Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

25 janvier 2017

  1. La décision surprise du président du SPD Sigmar Gabriel de ne pas être candidat à la chancellerie fédérale et de laisser la place à l’ancien président du parlement européen Martin Schulz fait les gros titres de toute la presse allemande ce matin : « Gabriel jette l’éponge, Schulz prend sa succession » (Bild), « Gabriel renonce – Schulz devient candidat à la chancellerie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Schulz se présente contre Merkel » (Süddeutsche Zeitung), « Schulz doit défier Merkel » (Der Tagesspiegel), « un homme voit les difficultés » (Die Welt), « il peut le faire » (tageszeitung), « le SPD égaré » (Handelsblatt).
  2. Allemagne

« Gabriel renonce – Schulz devient candidat à la chancellerie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble de la presse marque sa surprise face au « coup de théâtre » (FAZ) intervenu hier avec la décision de Sigmar Gabriel de renoncer à briguer la chancellerie et de confier à Martin Schulz, qui devient candidat tête de liste du SPD, la présidence du parti. La FAZ indique que ce scénario a été approuvé à l’unanimité par les instances dirigeantes du SPD, de même que le choix de Sigmar Gabriel d’abandonner le ministère de l’économie et de l’énergie (où lui succèdera Brigitte Zypries) au profit des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier devant être élu à la présidence fédérale le 12 février. Selon les quotidiens, les derniers sondages « désastreux pour Sigmar Gabriel et le SPD » auraient été l’élément déclencheur dans la décision de S. Gabriel. La FAZ indique que la désignation de Martin Schulz comme président du SPD et candidat tête de liste devra être entérinée lors d’un congrès du parti, probablement courant mars. Dans un entretien exclusif avec l’hebdomadaire Stern, Sigmar Gabriel explique son retrait de la course à la chancellerie par le fait que Martin Schulz a de meilleures chances et incarne un « renouveau » du fait notamment qu’il n’appartient pas au gouvernement de grande coalition sortant.

Si plusieurs quotidiens saluent la décision « honnête » (Süddeutsche Zeitung) de Sigmar Gabriel qui mérite le « respect après tout ce qu’il a fait pour le SPD » (FAZ), la presse n’en estime pas moins que ce renoncement de dernière minute, « situation inédite dans l’histoire de la social-démocratie » (Handelsblatt) et « qui a tout de l’impréparation » (FAZ) révèle l’étendue des difficultés auxquelles fait face le SPD. « Si l’on regarde les choses objectivement, force est de reconnaître que Gabriel n’est pas parvenu à sortir le SPD du ghetto des 25% dans lequel il stagne dans les sondages », écrit le Handelsblatt pour qui S. Gabriel a été « convaincant » dans ses fonctions de ministre de l’économie, mais sans que ceci lui vaille pour autant l’estime du parti. « Depuis son accession à la direction du SPD en 2009, au moment où le parti était au bord du précipice, S. Gabriel est parvenu à stabiliser le SPD mais jamais à le redresser », constate la FAZ. Tout en saluant une « sortie par le haut », la tageszeitung qualifie S. Gabriel de « figure tragique » qui n’a pas réussi à insuffler du nouveau au SPD. « Etant donné qu’il n’a cessé d’osciller entre la présidence du parti et ses fonctions au sein du gouvernement, passant du rôle de copain des patrons à celui de camarade des syndicats, il a lui-même contribué à son image d’homme versatile ». « A la différence du dernier chancelier SPD Gerhard Schröder, il a manqué à Gabriel cette soif insatiable de pouvoir et une vision claire de l’Europe et de l’Allemagne. Il a en outre été imprévisible et changeant et pas tout à fait la hauteur de l’enjeu », juge sévèrement Die Welt. Pour la Süddeutsche Zeitung, il s’agit à présent de redonner à un parti « en proie à des doutes existentiels et qui a sombré dans la léthargie », le sursaut nécessaire. « La social-démocratie allemande est bien plus qu’en crise, elle lutte pour sa survie », fait valoir le journal qui n’est pas le seul à avancer cet argument.

