Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

7 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le congrès de la CDU fait les gros titres de la presse : « Mme Merkel réélue avec 89,5% » de soutien à la tête de son parti (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « vous devez m’aider ! » (Süddeutsche Zeitung), « vous devez ! Vous devez ! Vous devez m’aider ! » (Die Welt). La décision de la cour de Karlsruhe d’accorder un dédommagement aux énergéticiens allemands pour des atteintes au droit de propriété  dans le cadre de la décision de sortie du nucléaire en 2011 est à la Une du Tagesspiegel (« la sortie du nucléaire coûte encore un peu plus ») et du Handelsblatt (« succès partiel pour les groupes nucléaires »).
  2. Allemagne

Congrès fédéral de la CDU : « Merkel à 89,5% réélue » (FAZ) – « un résultat honorable » (Handelsblatt)

Les journaux soulignent que c’est avec l’un des plus mauvais scores jamais obtenus que pour la 8ème fois, la chancelière a été réélue à la présidence de la CDU. 845 délégués ont voté pour elle, 99 ont voté contre et quatre se sont abstenus, détaille la FAZ. Ce score de 89,5% a été obtenu après un discours lors duquel Mme Merkel a instamment appelé les délégués à lui apporter leur soutien dans la campagne électorale pour les élections de 2017. Ne faisant pas mystère du fait que la campagne sera cette fois plus rude et plus difficile que les précédentes, la chancelière a évoqué les « attaques de toutes parts » auxquelles la CDU/CSU va devoir faire face, la nécessité d’empêcher qu’émerge une majorité formée par le SPD, Die Linke et les Verts et d’« intégrer par la droite » (allusion, sans les nommer, aux électeurs susceptibles de céder aux sirènes du parti populiste AfD). Concernant la politique migratoire, qui divise fortement son camp, Mme Merkel a déclaré qu’une situation telle que l’Allemagne a connue en 2015 « ne devait en aucun cas se reproduire ». Elle s’est ralliée à un durcissement du droit d’asile et a plaidé en faveur de l’interdiction du voile intégral, là où ceci est juridiquement praticable. Elle a en outre insisté sur le défi majeur que représente le passage à l’économie numérique.

« Angela Merkel a été reconduite pour deux ans à la tête de son parti, mais elle n’est pas parvenue à convaincre tous ses détracteurs », considère Bild qui note qu’au terme d’un discours plus empreint d’émotion que d’habitude, la chancelière a été très longuement ovationnée (plus de 11 minutes). « La CDU reste fidèle à elle-même », observe le tabloïd : les critiques envers la chancelière vont bon train, mais au final elle recueille presque 90% des voix ». Si pour Bild, la chancelière a tenu un « bon discours », la Berliner Zeitung estime qu’elle s’est contentée d’infléchir sa politique a minima dans le sens voulu par l’aile conservatrice. « Tout change, sauf Merkel », observe Die Welt pour qui ce qu’il faut retenir de ce congrès c’est que face à un monde qui part à vau-l’eau, la CDU se contente de garder son cap. Pour le Handelsblatt, le constat suivant s’impose : « la présidente de la CDU qui était apparue comme une réformatrice lors du congrès de 2003 appartient au passé » (…) « même si on ne saurait attendre de sa part de grandes visions sur l’Europe ou sur l’Allemagne, elle aurait quand même pu tracer des voies, de manière à ce que son électorat sache de manière un peu plus concrète ce qu’elle envisage de faire d’ici 2021 ». « Il va falloir qu’il se passe encore beaucoup de choses pour que le fossé ne se creuse pas davantage entre Angela Merkel et les Allemands, deux partenaires qu’unissait jadis une intense histoire d’amour », conclut le quotidien des affaires.

« Karlsruhe : la sortie du nucléaire conforme à la constitution » (Süddeutsche Zeitung) – « oui à des dédommagements, non à une expropriation » (FAZ)

L’ensemble de la presse fait état du jugement rendu par la Cour constitutionnelle fédérale pour qui la décision prise au lendemain de Fukushima d’accélérer la fermeture des centrales nucléaires a porté atteinte à certains droits de propriété de leurs exploitants, leur ouvrant de facto droit à des dommages et intérêts pour le manque à gagner subi, alors que l’Etat n’avait rien prévu pour compenser les investissements réalisés par les énergéticiens entre décembre 2010 et mars 2011, suite à une autorisation de prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires. La Cour met l’Etat en demeure de légiférer d’ici au 30 juin 2018 afin de régler ces questions.

