Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

24 janvier 2017

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Süddeutsche Zeitungtitre sur le premier tour des primaires citoyennes (« épreuve de résistance pour les socialistes français »). La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que le cadre de l’AfD à l’origine d’une polémique sur le passé nazi « Höcke est rappelé à l’ordre par la présidence de l’AfD pour son discours de Dresde ». Die Welt s’intéresse aux premières décisions du nouveau président américain, notant « moins de bureaucratie, moins de libre-échange, moins d’impôts : Trump met son projet à exécution ». Der Tagesspiegel publie une interview du président de la commission des affaires étrangères du Bundestag (« Röttgen met en garde contre des scénarios du déclin »). Le quotidien des affaires Handelsblatt publie une interview de Sigmar Gabriel dans laquelle le vice-chancelier et président du SPD donne sa vision de l’avenir de l’Europe (« un nouveau plan pour l’Europe »).
  2. Allemagne

« Höcke rappelé à l’ordre par la présidence de l’AfD pour son discours de Dresde » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble de la presse souligne que le leader de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke, qui avait qualifié le mémorial de l’Holocauste de « mémorial de la honte » dans un discours prononcé à Dresde le 17 janvier, ne sera pas exclu du parti. Faute d’avoir pu réunir une majorité des deux tiers pour engager une procédure d’exclusion, le parti l’a « rappelé à l’ordre pour un comportement jugé néfaste » et doit à présent se concerter sur d’éventuelles sanctions. « L’AfD est trop lâche pour jeter Höcke dehors », en conclut le tabloïd Bild qui, dans son commentaire du jour, dénonce le « spectacle répugnant » auquel se livre le parti. Le journal estime que la conséquence logique de l’affaire serait une scission du parti de manière à débarrasser l’aile modérée des extrémistes. « Il est clair que l’adoption de mesures disciplinaires à l’encontre de Björn Höcke n’est pas chose aisée pour l’AfD car ce dernier correspond à l’ADN du parti », note la FAZ. Le Tagesspiegel écrit que le combat de Björn Höcke « ôte à l’AfD son dernier vernis respectable ». Dans un parallèle avec la manière dont Marine Le Pen a entrepris d’exclure son père du Front National afin de rendre le parti acceptable aux yeux d’une plus vaste frange de l’opinion, la tageszeitung considère qu’il ne faut surtout pas évincer Björn Höcke de l’AfD, une dédiabolisation pouvant cacher le vrai visage du parti populiste et donc le conforter dans l’opinion.

  1. Europe

Sigmar Gabriel veut « un nouveau plan pour l’Europe » (Handelsblatt)

Dans un entretien accordé au Handelsblatt, le président du SPD et ministre fédéral de l’Economie est interrogé principalement sur l’avenir de l’Europe face au Brexit et à la présidence de D. Trump ainsi que sur la transition énergétique allemande dans un contexte de pré-campagne électorale.

Estimant que face à la politique protectionniste prônée par D. Trump, l’Allemagne doit jouer sa partition avec assurance compte tenu de ses succès à l’exportation et la bonne santé de son tissu économique, Sigmar Gabriel rappelle que 10% seulement des exportations allemandes vont vers les Etats-Unis contre 60% vers d’autres pays membres de l’UE, « on voit donc où sont nos intérêts économiques », déclare-t-il. « Il est donc temps de renforcer l’Europe, de développer une politique étrangère et de sécurité commune, de renforcer les investissements afin d’avoir la meilleure infrastructure numérique du monde, et surtout de bâtir notre propre stratégie européenne face à l’Asie, l’Inde et la Chine. Nous n’avons besoin de davantage d’Europe mais d’une autre Europe », explique le chef du SPD en estimant que « si Trump entame une guerre commerciale avec l’Asie et l’Amérique du Sud, cela nous ouvre aussi des opportunités ». Pour S. Gabriel, « l’Europe à 28, qui fait du micro-management via la commission européenne et laisse sans réponse les grandes questions de politique étrangère et de sécurité ou d’une politique économique et budgétaire commune, n’a pas d’avenir. L’UE qui s’épuise à régler des questions de détail se heurte à ses limites ». « Si le Brexit mène à ce que nous édifions un second cercle autour de l’Europe noyau, c’est-à-dire de la zone euro, cela correspondrait à ce que l’on appelait avant une ‘Europe à deux vitesses’, et il convient d’y réfléchir sérieusement. Le Brexit pourrait constituer l’impulsion décisive (…) pour renforcer la coopération d’un groupe au sein de l’UE, surtout au sein de la zone euro, et créer ainsi un second niveau de moindre intégration, ce qui réduirait beaucoup les tensions au sein de l’Europe et renforcerait considérablement l’Europe noyau », conclut-il.

