Synthèse de la presse américaine du19 Janvier 2017

Jeudi 19 janvier 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Election présidentielle française

Dans un article consacré à la stratégie de campagne de la présidente du Front national, le Wall Street Journal estime que Marine Le Pen cherche à faire de l’élection présidentielle française un référendum sur l’Union européenne afin de « libérer la France de la tutelle de l’Euro ». Le quotidien souligne que seule une minorité des Français se dit favorable à ce projet. Qualifiée de « femme d’extrême-droite qui revendique son populisme » par Voice of America, Marine Le Pen fait course en tête selon un sondage de Cevipof dont Bloomberg se fait l’écho.

Foreign Policy consacre un portrait à Emmanuel Macron, « l’homme politique français qu’attend l’Europe ».

Brexit

L’équipe éditoriale du Wall Street Journal loue le discours de Theresa May sur le Brexit, estimant que son projet de rupture vis-à-vis de l’Union européenne « fait sens » et indiquant qu’elle ouvre « un nouveau et grand chapitre de l’autonomie gouvernementale qui devrait réussir aux Britanniques ».

Etats-Unis – Europe

Dans un long article, le Washington Post se demande si les liens transatlantiques résisteront à la présidence de Donald Trump, ajoutant que « les incertitudes sur l’avenir de la relation entre l’Europe et les Etats-Unis renforcent la crise identitaire européenne ».

  1. International

Diplomatie américaine

Dans une tribune du New York Times intitulée « Ce que nous avons réussi », le secrétaire d’Etat John Kerry défend l’action diplomatique de la présidence Obama, évoquant tour à tour : l’engagement stratégique et militaire de Washington dans la lutte contre Daech ; l’accord sur le nucléaire iranien ; la gestion de la crise de 2014 entre la Russie et l’Ukraine ; le renforcement des capacités de l’OTAN dans les pays Baltes et d’Europe centrale ; la défense du droit international en mer de Chine ; la normalisation des relations avec Cuba ; et la fin de la guerre civile en Colombie. S’agissant de la controverse provoquée par l’abstention de Washington au Conseil de sécurité des Nations unies lors du vote d’une résolution condamnant la politique israélienne de colonisation, John Kerry réaffirme « la légitimité des Etats-Unis à promouvoir une solution à deux Etats ». En outre, il assure que, s’agissant de la Syrie, « toutes les solutions viables ont été envisagées » et « demeure convaincu que les autorités doivent tout faire pour atteindre des objectifs de politique étrangère par d’autres moyens que la guerre ». Cette tribune est aussi l’occasion pour John Kerry d’attaquer Donald Trump : « Les résultats de la diplomatie ne sauraient être réductibles à 140 caractères », lance-t-il. « La diplomatie requiert de la créativité, de la patience et un engagement constant », ajoute-t-il. Enfin, le verre est à moitié plein pour John Kerry selon lequel la prochaine administration « dispose d’énormes avantages pour faire face aux défis qui demeurent » : l’armée et l’économie les plus fortes au monde ainsi qu’une stratégie diplomatique qui a permis à Washington « d’avoir le vent dans le dos ».

En revanche, Foreign Policy déplore l’échec de la politique étrangère de Barack Obama. Le New York Times estime, dans un article critique, que la situation au Sud Soudan témoigne d’ailleurs « des limites de la diplomatie américaine » dont la stratégie est « en miettes ». Alors que des dizaines de milliers de personnes y ont été tuées, Samantha Power n’a pas été en mesure de persuader le Conseil de sécurité des Nations unies d’imposer un embargo sur les armes et des sanctions contre les dirigeants du pays, note le quotidien.

            « Stare decisis ». Telle est la recommandation de politique étrangère qu’adresse le président du Council on Foreign Relations à la prochaine administration dans une tribune du Wall Street Journal. Selon Richard Haas, la règle du précédent s’impose aussi en diplomatie. Il appelle Donald Trump à faire preuve de prudence car « toute volte-face de politique étrangère est de nature à déconcerter les alliés et à donner du courage aux adversaires », craignant que le président élu ne revienne sur l’accord sur le nucléaire iranien et qu’il ne déplace l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. « La constance et la fiabilité sont deux attributs essentiels d’une grande puissance », affirme-t-il.

Ordre mondial

A Davos, Joe Biden a accusé Vladimir Poutine de chercher à « fracturer l’ordre international », relève le Wall Street Journal. Le quotidien ajoute que le vice-président des Etats-Unis a indirectement répondu aux critiques de Donald Trump en défendant l’OTAN, les institutions internationales ainsi que l’Union européenne. Par ailleurs, le chef d’Etat-Major des armées des Etats-Unis Joseph Dunford a exprimé son scepticisme après que le président élu a estimé que l’OTAN devait axer ses efforts sur la lutte contre le terrorisme, ajoute le quotidien.

Syrie

Selon le Wall Street Journal, la coalition menée par les Etats-Unis en Syrie a rassemblé des forces suffisantes, estimées à 23000 soldats, pour reprendre Raqqa. Le quotidien évoque aussi « la première opération conjointe de la Russie et de la Turquie » en Syrie où des bombardements aériens ont été menés au nord du pays le 18 janvier.

Gambie

            Le New York Times et le Wall Street Journal s’inquiètent de l’hypothèse d’un « conflit sanglant » après que le Nigéria, le Sénégal, le Ghana, le Togo et le Mali ont indiqué être prêts à envoyer leurs soldats pour contraindre le président de la Gambie à démissionner après sa défaite électorale. Les quotidiens rappellent que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a autorisé, en décembre 2016, qu’une force militaire puisse intervenir si Yahya Jammeh refuse de quitter le pouvoir.

Climat

Les médias (WP, NYT, WSJ) soulignent tous qu’un record de chaleur a été battu pour la troisième année consécutive, l’année 2016 étant la plus chaude jamais observée depuis le début des mesures il y a 137 ans. En « une », le New York Times et le Washington Post s’en alarment à la veille de l’investiture de Donald Trump, qui a indiqué que le réchauffement climatique est un « concept inventé par les Chinois », qui s’est entouré de climato-sceptiques et qui souhaite revenir sur les orientations écologiques de l’administration Obama.

III. Politique intérieure

Future administration

L’équipe éditoriale du New York Times livre une critique virulente de Scott Pruitt (qui devrait devenir administrateur de l’Agence de protection de l’environnement), Tom Price (prochain secrétaire à la Santé et aux Services sociaux) et Betsy DeVos (candidate au poste de secrétaire à l’Education) dont les auditons ont démontré leurs insuffisances, estime le quotidien. Le Washington Post publie pour sa part un éditorial plus positif sur la présidence de Donald Trump, estimant qu’elle pourrait s’avérer positive en matière de fiscalité, d’éducation et dans le domaine des infrastructures, par exemple.

Nikki Haley, gouverneure de la Caroline du Sud et candidate au poste de représentante des Etats-Unis auprès des Nations unies, s’est distanciée du président élu lors de son audition devant le Sénat en affirmant que « l’on ne peut avoir confiance dans la Russie », s’étonne le Washington Post.

Lors de son audition au Sénat, Wilbur Ross, qui devrait être le prochain secrétaire au Commerce, « a rassuré les élus républicains favorables au libre-échange », commente le Wall Street Journal. Le New York Times livre une analyse plus nuancée, soulignant que Wilbur Ross s’est engagé à faire sien le programme de Donald Trump dans le domaine du commerce, notamment en demandant une révision de l’ALENA.