Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

17 janvier 2017

Ce document est à  usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’interview de Donald Trump dans Bild hier fait les gros titres de la presse : « Trump met en cause l’ordre issu de l’après-guerre » (Süddeutsche Zeitung) ; « une interview et ses conséquences »  (Die Welt) ; la Frankfurter Allgemeine Zeitung note la réaction de la chancelière : « les Européens ont leur destin entre leurs mains » ; le quotidien des affaires Handelsblatt rapporte pour sa part que le constructeur automobile bavarois BMW n’a pas l’intention de changer ses plans d’investissement au Mexique (« BMW défie Trump »). La presse berlinoise, à l’instar du Tagesspiegel titre sur la crise au sein de la coalition au pouvoir dans la ville-Etat (« pour [le maire de Berlin] Michael Müller, le début de la coalition SPD-Die Linke-Verts est planté ».
  2. Allemagne

Suites de l’enquête sur l’attentat terroriste du 19 décembre à Berlin : « Amri était fiché comme ‘combattant étranger’ » (Bild)

L’ensemble de la presse fait état du rapport rendu public par les ministères fédéraux de l’intérieur et de la justice indiquant que l’auteur de l’attentat du marché de Noël, Anis Amri, a été placé sous surveillance entre avril et septembre 2016, puis fiché comme terroriste (foreign fighter) en octobre 2016, avant que les services de sécurité ne décident le 2 novembre dernier qu’il ne représentait pas de danger concret. Le Tagesspiegel et la Süddeutsche Zeitung ajoutent qu’au moment de son fichage au mois d’octobre, les services de renseignement marocains ont mis en garde les autorités allemandes contre Anis Amri comme membre de Daech désireux de combattre en Syrie, en Irak ou en Libye. Les journaux indiquent que l’instance parlementaire de contrôle des services de renseignement a mis en place une task-force destinée à faire la lumière notamment sur une éventuelle collaboration d’Anis Amri avec les services allemands de renseignement, ainsi que sur les raisons qui ont conduit à le laisser en liberté alors qu’il était soupçonné de plusieurs délits (trafic de drogue, violence corporelle ou encore fraude). Le président de l’instance parlementaire de contrôle des services de renseignement a fait valoir que cette task-force serait davantage en mesure de livrer rapidement des conclusions qu’une commission d’enquête parlementaire.

  1. International

Réactions à I’interview de Donald Trump dans Bild

Les réactions officielles et les commentaires de presse suite à l’entretien publié hier par le tabloïd Bild dominent aujourd’hui l’actualité. Titrant sur les propos de la chancelière (« les Européens ont leur destin entre leurs mains »), la FAZ fait part de l’attitude réservée de Mme Merkel qui a déclaré attendre l’investiture du futur président américain et fait valoir qu’elle va continuer à faire en sorte que les 27 continuent à travailler ensemble. Le journal note que parmi les ministres européens des affaires étrangères, les remarques de Trump sur l’OTAN ont créé des « irritations », plusieurs d’entre eux y voyant en tout cas une incitation pour les Européens à coopérer plus étroitement, le ministre allemand des affaires étrangères estimant central pour les partenaires européens que les relations transatlantiques amicales ne perdent pas de leur importance.

A l’instar de la Süddeutsche Zeitung pour qui « « Trump met en cause l’ordre issu de l’après-guerre » (en qualifiant l’OTAN d’obsolète, en jugeant que l’UE ne profite qu’à l’Allemagne et que la politique migratoire de la chancelière est une catastrophe), les journaux font largement part de leur inquiétude face à un président pour qui « les valeurs universelles fondamentales, les normes et principes qui régissent le monde libre semblent ne plus jouer aucun rôle » (Die Welt). « Mme Merkel va devoir se préparer au fait que le lien transatlantique qui constituait jusqu’ici l’épine dorsale de la politique étrangère allemande se retrouve entièrement réévalué », observe la Süddeutsche Zeitung. « A quelques jours de son investiture, D. Trump suscite à la fois les attentes les plus fortes et les craintes les plus grandes », écrit la FAZ qui s’inquiète avant tout de l’avenir du lien transatlantique et des conséquences qu’impliquerait pour la sécurité et la stabilité de l’Europe un désengagement américain de l’OTAN. Prenant au sérieux les propos de D. Trump, le journal appelle les Européens à se préparer à l’hypothèse où le président américain « ferait exactement ce qu’il dit ».  Dans un second commentaire en pages économiques intitulé « le faiseur de deals », le quotidien de Francfort se montre toutefois plus mesuré et juge que « la franchise avec laquelle Trump appelle les choses par leur nom est aussi déroutante que rafraîchissante ». Agissant en chef d’entreprise désireux d’obtenir le deal le plus favorable, Trump se soucie peu des règles et conventions. Au lieu de le déplorer, ses détracteurs en Europe devraient plutôt s’y faire. L’UE n’agit-elle pas de même en faisant constamment fi de ses règles, dans le but par exemple de sauver l’euro ou de faire de nouvelles dettes ? », interroge le journal qui met toutefois en garde contre les tentations de repli protectionniste du futur président américain, qu’il juge nuisible sur le long terme pour la concurrence et le consommateur. Les incertitudes liées à la future politique économique américaine guident également le propos du tabloïd Bild pour qui à terme D. Trump « risque de détruire ce qui a fait la grandeur de l’Amérique, à savoir le commerce international et la concurrence entre les biens et les idées ». Face à un tel risque qu’il met en parallèle avec le Brexit, Die Welt estime qu’il n’y a qu’une seule réponse : faire preuve d’ambition en se montrant ouvert, innovant, créatif, courageux et « défendre bec et ongles ses intérêts ». Voyant dans l’arrivée de Donald Trump une sorte de « remise des compteurs à zéro», la Süddeutsche Zeitung entrevoit le risque que la politique façon Trump, faite de deals ponctuels obéissant à une logique économique de coût et profit, contribue à polariser et diviser les Européens au lieu de les unir. Pour le journal, les propos du futur président américain sur la manière dont l’Allemagne instrumentaliserait l’Europe et ses éloges du Brexit trahissent sa propension à jouer des intérêts nationaux, ce qui s’avère particulièrement dangereux pour l’UE. « Si la communauté de valeurs que représente l’Union européenne n’est pas en mesure de lui opposer un front uni, alors elle est condamnée », juge le quotidien qui conclut sur l’idée que le travail en vue du maintien du lien transatlantique va davantage devoir se faire dans les capitales européennes qu’à Washington./.