Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

23 janvier 2017

  1. Les premiers jours du mandat de Donald Trump font les gros titres de la presse allemande ce matin : « le président Trump continue de miser sur la confrontation » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « tout dans l’attaque » (Süddeutsche Zeitung) ; « le monde sans direction » (Handelsblatt) ; « Trump se ridiculise lors de son apparition devant la CIA » (Die Welt) ; la tagezeitung titre « America Great Again » à propos des manifestations anti-Trump du week-end.

Der Tagesspiegel consacre sa Une aux retards dans la livraison du nouvel aéroport de Berlin (« il ne s’agit pourtant pas d’aller sur la lune »).

  1. Etats-Unis / investiture de Donald Trump

Investiture de Donald Trump : « le président Trump continue de miser sur la confrontation » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La presse fait état du « scepticisme » (Tagesspiegel) et du « malaise » (FAZ) que le discours d’investiture du président américain a suscité en Allemagne. Alors que la chancelière a insisté sur l’importance de la coopération germano-américaine, le vice-chancelier et président du SPD, Sigmar Gabriel (SPD) s’en est pris directement à D. Trump, note la FAZ, en dénonçant la tonalité ultra nationaliste de ses propos dignes, selon lui, des conservateurs et réactionnaires des années 1920. Dans une tribune que publiait hier Bild am Sonntag, le ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier (SPD), écrivait : « je sais que nous devons nous préparer à des temps agités, à certains impondérables et à de nouvelles incertitudes, mais je mise sur le fait que nous trouverons à Washington des auditeurs attentifs qui savent que les grands pays aussi ont besoin de partenaires dans ce monde et qui sont disposés à avancer avec de bons amis et des partenaires qui ont fait leurs preuves ».

Pour leur part, les éditorialistes critiquent unanimement un discours d’investiture, jugé nationaliste et diviseur. La FAZ parle de « déclaration de guerre à l’establishment, à la mondialisation et à tous ceux qui viennent ‘sucer le sang’ du peuple américain ». Le journal décrit, sur la forme, une « prestation de serment sans dignité » et « dénuée de toute référence politique, constitutionnelle ou historique ». Au lendemain des grandes manifestations anti- Trump, le journal estime en outre que l’on fait face à un « pays profondément divisé, traversé par une nouvelle forme de ségrégation politico-culturelle ». « Le président Trump est le produit de cette division et il ne fait que la renforcer », juge le quotidien. Décrivant également des « Etats-désunis d’Amérique », le tabloïd Bild reproche à Donald Trump de n’avoir fait preuve jusqu’ici que d’autoritarisme, là où on attend d’un président américain qu’il soit une autorité. La Süddeutsche Zeitung décrit avec pessimisme un « révolutionnaire » qui est son propre programme et qui a fait fi de toute règle lors d’un moment solennel pour « accumuler les insultes populistes et continuer une campagne d’agitation et de division ».

Les journaux s’inquiètent des conséquences pour l’Europe d’un partenaire américain aussi inhabituel et imprévisible. A l’instar de la FAZ, la plupart des quotidiens voient dans le discours de D. Trump une « piqûre de rappel » (FAZ) pour l’Allemagne et pour l’Europe. « Le changement d’administration aux Etats-Unis contribue à renforcer la pression sur les Européens pour qu’ils fassent cause commune (…). L’Europe doit à présent montrer qu’elle est apte à fonctionner, sans quoi elle est condamnée à l’échec », fait valoir le Tagesspiegel. La Bild am Sonntag estime qu’avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, « le monde est devenu extrêmement compliqué ». Les responsables politiques européens vont avoir la « tâche ingrate » de composer avec Trump, tout en se justifiant de refuser de coopérer avec des partis comme l’AfD, le Front national ou le Parti pour la liberté, qui en prônant « l’Allemagne aux Allemands », « la France aux Français » ou encore « la Hollande aux Hollandais », ne proposent rien d’autre que ce que Trump propose à l’Amérique.

