Brexit ni avec l’élection de Trump », considère la Berliner Zeitung. Le tabloïd Bild s’intéresse également aux motivations des électeurs italiens : « dire qu’ils sont contre les réformes est aller un peu vite en besogne. C’est le contraire qui est vrai : beaucoup d’Italiens en avaient assez de Matteo Renzi justement parce qu’il n’a pas assez fait de réformes, ils voient que leur pays reste enfoncé dans la crise alors qu’en Espagne et au Portugal la croissance revient. (…) Les Italiens veulent un nouveau départ », avance Bild.

Tout en agitant le spectre de la crise, les journaux s’accordent paradoxalement à constater que l’échec du référendum constitutionnel et la démission de M. Renzi n’ont pas provoqué de réaction notable sur les marchés financiers, « parce que les bourses avaient anticipé le ‘non’ italien et qu’elles savent que la BCE injecterait toujours plus d’argent pour empêcher une nouvelle crise », résume le tabloïd Bild. « Les marchés financiers ont appris à affronter les turbulences politiques : le Brexit les a inquiété quelques jours, l’élection inattendue de Trump n’a provoqué que quelques heures difficiles avant que les cours ne remontent, et le vote italien a été digéré en quelques minutes », constate la Süddeutsche Zeitung, qui explique que « spéculer sur une faillite de l’Italie est devenu trop risqué pour les marchés depuis le fameux discours de Mario Draghi à l’été 2012, sa promesse de rachat illimité d’obligations souveraines protège l’Italie de la spéculation comme un mur de béton ».

  1. France

Présidentielle de 2017 / annonce par Manuel Valls de sa candidature

Dans des comptes rendus et des portraits qui soulignent « l’ambition » (tageszeitung), la « forte volonté » (FAZ), voire « l’intrépidité » (Süddeutsche Zeitung) de l’ancien Premier ministre, l’ensemble des journaux fait état de l’annonce par Manuel Valls de sa candidature. Tous soulignent aussi à quel point cette entreprise s’avère risquée car « la concurrence est forte dans le camp de la gauche et l’autoritarisme de Manuel Valls ne fait pas l’unanimité dans ses rangs » (Tagesspiegel). « A maintes reprises dans le passé, Manuel Valls a heurté ses amis politiques, parviendra-t-il à présent à unir les socialistes ? », s’interroge également la FAZ./.