Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

12 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La réaction du président turc aux attentats d’Istanbul samedi soir fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Erdogan annonce la vengeance pour les attentats terroristes d’Istanbul ») et du Tagesspiegel (« Erdogan annonce la vengeance après les attentats »). La Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt choisissent la même une pour décrire la tâche du nouveau chef du gouvernement italien : « Gentiloni doit sauver les banques italiennes ». Die Welt annonce pour sa part que « le ministre de l’Environnement met sur la table de nouvelles primes à la casse » pour mettre hors du marché les véhicules les plus polluants, préférant une mesure incitative à une interdiction.
  2. Allemagne

« Le débat sur la double nationalité divise la CDU » (Bild)

Suite au positionnement de la CDU lors de son congrès fédéral contre la double nationalité, la presse du week-end indique que la CSU, qui y est favorable, entend en faire un sujet de campagne pour les élections au Bundestag l’an prochain. Selon le tabloïd Bild, ce sujet divise fortement les fédérations régionales CDU, nombre d’entre elles n’étant pas favorables à ce que le sujet s’invite dans la campagne électorale, la CDU de Thuringe et de Basse-Saxe souhaitant au contraire en faire un sujet de campagne. Dans son édition d’aujourd’hui, Bild indique que ce sujet a également pour effet d’éloigner le SPD de la CDU et de favoriser une alliance SPD/Die Linke/les Verts au détriment de la grande coalition.

  1. Europe

« Gentiloni doit sauver les banques italiennes » (Handelsblatt, FAZ)

La rapidité de la nomination du nouveau Premier ministre italien est proportionnelle au danger que fait courir la crise de la banque Monte dei Paschi di Siena (MPS) au secteur bancaire italien, souligne la presse. Les quotidiens accueillent favorablement l’arrivée de Paolo Gentiloni à la tête du gouvernement italien (« un homme politique expérimenté et peu porté aux déclarations tonitruantes », Tagesspiegel) notant qu’il est un fidèle de Matteo Renzi et « assure son intérim en attendant de nouvelles élections » (Süddeutsche Zeitung).

Dans un entretien accordé à l’édition dominicale de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, considère que l’option d’une recapitalisation préventive de MPS par l’Etat italien n’est pas exclue, mais qu’un tel recours à l’argent des contribuables – auquel devait théoriquement mettre fin le mécanisme européen de résolution bancaire – doit rester « clairement une exception ». « Dans le cas de l’Italie, il y a eu visiblement des produits financiers très risqués vendus à des gens qui voulaient des produits d’épargne sûrs. Si l’on juge qu’il faut, pour des raisons politiques, protéger ces investisseurs particulièrement vulnérables, il est possible de le faire dans le cadre de transferts publics ciblés. Cela ne doit toutefois pas mener à assouplir les règles de ‘bail-in’ », déclare Jens Weidmann.

Entretien du chancelier autrichien dans Bild am Sonntag

Dans un entretien à l’hebdomadaire Bild am Sonntag, le chancelier autrichien dresse un parallèle entre le parti populiste allemand AfD et le FPÖ autrichien à ses débuts. Selon lui, chercher à faire de l’AfD un « tabou » et refuser le dialogue avec ses représentants est la mauvaise stratégie. Il faut au contraire débattre avec lui de manière à faire éclater au grand jour son « manque de substance ». Interrogé sur ses attentes à l’égard du Conseil européen qui s’ouvre jeudi, Christian Kern plaide en faveur de la conclusion d’accords migratoires entre l’UE et le Liban et l’UE et la Jordanie, sur le modèle de l’accord européen avec la Turquie. Il appelle aussi les Européens à faire preuve de fermeté envers la Turquie, non pas en menaçant de couper le soutien financier prévu dans le cadre de l’accord migratoire, car celui-ci bénéficie aux camps de réfugiés, mais sur la question des 2,4 milliards d’euros d’aides européennes que la Turquie perçoit dans le cadre de son rapprochement avec l’UE. Sur ce point, il convient, selon lui, de faire comprendre aux autorités turques que cet argent est conditionné par un « consensus minimal » (respect des droits de l’homme, de la démocratie et de l’Etat de droit). Critique sur la question des contrôles aux frontières que l’Allemagne a annoncé vouloir intensifier à sa frontière autrichienne, le chancelier estime que cette mesure est « nuisible à l’économie et au tourisme » et suscite des critiques dans son pays qui redoute un « effet domino » vers le sud de l’Europe. Voyant dans les annonces allemandes de la « politique symbole » en début d’année électorale, il estime plus pertinent de porter l’accent sur la protection des frontières extérieures de l’UE. Enfin, il fait part de son mécontentement vis-à-vis du projet allemand de vignette pour les automobilistes étrangers empruntant les autoroutes allemandes. « Chez nous, tout le monde paie la vignette, indépendamment de son acte de naissance et il n’y a pas de rabais ou de remboursement pour les nationaux », fait-il valoir.

  1. Europe / International

« L’UE doit-elle interrompre les négociations d’adhésion avec la Turquie ou les poursuivre ? » (Die Welt)

Alors que les ministres européens des Affaires étrangères souhaitent, dans leur majorité, adopter demain une déclaration favorable à la poursuite du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, le chef de la diplomatie autrichienne, Sebastian Kurz, annonce, dans une interview au Spiegel Online, vouloir s’y opposer, saluant la résolution « juste et courageuse » du Parlement européen en faveur d’un gel des négociations. Dans un entretien à Welt am Sonntag, le président de la commission européenne estime au contraire que la résolution du Parlement européen n’était pas justifiée et plaide en faveur d’un maintien du dialogue avec Ankara : « nous devons travailler à ce que la Turquie se rapproche à nouveau de l’Union européenne et non qu’elle s’en éloigne encore plus à pas de géant », déclare Jean-Claude Juncker.

La question des relations de l’UE avec Ankara se pose avec d’autant plus d’acuité que l’attentat meurtrier d’Istanbul, dont la presse se fait très largement l’écho, va entraîner une nouvelle spirale de répression en Turquie, craignent les éditorialistes partagés entre compassion et méfiance. « Notre compassion pour l’ensemble de la population turque n’étouffe pas nos critiques contre l’arbitraire d’Erdogan ! », s’exclame le tabloïd Bild en appelant à « lutter ensemble contre le terrorisme mais à critiquer ouvertement et à sanctionner les violations des droits démocratiques par Erdogan ». « La politique d’Erdogan, loin d’endiguer le terrorisme, le décuple », fait valoir la Berliner Zeitung, qui, comme ses confrères, voit la Turquie livrée à la politique erratique et hégémonique du président turc et à l’escalade des conflits régionaux. Seul le Handelsblatt, sous la plume d’un de ses correspondants d’origine turque, appelle l’UE à faire preuve de davantage de « doigté diplomatique » dans la situation actuelle de la Turquie et à ne pas persister à exiger du gouvernement turc qu’il assouplisse sa législation anti-terroriste, même trop répressive : « c’est un bon débat au mauvais moment », considère le Handelsblatt en arguant qu’aucun ministre de l’intérieur en Allemagne n’accepterait d’assouplir la législation anti-terroriste au lendemain d’un attentat./.