Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 

27 décembre 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes ce matin. Die Welt rend compte de sondages montrant que « les Allemands veulent davantage de présence policière et de vidéosurveillance » après l’attaque terroriste de Berlin. La Süddeutsche Zeitung consacre ses gros titres à «  [la demande la CSU] de placer en rétention les personnes représentant une menace » terroriste. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre pour sa part sur les reproches adressés par Israël à l’administration Obama après la condamnation par le Conseil de sécurité de la colonisation dans les territoires palestiniens (« pour Israël, Washington est responsable de la résolution ‘honteuse’ des Nations Unies »). Der Tagesspiegel publie une interview de la ministre-présidente SPD de Rhénanie-Palatinat Malu Dreyer qui juge que « le SPD doit réviser la réforme du marché du travail Hartz IV » de Gerhard Schröder. Le quotidien des affaires Handelsblatt note que les Etats-Unis dominent le classement des 100 entreprises ayant la plus forte valorisation boursière au monde (« la puissance mondiale USA »).
  2. Allemagne

Suites de l’attentat de Berlin du 19 décembre

Alors que les médias relaient tout au long du week-end les éléments connus de l’enquête sur l’attaque terroriste, ainsi que les premiers éléments sur les victimes d’Anis Amri, le débat sur le renforcement de la sécurité en Allemagne prend un poids croissant dans la presse, à l’image de l’inquiétude des Allemands. Die Welt note que selon un sondage YouGov, 73% des personnes interrogées veulent augmenter les effectifs de police et 60% sont favorables à un renforcement de la vidéosurveillance.

Dans l’édition dominicale de Bild, le ministre fédéral de l’intérieur Thomas de Maizière plaide à nouveau, notamment en direction des exécutifs régionaux SPD, pour accélérer les reconduites à la frontière indiquant que 40 millions d’euros ont été dégagés pour inciter aux retours volontaires. Il invite ses partenaires européens à mieux renseigner les bases de données européennes et confirme la prolongation du rétablissement des contrôles à la frontière avec l’Autriche au-delà de février prochain. Le ministre CDU invite enfin les Verts à cesser de faire obstacle au Bundesrat à la désignation des pays du Maghreb comme pays d’origine sûrs. Dans une interview à Die Welt, le vice-président du SPD Ralf Stegner adresse également un message d’une inhabituelle fermeté se montrant favorable à la rétention des déboutés du droit d’asile représentant une menace terroriste. Pour sa part, le ministre-président bavarois et président de la CSU Hort Seehofer se montre à nouveau offensif dans la Welt am Sonntag se disant confiant sur le fait que l’exigence de « plafond de demandeurs d’asile » refusée par la CDU, finira par s’imposer.

Le tabloïd Bild rend compte de l’ensemble des mesures en discussion au sein de la grande coalition qui pourraient être annoncées par Thomas de Maizière et son homologue SPD à la Justice Heiko Maas en janvier : la surveillance accrue des 550 personnes représentant une menace, notamment par des bracelets électroniques, le réexamen a posteriori de toutes les demandes d’asile, la mise en œuvre d’un fichier central européen. Le journal indique que la CDU/CSU tente encore de convaincre le SPD de renforcer la surveillance des mosquées radicales, de créer des centres de transit aux frontières pour vérifier l’identité des demandeurs d’asile ainsi que leurs éventuelles mentions dans des fichiers nationaux et internationaux. La Süddeutsche Zeitung note que la CSU est la plus active pour demander davantage de vidéosurveillance fixe et embarquée sur les policiers – orientation que refuse notamment l’exécutif régional SPD à Berlin-, avec des systèmes de reconnaissance faciale. Le parti bavarois se montre en outre favorable à l’allongement de la durée de rétention de 4 jours à 1 mois des déboutés du droit d’asile dans les aéroports, à l’enfermement des demandeurs d’asile représentant une menace et au déploiement de la Bundeswehr sur des missions intérieures liées à des situations terroristes.

Les premiers sondages INSA et Emnid publiés depuis les attentats montrent tous une progression de l’AfD (+2,5 points à 15,5% pour INSA et +1 point à 13% pour Emnid) et une baisse du SPD d’un point à 21% (soit son plus bas dans le sondage Emnid depuis que Sigmar Gabriel est chef du parti). Selon les sondages, la CDU est au mieux stable. Pour INSA, elle perd 1,5 point avec un score compris entre 31,5% et 36% selon les instituts. Die Linke est créditée de 11,5% ou 10% des voix. Les Verts sont à 10% et le FDP à 6%.

