Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

18 janvier 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La décision de la Cour constitutionnelle allemande de ne pas interdire le parti néonazi NPD fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Karlsruhe rejette l’interdiction du NPD demandée par le Bundesrat »), de la Süddeutsche Zeitung et de la tageszeitung (« Karlsruhe refuse d’interdire le NPD »). Le discours de Theresa May sur le Brexit est à la Une de Die Welt (« Theresa May rompt avec l’UE ») et du Handelsblatt (« à la dure »).  Der Tagesspiegel titre sur le nouveau retard annoncé dans l’ouverture du nouvel aéroport de Berlin (« nouveaux problèmes – BER n’est pas en mesure de commencer ses activités en 2017 »).
  2. Allemagne

« Karlsruhe rejette l’interdiction du NPD demandée par le Bundesrat » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Tous les journaux commentent l’arrêt très attendu de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui avait été saisie en 2013 par le Bundesrat d’une demande d’interdiction du parti d’extrême droite néo-nazi NPD. La presse souligne que pour la seconde fois (après une première tentative d’interdiction en 2003), la Cour a rejeté la demande au motif que si le NPD poursuit  certes des objectifs anticonstitutionnels, « il n’y a actuellement pas d’éléments concrets de poids laissant penser que son action puisse être couronnée de succès ».

Jugeant surprenant l’arrêt rendu dans un contexte de montée des populismes en Europe, plusieurs quotidiens désapprouvent la position défendue par les juges constitutionnels. Le Handelsblatt souligne ainsi le « paradoxe » en vertu duquel le NPD échappe à une interdiction du seul fait qu’il est moribond. Estimant qu’il s’agit d’un lourd revers infligé aux 16 Länder allemands à l’origine de la demande d’interdiction, le journal s’étonne que Karlsruhe retourne dans le cas du NPD l’argumentation utilisée pour justifier l’interdiction en 1956 du parti communiste KPD. La Cour avait à l’époque privilégié les visées antidémocratiques du parti et non pas ses chances ou non de succès. Pour la Süddeutsche Zeitung, particulièrement critique, l’arrêt rendu signifie que « si le NPD obtenait lors des scrutins les scores que réalise actuellement l’AfD, les juges auraient pris la décision de l’interdire. Reprochant à Karlsruhe d’avoir pris appui sur le critère du nombre, le quotidien fait valoir qu’« une démocratie qui ne commence à se défendre qu’au moment où la situation devient réellement dangereuse est une démocratie naïve et non pas en mesure de se défendre ». De l’avis de la Süddeutsche Zeitung, interdire le NPD aurait été une mesure bienvenue de « prévention », à valeur de « signal en direction de toutes les dérives populistes agressives d’extrême droite ». Pour la FAZ et Die Welt, Karlsruhe a fait preuve de « courage » en faisant droit à la liberté au lieu de la censure, mais aussi de « légèreté » (Die Welt) et il n’y a pas de quoi triompher après une telle décision (FAZ). Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung estime en revanche que Karlsruhe a pris la bonne décision car une interdiction n’aurait rien changé à une situation où certains arguments jadis défendus par le NPD sont aujourd’hui repris par des responsables du parti AfD. Considérant que cette issue juridique était « prévisible », le tabloïd Bild appelle les responsables politiques à prendre des mesures législatives pour couper les subsides au parti, au motif qu’une telle démarche serait plus efficace que toute interdiction.

  1. Europe

« Theresa May veut une rupture claire avec l’UE » (Süddeutsche Zeitung)

A l’instar de la FAZ qui écrit « Brexit signifie exit », plusieurs journaux estiment que le discours de Theresa May a le mérite de la clarté sur les intentions du Royaume-Uni, plusieurs journaux s’inquiètent toutefois du choix de Mme May d’un Brexit dur. « La pleine confrontation. Voilà qui semble être devenu la maxime de Theresa May », écrit la tageszeitung qui en veut pour preuve les « exigences maximales » formulées par la Première ministre britannique envers l’Union européenne. Jugeant nocif cette politique de confrontation et doutant de ses capacités d’aboutir, le journal déplore qu’au lieu de fournir aux Britanniques une explication de texte, Theresa May ait préféré un discours d’une tonalité « nationaliste maximale ». La Berliner Zeitung regrette elle aussi un discours qui est allé « au-delà des pires attentes que l’on pouvait avoir ». « Dans son argumentation en faveur d’un Brexit dur, Theresa May fait sienne la rhétorique anti-européenne du parti Ukip », relève le journal pour qui au lieu de chercher à « limiter les dommages causés par le Brexit, Mme May opte sciemment pour encore plus de casse ». « Des temps difficiles s’annoncent pour les Britanniques », conclut le journal. « Au regard de cette météo politique de gros temps, il faut une foi inébranlable pour arriver à voir dans ce solo britannique la valorisation future de l’intérêt national et non l’affaiblissement à la fois de la Grande-Bretagne et de l’UE », écrit dubitative la FAZ pour qui il revient à présent à Londres et aux 27 de veiller à ce que leur séparation ne tourne pas à une « guerre des roses ». Die Welt souligne le goût du risque et l’habileté politique de T. May à qui, après un tel discours, on ne peut reprocher de « faire les choses à moitié ». Ceci étant, le journal convient également que l’avenir va dépendre de « l’habileté des Européens à négocier », une tâche complexe car il ne s’agit « pas de marquer des points contre la Grande-Bretagne, mais de garantir la paix et la prospérité en Europe ». Pour la Süddeutsche Zeitung, il revient aux  Européens de faire monter les enchères. « Celui qui décide de quitter le club doit aussi en ressentir les conséquences, sinon c’en est fini de l’attractivité de l’UE », juge le journal pour qui un prix modéré de sortie de l’UE comporte le risque de « pousser d’autres pays à suivre l’exemple britannique de repli dans la coquille nationale ».

Projet de fusion Deutsche Börse/LSE : « quand les avantages tournent au désavantage » (Handelsblatt)

Alors que selon Die Welt, le leader mondial de la gestion d’actifs Blackrock a fait connaître son soutien à une fusion rapide des bourses de Londres et de Francfort, le Handelsblatt croit savoir que des tensions apparaissent entre les deux bourses en raison d’une étude commandée par la Deutsche Börse démontrant que la place de Francfort serait la grande gagnante de la fusion./.