Synthèse de la presse américaine du 4 Janvier 2017

 

Mercredi 4 janvier 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Election présidentielle française

La candidature de François Fillon fait l’objet de la « une » du Wall Street Journal. Selon le quotidien, celui-ci s’appuie sur le retour en grâce de l’héritage chrétien de la France, qui résulte de « la convergence de différents événements – du mariage pour tous à la menace terroriste » – et qui apparait, aux yeux des électeurs conservateurs, comme un « rempart ». François Fillon « met ainsi à l’épreuve » la « tradition séculaire d’un pays dont l’identité se caractérise pourtant par sa laïcité », estime le journal.

  1. International

Syrie

            Le Washington Post rapporte que, cinq jours après sa mise en place, le cessez-le-feu en Syrie « s’effondre », les forces de Bachar-el-Assad ayant poursuivi les offensives près de Damas. Dans ce contexte, dix groupes de rebelles ont indiqué, le 2 janvier, qu’ils ne participeraient pas aux pourparlers préalables à la conférence d’Astana tant que « le cessez-le-feu n’aura pas complètement été mis en œuvre », dénonçant des violations de l’accord « majeures et fréquentes », ajoute le quotidien.

Irak / Turquie

            Selon l’équipe éditoriale du Washington Post, l’Irak et la Turquie pourraient parvenir à éliminer Daech mais pourraient, dans le même temps, être déstabilisés par les attaques de l’organisation terroriste, d’autant que les deux pays sont fragilisés sur le plan politique. « Le gouvernement de Haider al-Abadi n’a pas, jusqu’à présent, permis la réconciliation politique qu’il promet », estime le quotidien qui ajoute que le parlement irakien a récemment adopté des mesures qui ont encore marginalisé le gouvernement chiite par rapport aux sunnites et aux kurdes. En Turquie, « l’autoritarisme » du président Erdogan a conduit à une « polarisation » politique, de telle que sorte que le pays est au bord de « la crise ». Le journal s’alarme de cette situation qui « met en danger la sécurité du Moyen-Orient et des pays occidentaux » et espère que les dirigeants turc et irakien « adopteront des politiques plus constructives ».

Israël / Palestine

            L’équipe éditoriale de USA Today appelle la communauté internationale à continuer de promouvoir la solution à deux Etats malgré les échecs successifs des négociations de paix. Le quotidien considère en effet qu’il s’agit de la seule option viable pour garantir une paix pérenne au Proche-Orient. Il estime néanmoins qu’il conviendrait de définir, au préalable, des objectifs moins ambitieux, tels qu’un accord entre les Etats-Unis et Israël pour limiter – à défaut d’y mettre un terme – les implantations en Cisjordanie.

A l’inverse, Mario Loyala, ancien conseiller au Sénat et au Pentagone, dénonce de manière virulente la position de Barack Obama dans une longue tribune de la National Review publiée en ligne et estime que les colonies israéliennes ne constituent en aucun cas le principal problème dans les négociations de paix israélo-palestinienne. Il énonce six conditions clefs de ce processus, appelant notamment au « retour d’une réflexion stratégique des Etats-Unis en matière de politique étrangère », exhortant « les Palestiniens à démontrer leur capacité à gérer un Etat de droit » et indiquant qu’il s’agit de « venir à bout de l’extrémisme musulman au Moyen-Orient ».

République démocratique du Congo

Le New York Times exprime son scepticisme au sujet de l’accord négocié en République démocratique du Congo par l’intermédiaire des évêques pour permettre le retour au calme. Le journal rappelle que le président Kabila n’at toujours pas donné son accord aux modalités de la transition politique.

