Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

9 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La décision de la BCE de prolonger son programme de rachat d’actifs fait les gros titres de plusieurs quotidiens : « Pour combien de temps encore, Monsieur Draghi ? Un taux à 0%. Ce sont à nouveau les épargnants les dindons de la farce » (Bild), « Draghi prolonge le programme de rachats de la BCE » (Handelsblatt), « Draghi inonde les marchés par de nouveaux milliards » (Süddeutsche Zeitung). La Frankfurter Allgemeine Zeitung ouvre son édition du jour sur le fait que les services allemands de renseignement rendent la Russie responsable des attaques cyber intervenues contre plusieurs institutions en Allemagne, dont le Bundestag. Sous le titre « Schulz chancelier ? il est deux fois plus populaire que Gabriel », Die Welt fait état du dernier sondage Deutschlandtrend faisant apparaître que Martin Schulz, crédité de 36% d’opinions favorables, serait pour Angela Merkel un adversaire plus dangereux que Sigmar Gabriel (19%). Les quotidiens berlinois Tagesspiegel et Berliner Zeitung consacrent leur une à l’élection formelle hier de Michael Müller à la mairie de Berlin et à la mise en place d’un gouvernement SPD/Die Linke/Verts dans la capitale.
  2. Europe

BCE : « Draghi inonde les marchés par de nouveaux milliards » (Süddeutsche Zeitung)

La décision prise par la BCE de prolonger de neuf mois son programme de rachat d’actifs est particulièrement mal accueillie par la presse estime le temps venu de mettre un terme à cette politique défavorable à l’épargnant et qui ne se justifierait pas du point de vue purement économique aux yeux de la plupart des rédactions. Plusieurs journaux reprochent ouvertement à la BCE d’outrepasser son rôle de gardienne de la stabilité des prix et d’agir guidée par des considérations de nature politique.

« Le chef de la BCE met une nouvelle fois des milliards à disposition des pays en crise », s’insurge le tabloïd Bild qui s’interroge : quand la bombe financière de Draghi va-t-elle exploser ? ». Dans son commentaire du jour, le journal reproche à la BCE de faire fi de son devoir d’indépendance pour ajuster son action en fonction de considérations politiques. « C’est parce que des élections importantes vont avoir lieu en 2017 que la BCE recourt à un dangereux financement des Etats en actionnant la planche à billets », juge le quotidien pour qui il n’y a pourtant qu’un seul remède : « les gouvernements des pays en crise tels que la France et l’Italie doivent enfin mettre en œuvre les réformes qui s’imposent, notamment sur le marché du travail ». « Les perfusions à hauteur de milliards de Draghi ne font que provoquer une bulle sur les marchés des actions et de l’immobilier », considère la Süddeutsche Zeitung qui en veut pour preuve les records du Dax et l’envolée des prix des logements dans les grandes villes d’Allemagne. « C’est évident que le cours suivi par Draghi facilite la survie de l’Italie, 2ème pays le plus endetté d’Europe, mais avec pour effet secondaire que les Italiens ne ressentent pas vraiment le besoin de réformer, ce qui est contre-productif », se désole le journal. « Parce que les réformes ne sont pas au rendez-vous, de nombreux pays encore fragiles dépendent des perfusions de la BCE et sans ses rachats d’actions, ne seraient pas en mesure de contracter de nouvelles dettes (…) Si Draghi n’est pas un responsable politique, le fait est qu’il agit comme tel », juge également le Tagesspiegel.

