Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

16 janvier 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le tabloïd Bild publie une interview du prochain président américain (« Trump parle dans Bild»). La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre ses gros titres aux dernières révélations sur l’auteur de l’attentat terroriste de Berlin, Anis Amri, qui aurait été conduit jusqu’à Berlin par un agent infiltré. Le journal note que la « CDU/CSU s’oppose à la mise en place d’une commission d’enquête spéciale sur le dossier Amri » demandée par le SPD, car les conservateurs préfèrent que les éventuelles défaillances des services de sécurité soient examinées dans le cadre du contrôle parlementaire traditionnel. La Süddeutsche Zeitung relève quant à elle que le parti conservateur bavarois, prenant ses distances avec la CDU, souhaite que les excédents budgétaires financent une baisse immédiate des impôts, sans attendre les élections fédérales et la prochaine législature (« la CSU cherche la dispute avec Schäuble »). Die Welt met à sa Une la démission de la CDU d’une parlementaire, ancienne présidente de la fédération des expulsés allemands (des ex-provinces orientales et d’Europe de l’Est), opposée à la politique migratoire de Mme Merkel : « Erika Steinbach et la CDU : une démonstration d’inaptitude réciproque ». Der Tagesspiegel note que « la coalition au pouvoir dans la ville-Etat de Berlin se déchire sur le cas Holm », nom du secrétaire d’Etat de Die Linke ayant travaillé pour la Stasi que son parti refuse d’exclure en dépit des pressions du maire SPD de la ville en ce sens. Le quotidien des affaires Handelsblatt indique que les retards dans le déploiement de l’infrastructure internet haut débit en Allemagne conduit l’opérateur Deutsche Telekom à changer sa stratégie (« retrait par rapport à l’approche en solitaire »).
  2. International

Interview de Donald Trump dans Bild

Dans un long entretien accordé conjointement au tabloïd Bild et au quotidien britannique The Times, le futur président américain est interrogé sur divers sujets.

Interpellé sur ses origines allemandes, il déclare aimer l’Allemagne et en être fier, puis invité à donner son opinion sur la chancelière, il déclare ne l’avoir jamais rencontrée, mais la respecter. Il ajoute toutefois qu’en politique migratoire elle a fait une erreur « extrêmement catastrophique et grave ». Selon lui, Mme Merkel est « de loin l’un des chefs de gouvernement les plus importants en Europe » et face à une Allemagne « pour qui l’Union européenne comme d’un moyen au service d’une fin », la Grande-Bretagne a eu raison de prendre la décision du Brexit. Rappelant qu’il a soutenu le Brexit, il fait état de sa compréhension pour la volonté britannique de conserver son identité et indique que c’est la crise migratoire qui est responsable du Brexit, ajoutant que d’autres pays vont suivre cet exemple. A la question de savoir s’il vaut mieux pour les Etats-Unis une UE forte ou des Etats nationaux forts, il répond : « ça m’est indifférent. Je ne crois pas que cela joue un grand rôle pour les Etats-Unis ».

Interrogé sur l’OTAN, il la juge dépassée, obsolète, car elle ne s’est pas occupée du terrorisme, et parce que les contributions des alliés sont faibles. Indiquant comprendre les craintes des pays d’Europe de l’Est et se voulant rassurant sur l’intention de son pays de continuer à garantir leur sécurité, il ajoute néanmoins que certains d’entre eux ne paient pas leur contribution, ce qui est « déloyal vis-à-vis des Etats-Unis ».

Définissant la lutte contre Daech comme sa priorité, il évoque la possibilité de restreindre les entrées de ressortissants de l’UE aux Etats-Unis pour les parties de l’Europe où il y a des problèmes (liés au risque terroriste).

Sur la Syrie, il fait valoir qu’une chance n’a pas été saisie au moment où les Etats-Unis avaient défini une ligne rouge à ne pas dépasser et juge qu’il il aurait fallu mettre en place  des safe zones dans le pays, payées par les Etats du Golfe. Il évoque aussi l’intervention américaine en Irak comme l’origine du chaos dans la région.