III. Politique intérieure

Donald Trump / Twitter / Congrès

La 115ème ouverture du Congrès américain, qui a fait sa rentrée politique le 3 janvier, est entachée par l’affaire du vote sur la réforme du Bureau de l’éthique du Congrès (OCE). L’ensemble des médias (WP, NYT, Politico, Chicago Tribune) consacrent leurs « unes » à l’impact des tweets de Donald Trump. En effet, les élus républicains de la Chambre des représentants ont fait marche-arrière concernant leur vote, le 2 janvier, à huis clos et sans débat, sur la réforme de l’OCE qui visait à affaiblir considérablement son rôle, après que Donald Trump l’a dénoncé sur Twitter le 3 janvier : « Avec tout ce que le Congrès a à faire, avait-il vraiment à faire de l’affaiblissement de l’organisme indépendant d’éthique, aussi injuste soit-il, leur premier acte et leur première priorité. Concentrez-vous sur la réforme fiscale, le système de santé ou bien d’autres choses beaucoup plus importantes ».

L’équipe éditoriale du Washington Post invite Donald Trump à en tirer les enseignements en s’appliquant à lui-même les exigences de transparence qu’il a formulées à l’endroit du Congrès, rappelant que le président-élu n’a toujours pas communiqué ses déclarations d’impôts et que de multiples questions relatives à de potentiels conflits d’intérêts restent en suspens.

Dans un éditorial, le New York Times précise que Donald Trump n’a toutefois pas condamné la proposition de réforme sur le fond – à l’inverse du quotidien qui fustige les élus républicains, expliquant  l’importance du Bureau de l’éthique du Congrès – mais a seulement déploré le manque de sens des priorités des élus.

En revanche, l’équipe éditoriale du Wall Street Journal livre une virulente critique contre les républicains, dénonçant « l’erreur politique » que constitue leur recul face à la pression des progressistes mais aussi de Donald Trump, jugeant que cela conduit à un « fiasco ». Par ailleurs, le quotidien estime que le Bureau de l’éthique du Congrès est particulièrement critiquable car il « détruit des réputations sans preuve » et déplore les dysfonctionnements de l’organisme.

Enfin, cet épisode démontre l’influence de Donald Trump sur le Grand Old Party ainsi que sa capacité à « saisir l’opinion du peuple » selon le Christian Science Monitor.

Commerce

En « une », le Wall Street Journal évoque les tensions entre Donald Trump et les multinationales en matière de commerce international. En témoigne la décision de Ford d’annuler la construction d’une usine au Mexique pour investir aux Etats-Unis après que le président-élu a critiqué, sur Twitter, les projets de l’entreprise. Les enjeux économiques sont particulièrement importants pour les constructeurs automobiles selon le quotidien qui rappelle la volonté de Donald Trump de renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain. Le Wall Street Journal ajoute que la nomination de Robert Lighthizer confirme le projet de Donald Trump de limiter les importations et suggère que le président-élu « mettra en œuvre ses promesses de campagne dans le domaine du commerce » selon le New York Times, en « une ».

Selon le Washington Post, les prochains hauts responsables de l’administration américaine dans le domaine du commerce – Robert Lighthizer (futur représentant américain au commerce), Peter Navarro (qui prendra la tête du National Trade Council) et Wilbur Ross (prochain ministre du Commerce extérieur) – pourraient être « en rivalité » pour imposer leurs stratégies. En particulier, Wilbur Ross s’est élevé contre le « China bashing » et s’est montré favorable à des accords multilatéraux contre lesquels Donald Trump a fait campagne, note le quotidien.

Autres articles à signaler :

            Le New York Times souligne que 91% des membres du Congrès sont chrétiens selon une étude du Pew Research Center publiée le 3 janvier – un chiffre qui n’a presque pas changé depuis 1961, lorsque 95% des membres du Congrès étaient chrétiens.

Plus de 1100 professeurs de droit cosignent une lettre dans laquelle ils exhortent le Congrès à ne pas confirmer la nomination de Jeff Sessions au poste de ministre de la Justice, dénonçant notamment les poursuites qu’il avait engagées contre des militants pour les droits de l’homme lorsqu’il était procureur fédéral, rapporte le Washington Post.