Synthèse de la presse américaine du18 Janvier 2017

 

Mercredi 18 janvier 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Brexit

Le discours qu’a prononcé Theresa May sur le Brexit le 17 janvier fait la « une » des médias. Selon le Wall Street Journal, la Première ministre britannique souhaite une « rupture définitive » entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, que le Washington Post qualifie de « divorce ». « En annonçant clairement la sortie de Londres du marché unique, Theresa May met fin à l’indécision qui semblait la caractériser depuis son arrivée au pouvoir et à l’incertitude qui en résultait », note l’équipe éditoriale du New York Times. Dans un éditorial, Bloomberg nuance cette analyse, estimant la marge de négociation de Theresa May limitée et évoquant la menace d’une délocalisation du secteur de la finance hors de Londres.

Etat de l’Europe

            « L’Europe est en difficulté ». Tel est le titre d’une tribune de Sebastian Mallaby publiée par le Washington Post dans laquelle il appelle les observateurs à « prendre au sérieux et non littéralement » les remarques de Donald Trump sur l’Europe. Si celles-ci semblent « excessives et confuses », elles s’avèrent pourtant pertinentes, juge le spécialiste des questions économiques du Council on Foreign Relations. Evoquant les « malaise » de l’Europe continentale dont témoigne la montée des mouvements d’extrême-droite, il déplore que l’Europe ne prenne pas acte de ses échecs. Il estime aussi qu’Angela Merkel, en s’opposant aux mesures qui auraient pu relancer la croissance européenne – telles qu’un stimulus budgétaire et une recapitalisation des banques –, a « semé les germes d’une réaction populiste ».

Dans une tribune du New York Times, Ivan Krastev attribue, pour sa part, l’essor des populismes européens aux dysfonctionnements de systèmes dits méritocratiques. Selon lui, cette faillite de la méritocratie se traduit par une rupture entre l’élite et le peuple, le peuple ayant le sentiment d’être dirigé par une élite déloyale car détachée du sentiment d’appartenance nationale.

  1. International

Relations transatlantiques / OTAN

« L’alliance occidentale est en danger », s’alarme l’équipe éditoriale du Washington Post après l’interview de Donald Trump au Bild et à The Times, dans laquelle le président élu s’est dit indifférent aux questions liées à l’unité européenne et jugeant l’OTAN « obsolète ». Déplorant ces remarques, le quotidien espère qu’il écoutera les membres de son administration, dont James Mattis, le futur secrétaire à la Défense, selon lequel « il faudrait créer l’OTAN si elle n’existait pas aujourd’hui ». Cet avis est partagé par William Galston dans une tribune du Wall Street Journal. Selon l’équipe éditoriale du New York Times, les déclarations de Donald Trump, préjudiciables à l’OTAN, sont de nature à « renforcer Moscou ». Dans ce contexte, le quotidien souligne la réaction du ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault qui estime que « les Européens doivent demeurer unis ».

Faisant suite à l’interview de Donald Trump, le général français Denis Mercier – commandant allié Transformation de l’Otan – a partagé un avis similaire à celui du président élu, faisant sien le terme « obsolète », remarquent le Wall Street Journal et le Washington Post.

Syrie

A deux jours de la fin de son mandat, Barack Obama hésite à prendre la décision d’armer les combattants syriens kurdes pour reprendre Raqqa. Si le président Obama décidait de laisser cette décision à la prochaine administration, « l’opération visant à reprendre Raqqa pourrait être retardée de plusieurs mois et signifierait que Barack Obama laisserait les Etats-Unis sans stratégie claire pour récupérer ce bastion de l’organisation terroriste ».

Le Wall Street Journal indique que Daech s’est emparée d’une zone riche en hydrocarbures que le régime syrien contrôlait. Le quotidien souligne néanmoins que l’organisation terroriste perd, dans l’ensemble, du terrain. Par ailleurs, le quotidien rapporte que le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov souhaite qu’un représentant de l’administration Trump soit présent lors des pourparlers sur la Syrie qui auront lieu le 23 janvier à Astana. Il espère que « les discussions seront plus productives qu’elles ne l’étaient avec le président Obama ».

En « une », Foreign Policy évoque la rencontre secrète de l’élue démocrate de la Chambre des représentants Tulsi Gabbard avec des officiels syriens à Damas ; la représentante est « opposée à un changement de régime en Syrie ».

Davos

            La participation de Xi Jinping au Forum de Davos fait la « une » des médias. Le Wall Street Journal souligne que le président chinois « loue les mérites de la mondialisation » et met en garde contre les dangers du protectionnisme – un message envoyé à Donald Trump, commente le quotidien. Livrant une analyse similaire, le New York Times ajoute que le dirigeant chinois a dépeint son pays comme « un acteur du monde responsable qui souhaite contribuer à la poursuite de l’intégration économique à l’échelle internationale ».

Commerce international

Le Wall Street Journal rapporte que des groupes agroindustriels déploient actuellement des efforts de lobbying importants pour convaincre Donald Trump de « sauver l’accord de partenariat transpacifique ».

III. Politique intérieure

Donald Trump

Les médias (WP, NYT, WSJ) évoquent tous la faible popularité de Donald Trump (40%) à deux jours de son investiture, qui contraste avec la popularité de Barack Obama (60%). « Pas de lune de miel pour le futur président », note le Wall Street Journal. Le New York Times moque même le président élu qui « surpasse tous ses prédécesseurs » en battant un record d’impopularité, le jugeant « mal aimé ». « Isolé, Donald Trump attend dans sa tour new yorkaise », ajoute le Washington Post.

Dans une tribune du Washington Post, Dana Milibank estime que l’accès des journalistes à la Maison-Blanche est un emblème de la démocratie américaine et déplore que Donald Trump songe à mettre un terme à l’exercice de presse quotidien, organisé depuis des dizaines d’années et qui permet aux citoyens, par le biais des journalistes, de demander des comptes à leurs dirigeants.

En « une », le Wall Street Journal souligne que le dollar baisse depuis un mois, à la suite des déclarations de Donald Trump qui s’était dit favorable à une monnaie « moins forte ».

CIA

Dans une tribune du Washington Post, David Ignatius s’interroge sur l’avenir de la CIA sous la présidence de Donald Trump et souligne la contribution de John Brennan à la modernisation de l’agence, qui avait suscité « une mini-rébellion de la part des agents qui pensaient que le directeur de la CIA souhaitait mettre un terme à leur culture de la clandestinité ».

Autre article à signaler :

La grâce de Chelsea Manning – condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis des documents confidentiels à WikiLeaks – qu’a accordée le président Obama le 17 janvier fait la « une » des médias (WP, NYT). L’équipe éditoriale du Wall Street Journal dénonce cette « clémence politiquement correcte destinée à satisfaire le lobby transgenre ». Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un processus qui a conduit à la grâce de plus de soixante personnes.