Synthèse de la presse américaine du 13 anvier 2017

Vendredi 13 janvier 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Déplacement de Marine Le Pen à New York

            De très nombreux articles (WSJ, Newsweek, CNN, Foreign Policy,The Hill, Huffington Post, Bloomberg ainsi que le site d’extrême droite Breitbart) évoquent la présence, le 12 janvier, de Marine Le Pen dans la Trump Tower où réside le président élu et s’interrogent sur les motivations de la présidente du Front national. Foreign Policy n’exclut pas qu’il s’agisse simplement d’une opération de communication.

Autre article à signaler :

            « Renault est la dernière victime des répercussions du scandale Volkswagen », analyse Bloomberg après que le parquet a demandé l’ouverture d’une enquête.

  1. International

Israël – Palestine

            Le site d’extrême droite Breitbart rapporte que « cinq mille personnes se sont réunies à l’extérieur des bureaux de la représentation française auprès des Nations unies pour exprimer leur soutien à Israël à l’approche de la Conférence de Paris sur le Proche-Orient ». (NDLR : seuls environ 200 manifestants étaient en réalité présents selon la RP).

Selon le Washington Post, les Palestiniens s’inquiètent du projet de Donald Trump de déplacer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, un choix qui pourrait avoir « des conséquences catastrophiques » telles qu’une exacerbation des extrémismes.

Etats-Unis – Russie

            Dans une tribune du Washington Post, David Ignatius exhorte la future administration à apporter des réponses à quatre questions majeures que soulève l’affaire des interférences russes lors de la campagne présidentielle américaine : (i) La campagne de Donald Trump a-t-elle encouragé les actions de piratage russes destinées à affaiblir sa rivale, et la Russie est-elle en mesure d’influencer le président élu ? ; (ii) Pourquoi l’administration Obama a-t-elle réagi aussi tardivement à l’immixtion des Russes ? (iii) Quelle a été la nature des échanges entre l’équipe de Donald Trump et les officiels russes sur l’avenir des relations entre Moscou et Washington ? (iv) Dans quelle mesure les services de renseignement russes ont-ils exploité cette affaire plus subtilement qu’on ne l’imagine ?

Etats-Unis – Chine

Lors de son audition, Rex Tillerson a déclaré que les Etats-Unis enverront un « signal  clair » à Pékin pour lui interdire « l’accès » aux îles disputées de mer de Chine du sud. Cette déclaration est de nature à conduire à « une dangereuse confrontation militaire », estime le Wall Street Journal.

Fareed Zakaria, dans une tribune du Washington Post, considère cependant que la dimension entrepreneuriale de la stratégie de Donald Trump vis-à-vis de la Chine, qui met en avant l’importance de la négociation, pourrait en réalité bénéficier à Pékin qui possède aussi de forts leviers de négociation. A l’inverse, le New York Times juge que la nomination de Robert Lighthizer en qualité de représentant au commerce « met Pékin en difficulté », d’autant que « la situation n’est pas au beau fixe » en Chine « l’économie ralentit ».

Etats-Unis – Cuba

Les médias (WP, NYT, WSJ) rapportent la décision de l’administration américaine de mettre fin au régime spécial dont bénéficiaient les immigrants cubains dans la perspective de la poursuite de la normalisation des relations entre La Havane et Washington.

III. Politique intérieure

Auditions des membres de la future administration devant le Sénat

            A l’occasion des auditions des principaux responsables de la future administration américaine, les médias (WP, NYT, WSJ) soulignent tous, en « une », que ceux-ci prennent leurs distances par rapport à Donald Trump sur des orientations clefs de politique étrangère, de sécurité ou de défense.