  1. Europe

« L’internationale des nationalistes » (Süddeutsche Zeitung)

La réunion samedi à Coblence des chefs de file de l’extrême-droite européenne est, pour la presse, le second sujet de préoccupation du week-end, faisant étrangement écho au nationalisme débridé que les journaux s’accordent à déplorer chez le nouveau président américain. La présence de la présidente de l’AfD, Frauke Petry – dont le mari, l’eurodéputé Markus Pretzell, organisait la manifestation – aux côtés de Marine Le Pen et de Geert Wilders est particulièrement relevée, cette nouvelle proximité marquant une évolution inquiétante du parti protestataire allemand, considèrent les quotidiens. Sa participation est toutefois sujette à contestation au sein même de l’AfD, rapportent-ils. Figure la plus mise en valeur de ce « sommet du populisme » (Berliner Zeitung), Marine Le Pen accorde un entretien à Bild am Sonntag, dans lequel la présidente du Front national voit dans l’élection de Donald Trump « la fin d’un monde et le grand retour de la Nation et du Peuple », suggérant que le discours de Donald Trump s’inspire des thèses du Front national. Elle clame que « l’UE est morte mais ne le sait pas encore » et indique qu’en cas d’élection à la présidence de la République, elle organisera un référendum sur l’appartenance de la France à l’UE dans l’hypothèse où la France n’obtiendrait pas le retour à sa pleine souveraineté nationale sur les frontières, la monnaie, l’économie et le droit. Marine le Pen critique Angela Merkel pour avoir « ouvert les portes en sachant parfaitement que des terroristes islamiques viendraient avec les réfugiés ». Pour M. Le Pen, les quelque 5000 personnes réunies à Coblence pour manifester contre cette réunion sont « des extrémistes de gauche qui n’ont jamais accepté la démocratie », ce qui fait sourire l’auteur de l’interview qui souligne la présence parmi les manifestants du président du SPD et vice-chancelier Sigmar Gabriel, de la présidente des Verts Simone Peter, du ministre des affaires étrangères du Luxembourg Jean Asselborn ainsi que de membres de la CDU.

Pour la presse, à l’instar du Handelsblatt et du quotidien alternatif tageszeitung, « il est temps de prendre enfin au sérieux » les populistes d’extrême-droite et de leur opposer des arguments de fond. « Cette rencontre franco-allemande d’un autre genre entre F. Petry et M. Le Pen donne un avant-goût de la campagne anti-UE qu’elles vont bientôt mener et constitue une déclaration de guerre à Angela Merkel et François Fillon, dont les stratégies diffèrent pour lutter contre les populistes », écrit le Tagesspiegel en évoquant la rencontre prévue aujourd’hui entre la chancelière et le candidat des Républicains. Pour le journal de Berlin, il est urgent que l’Union européenne « devienne adulte et prouve qu’elle fonctionne, faute de quoi elle est condamnée à disparaître ».

  1. International

Gambie

Consacrant généralement peu de place à la vie politique des pays africains, plusieurs grands quotidiens prennent bonne note du départ en exil de l’ancien président de la Gambie Yahya Jammeh après un mois d’incertitude où il refusait de céder le pouvoir au nouveau président élu Adama Barrow. La Frankfurter Allgemeine Zeitung se félicite que cette crise politique ait pu être résolue sans verser de sang par une intervention « militaire et diplomatique engagée de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest », tout en remarquant que le poids « insignifiant » de la Gambie sur l’échiquier politique ne permet pas d’extrapoler sur « la capacité des Etats africains à s’engager ensemble pour défendre la démocratie ». « Des solutions africaines pour des problèmes africains : ce leitmotiv n’a pratiquement jamais été suivi d’effets et ce qui vient de se passer en Gambie est donc presque spectaculaire et c’est une bonne nouvelle », se réjouit aussi la Süddeutsche Zeitung.

  1. France

Entretien avec François Fillon dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung

Sous le titre « nous ne sommes pas obligés d’accepter les règles du jeu américaines », la FAZ publie un entretien avec François Fillon qui paraît également dans Le Monde./.