Pour le Handelsblatt, qui ne commente pas ces déclarations, celles-ci s’inscrivent plus généralement dans les réflexions actuelles des dirigeants européens sur l’avenir de l’Europe.

  1. International

« Trump se met au travail » (Bild)

A l’instar de la FAZ sous le titre « Trump inaugure le tournant en matière de politique commerciale », la presse prend acte, non sans inquiétude, de la signature par Donald Trump de l’acte de retrait des États-Unis du partenariat transpacifique (TPP). Toutefois, les journaux se font l’écho des prises de parole de plusieurs personnalités politiques appelant à garder la tête froide et à rechercher le dialogue avec la nouvelle administration américaine. C’est le cas notamment de Bild et de Die Welt qui citent l’ex-chancelier Gerhard Schröder selon lequel « l’Europe doit faire preuve d’assurance face à Trump ». La FAZ fait droit aux propos de la ministre bavaroise de l’économie, Ilse Aigner (CSU), qui a reproché aux responsables politiques et aux médias de verser dans le « Trump bashing » et jugé qu’il fallait plutôt tout mettre en œuvre pour nouer rapidement un dialogue direct avec la nouvelle équipe. Dans un entretien au Tagesspiegel, Norbert Röttgen (CDU), président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, se montre optimiste et confiant. Selon lui, il ne faut pas céder à la panique et parler de guerre commerciale, de déclin de l’OTAN, de l’Union européenne ou encore de l’Occident. A son avis, le principal problème est plutôt le mauvais état dans lequel se trouve actuellement l’Union européenne, ce qui la place en mauvaise position pour faire face aux nouveaux défis. Il ajoute qu’il se rendra début février aux Etats-Unis.

  1. France

« L’implosion des socialistes » (Handelsblatt)

La presse découvre avec surprise le vainqueur du premier tour de la primaire socialiste et publie de nombreux portraits de Benoît Hamon. Le diagnostic d’un parti socialiste divisé en deux ailes irréconciliables s’impose à tous les quotidiens dans des correspondances largement inspirées de la presse française. Si l’ancien ministre à l’Education devait s’imposer au second tour des primaires comme le candidat du PS, « les Français se trouveraient en mai prochain devant des alternatives claires : B. Hamon incarne la gauche redistributrice, F. Fillon un conservatisme pur et dur, E. Macron des réformes sociales-libérales et M. Le Pen l’isolationnisme nationaliste. Cette élection sera donc décisive pour la direction que prendra l’Europe », observe Die Welt. Pour le Handelsblatt, « le dépècement du PS a des conséquences qui vont beaucoup plus loin que les prochaines présidentielles. (…) Malgré toutes ses faiblesses et ambiguïtés rhétoriques, la majorité du PS a toujours été une force pro-européenne sur laquelle on pouvait compter. On ne peut pas en dire autant des conservateurs européens, et F. Fillon fait des déclarations contradictoires selon qu’il est à Berlin ou en France. Compte tenu du contexte international, le clash ouvert au PS est une mauvaise nouvelle pour l’Allemagne ».

Visite à Berlin de François Fillon : « croiser les doigts en dépit des différences » (FAZ)

La FAZ et la Süddeutsche Zeitung rendent compte du déplacement hier à Berlin de François Fillon dont elles retiennent avant tout sa vision de l’avenir de l’Europe qu’il a présentée lors d’un discours prononcé à la fondation Konrad Adenauer. La Süddeutsche Zeitung met en exergue que F. Fillon a appelé à un « sursaut » de l’Europe, indiquant aussi, comme la FAZ, qu’il a plaidé en faveur du renforcement du lien franco-allemand./.