Par exemple, s’agissant de la proposition de campagne de Donald Trump d’interdire aux Musulmans l’accès au territoire américain, le candidat au poste de secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, a indiqué devant le Sénat qu’il n’était pas favorable à un rejet en bloc d’un groupe ciblé de personnes. Par ailleurs, l’équipe éditoriale du Washington Post déplore le manque de clarté, voire l’ambiguïté, des déclarations de Rex Tillerson devant le Sénat. Selon le quotidien, « l’ancien PDG d’Exxon Mobil pense qu’il y a une incompatibilité entre la défense des droits de l’Homme sur la scène internationale et le maintien de liens avec les alliés des Etats-Unis » – tels que les Philippines et l’Arabie Saoudite. En revanche, Mario Loyala publie en ligne une tribune dans la National Review pour exprimer son soutien à Rex Tillerson, « un bon choix pour la diplomatie américaine ».

S’exprimant sur la question des interférences russes au cours de la campagne, le futur directeur de la CIA, Mike Pompeo, a ouvertement dénoncé « l’action agressive de hauts responsables russes ».

Concernant l’accord sur le nucléaire iranien, James Mattis – qui devrait prendre la tête du ministère de la Défense – a estimé que les Etats-Unis devaient respecter leur engagement. L’équipe éditoriale du New York Times juge « encourageante » cette prise de distance, prenant acte de la capacité de Donald Trump à nommer « un secrétaire à la Défense qui a une forte personnalité et qui est susceptible de s’opposer, le cas échéant, à la Maison-Blanche ». Le quotidien juge ainsi opportune la décision du Sénat de lever, dans le cas du général Mattis, la règle qui interdit aux anciens militaires de diriger le Pentagone durant sept ans après le début de leurs retraites.

En matière d’immigration et de protection des frontières nationales, le prochain ministre de la Sécurité intérieure, John Kelly, a relativisé l’intérêt de la construction d’un mur à la frontière mexicaine en affirmant qu’une « barrière physique » ne suffirait pas.

Rapportant ces désaccords en « une », le New York Times s’étonne que les candidats du président élu émettent des points de vue « en opposition directe avec certaines des déclarations les plus importantes de la campagne de Donald Trump ». En revanche, l’équipe éditoriale du Wall Street Journal considère que ces divergences d’appréciation entre le président élu et les futurs membres de son administration démontrent que Donald Trump a choisi « des hommes et des femmes qui savent ce qu’ils veulent ». Le quotidien y voit aussi une marque d’ouverture d’esprit de la part d’un président élu qui admet la contradiction. « Cela devrait rassurer le peuple américain », conclut le journal. S’exprimant sur Twitter le 13 janvier, Donald Trump a d’ailleurs encouragé les membres de sa future administration à exprimer leurs points de vue, quitte à ce qu’ils ne soient pas conformes aux siens.

Future administration

L’équipe éditoriale du New York Times condamne la décision du président élu de nommer son gendre, Jared Kushner, au poste de haut conseiller. Selon le quotidien, il s’agit d’une violation de la loi fédérale américaine anti-népotisme et de la démonstration que Donald Trump fait fi des dangers du népotisme autant que des problèmes de conflits d’intérêts.

Le New York Times et NPR rapportent que l’ancien maire de New York Rudy Giuliani jouera un rôle non officiel de conseiller en matière de cybersécurité. A ce sujet, Donald Trump a annoncé qu’il constituerait un panel d’experts qui aura pour mission de lui livrer, dans un délai de 90 jours, une stratégie de lutte contre les cyberattaques.

Ouverture d’une enquête sur le directeur du FBI

Les médias (WP, NYT) rapportent, en « une », que l’inspection générale du ministère de la Justice a ouvert une enquête sur les conditions dans lesquelles le directeur du FBI a mené des investigations dans l’affaire des courriels d’Hillary Clinton. Il s’agit de déterminer si James Comey a « violé les règles gouvernementales » lorsqu’il a informé, de manière publique, le Congrès de la réouverture de l’enquête peu de temps avant l’élection, précise le Wall Street Journal. L’équipe éditoriale du quotidien estime que le prochain ministre de la Justice doit demander à James Comey de démissionner, « pour le bien du FBI ».