A la question de savoir s’il fait plutôt confiance à Merkel ou à Poutine, il répond faire confiance aux deux et juge sur la question des sanctions qu’il faut voir si l’on peut faire de bons deals avec la Russie. « Je crois qu’il faut réduire le nombre d’armes nucléaires et ça en fait partie », ajoute-t-il.

Dans un long développement sur la future politique économique qu’il entend mettre en œuvre, D. Trump déclare regretter de voir des Mercedes partout sur la 5e avenue, mais pas de Chevrolet en Europe. « C’est à sens unique. Il faut que ça fonctionne dans les deux sens », insiste-t-il avant de mettre en garde à propos du projet d’usine de BMW au Mexique : « je dis à BMW, si vous voulez construire une usine au Mexique pour vendre aux USA sans payer de droits de douanes, oubliez tout de suite ».

Enfin, il refuse de s’exprimer sur le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem, indiquant « on verra ».

Conférence de Paris sur le Proche-Orient : « une représentation sans les premiers rôles » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Si la Süddeutsche Zeitung se montre plutôt positive sur l’importance et le bien-fondé d’un large consensus international en faveur de la solution à deux Etats à quelques jours de l’investiture de Donald Trump, les journaux font majoritairement preuve de résignation, voire de fatalisme sur les effets à attendre de la conférence sur la paix au Proche-Orient. « Comment parvenir à désamorcer un conflit en l’absence des belligérants ? », s’interroge ainsi le Tagesspiegel relevant un fait souligné par l’ensemble des quotidiens. « Le fait que la conférence se tienne à quelques jours du changement de pouvoir à Washington souligne son caractère purement déclamatoire et avant tout symbolique », estime Die Welt, les Européens cherchant à envoyer au futur président américain un signal qui risque de ne pas beaucoup l’impressionner. Conformément à sa ligne pro-israélienne, le journal considère que la rencontre de Paris présente en outre l’inconvénient de « conforter les Palestiniens dans leur stratégie d’obstruction consistant à mobiliser la communauté internationale aux fins d’isoler Israël au lieu de miser sur le dialogue direct avec le gouvernement israélien ».

Mettant en évidence une opposition de B. Netanyahou à la solution à deux Etats, la presse juge que le gouvernement israélien mise à présent sur l’aide de Donald Trump pour la légalisation des colonies (tageszeitung). De l’avis du Handelsblatt, il est temps de mettre un terme aux « palabres » sur la solution à deux Etats et de développer de nouvelles idées et stratégies, les négociations sur la fin du conflit au Proche-Orient devant être intégrées dans un contexte plus large s’appliquant à l’ensemble du Proche-Orient, mais cette chance, regrette paradoxalement le journal, n’a pas été saisie à Paris. Les journaux relèvent dans ce contexte l’intention du futur président américain de déménager l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. La FAZ indique que le ministre allemand des affaires étrangères a mis en garde contre ce projet, y voyant un « risque de nouvelle escalade ». Citant également le Ministre qui a évoqué de « graves conséquences », le journal juge en conclusion que les Européens, qui n’ont su opposer depuis des années que des critiques verbales à l’encontre de la construction de colonies, ne doivent pas s’étonner des annonces de D. Trump.

  1. Europe

Interview de Philip Hammond dans Die Welt am Sonntag

Dans un entretien à l’édition dominicale de Die Welt, le chancelier de l’échiquier menace l’Union européenne de changer de modèle économique en Grande-Bretagne pour le cas où l’accès au marché intérieur lui serait refusé après le Brexit. Il laisse entendre que pour ne pas perdre en compétitivité, la Grande-Bretagne pourrait être amenée à revoir sa politique fiscale. Il précise que le plein contrôle par Londres de son immigration est une « ligne rouge » britannique.

  1. France

Interview de Bruno Le Maire dans Bild et d’Emmanuel Macron dans Die Welt am Sonntag

Dans son édition de samedi, Bild publie une interview de Bruno Le Maire que le journal présente comme possible ministre des affaires étrangères en cas de victoire de François Fillon et Die Welt am Sonntag publiait hier, en plus d’un dossier sur les réseaux de Marine Le Pen et du Front National, un entretien avec Emmanuel Macron./.