Synthèse de la presse américaine du 24 Janvier 2017

Mardi 24 janvier 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Laïcité

Le Washington Post consacre sa « une » aux controverses liées à l’implantation de la mosquée En-Nour à Nice. Le quotidien estime que cette situation est devenue « un symbole de la position précaire des Musulmans de France dans un contexte de violence terroriste et à l’approche d’une élection présidentielle décisive ». « La fermeture de la mosquée violerait la promesse d’une république laïque de ne jamais discriminer ses citoyens en fonction de leur religion », ajoute le journal selon lequel « la Côte d’Azur, où le Front national bénéfice d’un fort soutien, est en proie à des guerres culturelles ».

Election présidentielle française

Alors que le Washington Post estime que les chances de succès du candidat du parti socialiste à l’élection présidentielle sont très minces, Leonid Bershidsky loue, dans une tribune publiée par Bloomberg, « le nouveau pragmatisme européen qu’invoque François Fillon ».

Identité européenne

Dans un éditorial, le Christian Science Monitor estime que la célébration du soixantième anniversaire de l’Union européenne qui aura lieu à Rome au mois de mars sera sans doute l’objet « d’une introspection collective » à l’heure où « l’identité européenne est remise en cause comme jamais elle ne l’a été ».

  1. International

Commerce international

La décision du président américain de retirer les Etats-Unis de l’accord de partenariat transpacifique fait la « une » des médias (WP, NYT, WSJ, Time, Bloomberg). Qualifiant ce choix de rupture avec la tradition commerciale bipartisane américaine, le New York Times estime que Donald Trump a déclaré la fin de l’ère des accords commerciaux multilatéraux qui ont défini les règles de l’économie mondiale durant des décennies. Selon le Washington Post, ce choix est de nature à refonder le rôle des Etats-Unis sur la scène économique internationale et donne l’opportunité à d’autres pays de « montrer leurs muscles ». L’équipe éditoriale du Wall Street Journal partage cette analyse, dénonçant le caractère contre-productif d’une décision qui constitue aussi « une défaite pour le Japon » et « une victoire stratégique pour la Chine ». Cette critique est aussi formulée par Jeffrey Berstrand dans une tribune publiée par CNN. Le ministre des Affaires étrangères chinois a d’ailleurs indiqué que Pékin était prêt à assumer un rôle de « leadership » à l’international, rapporte le Wall Street Journal.

Dans un éditorial, le New York Times considère même que Donald Trump, louant les bienfaits du protectionnisme, semble vouloir « déclarer des guerres commerciales » préjudiciables aux Américains car « c’est le commerce qui leur permet d’avoir accès à des biens peu chers et qui stimule la croissance économique et l’innovation ».

Et l’équipe éditoriale de USA Today de conclure : « il n’y a désormais plus aucun doute ; Donald Trump mettra en œuvre le programme anti-commerce qui a été le sien durant la campagne », craignant les représailles des partenaires commerciaux de Washington et rappelant que l’automatisation des tâches – et non le commerce – est la première cause de la perte d’emplois industriels aux Etats-Unis.

Syrie

Au terme de la première journée de la conférence sur la crise syrienne organisée à Astana, les principaux titres (WP, NYT, WSJ) mettent en exergue l’incapacité des parties au conflit à négocier. Selon le New York Times, les très vives tensions entre les représentants des rebelles et ceux du gouvernement syrien suggèrent que « les défis demeurent pour la Russie qui souhaite montrer que son approche conduira à de meilleurs résultats que ceux obtenus au cours des huit dernières années par les Nations unies et les Etats-Unis ».

Soudan du Sud

Rappelant que « des dizaines de milliers de personnes sont décédées », que les enfants « meurent de faim » et que 70% des femmes installées dans des camps sont violées – notamment par les soldats et les policiers de leur pays –, le New York Times interpelle la communauté internationale en « une » : « Le Soudan du Sud doit-il conserver son indépendance ? ».  Selon le quotidien, des puissances extérieures envisageraient de prendre le contrôle du pays temporairement, « jusqu’à ce que les choses se calment ».

  1. Politique intérieure

Nouvelle administration

Les premiers jours de la nouvelle administration sont marqués par « du tumulte et des tensions » selon le Washington Post qui déplore, en « une », la « susceptibilité accrue de Donald Trump depuis son arrivée à la Maison-Blanche ».

Le New York Times publie un éditorial très critique de la nouvelle administration. Dénonçant les attaques formulées par Donald Trump – y compris lors de son discours d’investiture – contre les élites, le quotidien indique que le président américain a pourtant installé à Washington une élite non libérale mais composée de milliardaires, de financiers de Wall Street et de conseillers obscurs qui ne rendent des comptes qu’à Donald Trump.

En revanche, dans la version en ligne du magazine conservateur National Review, l’historien de l’université de Stanford Davis Hanson publie une tribune dans laquelle il estime que « la prospérité qu’apportera Donald Trump à l’Amérique fera bientôt taire les critiques ».

Les médias (WP, NYT, WSJ) rapportent que Donald Trump a signé, le 23 janvier, un décret interdisant le financement d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement. Celle politique mise en place sous la présidence de Ronald Reagan et réactivée par Georges W. Bush a été régulièrement abrogée par les démocrates, notamment en raison de son inefficacité. Selon une étude de Stanford dont CNN se fait l’écho, cette politique a des effets contre-productifs puisqu’elle aurait conduit à une augmentation du nombre d’avortements, notamment dans les pays d’Afrique subsaharienne.

Les médias (WP, Politico) évoquent le gel de l’embauche de fonctionnaires au niveau fédéral décidé par Donald Trump, qui fait l’objet d’une tribune de Max Stier publiée par le Washington Post. Le président de l’association The Partnership for Public Service – qui promeut la modernisation de l’administration – considère que cette décision « se retournera contre Donald Trump » puisqu’elle implique un statu quo et ne permet pas « la réforme pourtant nécessaire de l’administration fédérale ».