Dans son commentaire, Bild estime que l’AfD va continuer de faire pression sur le gouvernement fédéral. Exprimant une position largement partagée par les éditorialistes, le tabloïd juge que le gouvernement devra éviter les logiques de surenchères et « préférer la qualité au tempo et l’Etat de droit à la panique » (Bild) pour lutter à la fois contre les terroristes et contre l’extrême-droite. Pour Die Welt, il revient à la chancelière, mise à l’épreuve sur les questions de sécurité intérieure, d’agir au niveau fédéral et de porter si nécessaire les réformes constitutionnelles dans un domaine où la répartition des compétences entre fédération et Länder est en question.

  1. Europe

Interview du président de la Bundesbank dans Bild

Dans une interview au quotidien de Berlin, Jens Weidmann veut rassurer le petit épargnant allemand et affirme que les taux zéro ne constituent pas une situation durable. Le patron de la banque centrale allemande invite les Etats membres à exploiter cette situation favorable pour assainir leurs finances publiques. Il se prononce à nouveau pour que le respect des règles budgétaires par les Etats membres soit examiné par des experts indépendants et non par un organe politique. Alors que les commentateurs allemands se montrent très critiques du sauvetage de la banque Monte dei Paschi di Siena par l’Etat, Jens Weidmann estime que l’argent public doit être utilisé en dernier ressort et que de nombreuses questions restent à clarifier sur ce dossier.

  1. International

« L’hystérie au lieu de la diplomatie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La presse rend compte de la réaction courroucée du gouvernement israélien à l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution condamnant la colonisation dans les Territoires palestiniens. La presse se montre partagée sur la résolution, la Süddeutsche Zeitung juge qu’elle aura probablement peu de conséquences concrètes et s’inquiète d’une surréaction d’Israël qui menacerait durablement la solution à deux Etats. Tout en soutenant la résolution, la Berliner Zeitung estime qu’il ne faut pas sous-estimer le choc que représente cette rupture de tabou en Israël. Le correspondant du Handelsblatt à Jérusalem se montre le plus compréhensif de la réaction de l’Etat hébreu, reprochant au texte du Conseil de sécurité d’être déséquilibré et de ne pas avoir mis en balance la question du Hamas et du risque terroriste pesant sur Israël. Die Welt se scandalise pour sa part de la réaction positive de Frank-Walter Steinmeier à l’adoption de la résolution, n’hésitant pas à accuser le ministre allemand des Affaires étrangères de « trahison » à l’égard d’Israël. Le journal conservateur reproche en outre à Barack Obama un « pied de nez » vain à Netanyahou et à Trump. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung un tel pic de tensions entre Etats-Unis et Israël n’est possible qu’en raison de la période de transition, Benjamin Netanyahou s’adressant désormais à la future administration Trump.

« Kissinger doit éviter une nouvelle guerre froide » (Bild Online).

Le tabloïd croit savoir que Donald Trump pourrait faire d’Henry Kissinger un intermédiaire pour opérer un rapprochement avec Moscou, motivé notamment par la montée en puissance militaire de la Chine. L’ancien secrétaire d’Etat, qui a un accès direct à Vladimir Poutine, plaiderait auprès du président-élu pour lever les sanctions contre la Russie et reconnaître à la Russie une sphère d’influence correspondant aux marches sud-ouest de l’ex-URSS, allant de la Biélorussie au Kazakhstan en passant par l’Ukraine et la Géorgie. H. Kissinger aurait proposé un « master plan » politique et économique pour l’Ukraine dans lequel la Russie retirerait ses troupes de l’Est de l’Ukraine contre le silence de l’Occident sur la Crimée. Les discussions avec les équipes de transition seraient conduites via l’ambassadeur russe à Washington, indique le journal.

Turquie / « ne pas s’y habituer » (Süddeutsche Zeitung)

Le rédacteur en chef de la Süddeutsche Zeitung signe un éditorial invitant l’Allemagne à ne pas devenir indifférente aux 1600 nouvelles arrestations en Turquie la semaine dernière (dont 500 suivies d’incarcération) qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme, relèvent davantage d’une « politique de mise au placard de toute opposition à peu près déterminée ».

« Les entreprises du DAX se préparent à Trump » (Die Welt)

Alors que le Handelsblatt s’inquiète du score médiocre d’entreprises allemandes trop dépendantes de leurs exportations dans le classement des 100 entreprises du monde ayant la plus forte valorisation boursière, Die Welt consacre un article au mouvement de rachats d’entreprises américaines par les entreprises allemandes perçus comme un moyen de contourner des éventuelles mesures protectionnistes à venir de l’administration Trump./.