Plusieurs quotidiens estiment que ce jugement est le prix à payer par le gouvernement fédéral pour ses « inconstances » en matière de politique nucléaire. « Une telle issue aurait pu être évitée si la sortie du nucléaire avait été plus réfléchie et mieux réglée », juge ainsi la FAZ pour qui ceci est imputable à une chancelière qui fait parfois fi de toute logique dès lors qu’elle l’estime nécessaire, « comme dans sa décision de supprimer la conscription ou encore d’ouvrir les frontières aux migrants ». Reprochant à la chancelière ses failles de gouvernement, la Berliner Zeitung ironise sur le fait que c’est précisément une coalition conservatrice-libérale au pouvoir à l’époque qui se voit reprocher d’avoir en partie porté atteinte au droit de propriété. Sans remettre en cause la décision en soi « raisonnable » de sortie du nucléaire, le quotidien déplore lui aussi des aléas néfastes « qui ont fait perdre à l’Allemagne dix ans en matière de conversion énergétique ». « Cela aussi, c’est le bilan de la chancelière », conclut le quotidien. De l’avis du Handelsblatt, le jugement rendu a au moins pour effet de clarifier les choses, autant pour le gouvernement fédéral que pour les énergéticiens, mais il n’en reste pas moins qu’en 2011 la chancelière n’aurait pas dû oublier « l’addition ». Alors que pour la FAZ le jugement de Karlsruhe équivaut à une « petite victoire » pour les énergéticiens qui réclamaient 19 milliards d’euros et se verront dédommager de quelques centaines de millions, la tageszeitung y voit une victoire avant tout politique et un « lourd revers » pour les énergéticiens. Pour le quotidien alternatif de gauche, Karlsruhe vient de confirmer le primat du politique sur l’économie.

  1. Europe

Brexit : « Bruxelles perd patience avec Londres » (Handelsblatt)

Tous les journaux se font l’écho de la première conférence de presse de Michel Barnier en qualité de négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, lequel a indiqué que l’Union européenne entend achever les négociations en 18 mois si Londres signifie comme prévu en mars 2017 son intention de sortir de l’UE. Au bout de deux mois de consultations et la réunion d’une équipe d’experts, « l’UE est prête à recevoir la notification britannique », a déclaré M. Barnier, une phrase relevée par l’ensemble de la presse. Le rappel de l’intangibilité des quatre libertés fondamentales de l’UE et de la détermination des Vingt-Sept à préserver leur unité face au Royaume-Uni est également souligné. Les quotidiens se félicitent de la sérénité et de la détermination affichée par l’ancien commissaire européen face à Londres, à l’instar du Tagesspiegel : « le négociateur en chef de l’UE a tracé des lignes nettes avec une sobriété bienvenue. Homme politique expérimenté, il sait que la sortie du Royaume-Uni de l’UE est un processus potentiellement dangereux pour les deux parties, et que des positions claires contribuent à ce qu’il se déroule le mieux possible. Ces déclarations visaient à faire comprendre au gouvernement May que les pourparlers ne seront pas dominés par les intérêts de Londres mais par ceux des Etats membres ».

« En Grèce, le FMI s’en tient au rôle de spectateur » (FAZ)

De manière attendue, la réunion à Bruxelles des ministres des finances de la zone euro s’est achevée sur la constatation que le Fonds monétaire international n’était pas encore prêt à décider d’une participation au troisième plan d’aide pour la Grèce, rapporte la presse, pour qui il s’agit d’un « revers pour Schäuble » (tageszeitung). « Le ministre des finances est dans une situation inextricable, il a joué les apprentis sorciers en misant sur le FMI comme gage de sérieux financier, et se retrouve maintenant dans une position politique difficile face à sa propre majorité », considère Die Welt. Dans un entrefilet du tabloïd Bild, les opposants notoires au troisième plan d’aide au sein de la CDU/CSU montent d’ailleurs sans attendre au créneau pour rappeler que le feu vert des députés conservateurs à ce plan d’aide était, à leur sens, conditionné à la participation du FMI avant la fin 2016. « Sans participation du FMI, l’Allemagne doit se retirer du troisième plan d’aide », exige ainsi le député CDU Christian von Stetten, représentant des PME au sein du parti.

  1. International

Réunion ministérielle OTAN : « l’OTAN cherche sa stratégie à l’égard de la Russie » (Die Welt)

Dans leurs commentaires, les journaux soulignent les incertitudes pesant sur la sécurité en Europe. Tout en saluant les avancées de la coopération UE-OTAN, la FAZ s’inquiète : « les capacités déjà limitées de l’UE vont se trouver affaiblies du fait de la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE et l’avenir de l’OTAN fait face à de nombreux points d’interrogation depuis l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche ». Sous le titre « bye-bye, Nato », Die Welt estime que « l’homme le plus puissant du monde, le président américain, a le pouvoir de ruiner l’Alliance atlantique, pas forcément de manière intentionnelle, mais éventuellement par mégarde ». Les journaux retiennent par ailleurs l’appel lancé par le ministre allemand des affaires étrangères à davantage de dialogue avec la Russie.

  1. France

Nomination de Bernard Cazeneuve comme Premier ministre

La nomination de l’ancien ministre de l’Intérieur à Matignon est favorablement accueillie par l’ensemble de la presse, qui souligne la « loyauté », « l’efficacité » et la « polyvalence » de Bernard Cazeneuve dans de nombreux portraits à la tonalité positive. La Frankfurter Allgemeine Zeitung souligne que « le Premier ministre français parle à nouveau allemand : après l’ancien professeur d’allemand Jean-Marc Ayrault, le gouvernement est à nouveau dirigé par un homme qui a toujours tenu en haute considération la coopération franco-allemande »./.