Sous le titre évocateur « la banque centrale politisée », la FAZ publie un éditorial particulièrement virulent signé de l’un de ses coéditeurs Holger Steltzner. « L’union monétaire s’est muée en une union de la dette dans laquelle les règles sont enfreintes et les traités interprétés au gré des envies. La clause de non-assistance contenue dans le traité de Maastricht ne vaut même pas le papier sur lequel elle figure et par l’introduction, à la faveur de la crise, du mécanisme de sauvetage MSE, les crédits d’aide entre Etats sont devenus la nouvelle normalité dans la zone euro », égrène le journal qui poursuit sur l’idée que toutes les raisons sont bonnes pour ne pas respecter la limite des 60% d’endettement ou des 3% de déficit budgétaire, « soit parce que des élections approchent dans le pays concerné, soit parce que la France c’est la France ». La FAZ conclut sur un dernier reproche : par son action « politisée », qui mécontenterait les citoyens de nombreux pays européens, la BCE ferait sans s’en rendre compte le jeu des populistes.

Dieselgate : « Dobrindt se défend des reproches qui lui sont adressés » (FAZ)

Plusieurs quotidiens commentent l’annonce par la commissaire européenne en charge du marché intérieur de poursuites contre sept Etats membres, dont l’Allemagne, pour n’avoir pas suffisamment tiré les conséquences du scandale de la fraude aux émissions de CO2 imputable notamment à Volkswagen. Si le Tagesspiegel se réjouit que par cette démarche il soit mis fin au principe du « deux poids, deux mesures », à savoir d’un côté la sévérité envers les automobilistes qui ne respecteraient pas les contrôles techniques réguliers et de l’autre l’indulgence envers des constructeurs fraudeurs, la Süddeutsche Zeitung marque son étonnement face au fait que la France et l’Italie ne figurent pas parmi les pays visés par la commission. « La commissaire européenne en charge de l’industrie avait pourtant constaté que les rapports d’inspection remis par la France et l’Italie présentaient tout autant de manquements que ceux de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne », écrit le journal qui soupçonne Jean-Claude Juncker, de se garder de livrer à l’extrême droite en France des arguments tout trouvés pour leur Bruxelles-bashing alors que démarre la campagne pour les élections présidentielles. Sans aller aussi loin, la tageszeitung s’étonne elle aussi du fait que la France et l’Italie ne sont pas incriminées alors que les véhicules de Renault, Fiat et d’autres ont également échoué lors des tests, insiste le journal.

  1. International

Conseil ministériel de l’OSCE à Hambourg : « frustration sur toute la ligne » (Handelsblatt)

L’ensemble de la presse fait le constat de fortes divisions parmi les pays participants et confirme son scepticisme sur les chances de progresser sur la résolution des crises en cours. Notant que le dossier ukrainien a largement pesé sur la journée d’hier, plusieurs quotidiens relèvent que le ministre allemand des affaires étrangères a adressé de « lourds reproches à la Russie » sur l’annexion de la Crimée. Ceci étant, juge le Handelsblatt, M. Steinmeier a une nouvelle fois pu « tester les limites de la diplomatie car le bilan d’une année de présidence de l’OSCE par l’Allemagne c’est zéro rapprochement dans le conflit avec la Russie sur l’Ukraine et au final, pas même une déclaration commune n’a pu être adoptée à l’issue du sommet ». Die Welt fait le constat d’un « dialogue de sourds » dans lequel « un Steinmeier quasi désemparé en appelle à poursuivre le dialogue ». Dans un commentaire, le journal n’en estime cependant pas moins que si les pouvoirs de l’OSCE sont limités, en tant qu’instance de dialogue, l’institution est « irremplaçable ». Pour le quotidien conservateur, si l’on en juge par son passé, l’organisation a su apporter au plus fort de la guerre froide sa contribution au dégel ; « un modeste optimisme demeure donc permis »

Par ailleurs, plusieurs journaux manifestent aujourd’hui leur vive préoccupation sur Alep, sur le point d’être reprise par les forces de Bachar el-Assad. Ils estiment que le risque qu’encourt la Syrie est celui d’un éclatement. Le pays se retrouverait la proie de guérillas armées et pour de nombreuses années condamné à une guerre civile larvée, comme le redoute la Berliner Zeitung./.