Dans leurs nombreuses réactions éditoriales, les journaux commentent également la désignation de Martin Schulz. Particulièrement critique, la FAZ juge que cet « accouchement précipité » s’inscrit dans la logique des décisions prises ces dernières années dans l’urgence par le SPD pour désigner son candidat. De l’avis du journal, il s’agit cette fois d’un « coup à la hussarde qui porte la marque non du courage, mais du désespoir ». Le quotidien poursuit sur l’idée que le choix de M. Schulz « ne s’apparente qu’à première vue à une délivrance pour le SPD » car l’intéressé n’a d’expérience ni à la tête du parti, ni en politique intérieure allemande. En outre, personne n’incarne mieux que lui Bruxelles et l’establishment européen qui a « si lamentablement échoué dans sa gestion de la crise migratoire et dans la sécurisation des frontières extérieures de l’UE », de quoi, selon le journal, ravir les populistes de l’AfD. « Pour beaucoup, il représente l’Europe à laquelle de plus en plus de citoyens tournent le dos : une Europe des bureaucrates qui n’a pas su maîtriser ni la montée du chômage, ni les conséquences de la crise migratoire », souligne également le Handelsblatt. Si les journaux s’accordent sur le manque d’expérience nationale de M. Schulz, ils en tirent cependant des conclusions différentes. Pour les uns, M. Schulz apporte au SPD une fraîcheur bienvenue et a la « chance » (tageszeitung) de ne pas appartenir au gouvernement sortant, ce qui lui permettra d’attaquer plus facilement la chancelière (Süddeutsche Zeitung). Pour les autres, le fait que ses positions sur beaucoup de dossiers intérieurs soient inconnues, constitue un handicap non négligeable (Berliner Zeitung). Die Welt souligne l’ampleur de sa tâche au seuil d’un combat électoral qui sera dur et décisif pour le SPD : l’Européen passionné va devoir endosser le rôle de candidat national et le pragmatique va devoir aiguiser le profil social du parti. D’un avis cette fois unanimement partagé, l’orateur né et le « lutteur » qu’est Martin Schulz a de quoi rendre la campagne électorale plus passionnante que ne l’aurait fait S. Gabriel (Bild, Die Welt).

  1. Europe

« Le parlement britannique doit donner son feu vert au Brexit » (Süddeutsche Zeitung)

A l’instar de la Süddeutsche Zeitung, les quotidiens se félicitent de l’arrêt de la Cour suprême obligeant le gouvernement britannique à consulter le parlement de Westminster avant d’engager le processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, considérant qu’il constitue, « dans un climat social empoisonné, une victoire importante de l’Etat de droit » (SZ), « un contrôle de l’exécutif d’usage dans une démocratie occidentale et qui s’impose absolument quand un pays veut changer complètement d’orientation géopolitique et économique » (FAZ) Pour autant, les journaux s’accordent à prédire que le vote des parlementaires ne devrait pas changer la donne, les députés risquant la colère populaire s’ils ne respectent pas l’issue du référendum : « ce serait du suicide politique », convient Die Welt. Les commentaires sont de plus en plus sévères sur la Première ministre britannique, pour qui l’arrêt de la Cour suprême constitue « une claque » (Handelsblatt), « une leçon » (FAZ). Pour Die Welt, au lieu de « chercher à limiter les dégâts du Brexit », Theresa May ne cherche qu’à asseoir son pouvoir chez les conservateurs en adoptant les arguments des pro-Brexit les plus déterminés. La Berliner Zeitung dresse un réquisitoire implacable contre une dirigeante « butée » incapable de mettre en œuvre ses annonces politiques, « portée à la dissimulation » et balayant les réserves de ses opposants « comme s’ils mettaient en péril les intérêts nationaux ». « Elle n’est pas la Première ministre de tous les Britanniques mais seulement d’une partie des pro-Brexit, ceux qui se contrefichent de la prospérité économique du pays tant que l’on ferme les frontières au Polonais et aux Roumains », conclut la Berliner Zeitung.

  1. International

Renoncement des Etats-Unis au partenariat transpacifique de libre-échange (TPP)

L’abandon par Donald Trump du traité de libre-échange transpacifique est, pour le Handelsblatt, un « non-sens économique et un désastre géopolitique » : « le retrait des Etats-Unis est une invitation à la Chine à prendre la place vacante dans le Pacifique, Trump perd avec le TPP un levier pour obliger la Chine à davantage de loyauté dans le commerce international », déplore le quotidien des affaires. « C’est une césure dans l’ordre commercial établi », considère également la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui craint que le retrait américain ne signe l’échec définitif du TPP. Un échec imputable non aux difficultés d’un accord multilatéral mais « uniquement au fait que Trump voit le commerce comme une guerre économique », fustige la FAZ qui réaffirme, dans un autre commentaire, son credo selon lequel « le libre-échange est la source de la prospérité ». Même le quotidien altermondialiste tageszeitung, peu enclin à l’indulgence lors de la négociation de traités de libre-échange, reconnaît qu’« ils sont pourtant les seules structures mondiales au sein desquelles peuvent être formulées des règles pour un commerce plus équitable ».

La Süddeutsche Zeitung et le Tagesspiegel relèvent dans ce contexte la volonté de la commission européenne de prendre l’initiative en matière de commerce international et de rester à l’offensive pour promouvoir le libre-échange. « A Bruxelles, on ne regrette pas le TPP dont on craignait qu’il n’amoindrisse l’intérêt des Etats-Unis pour l’Europe, et on espère tirer profit de son échec », écrit la Süddeutsche Zeitung.

  1. France

« La France engage l’arrêt » de Fessenheim (Süddeutsche Zeitung)

La plupart des journaux consacrent des articles factuels à l’adoption par le conseil d’administration d’EDF de l’accord d’indemnisation pour la fermeture anticipée de Fessenheim. La presse, tout en présentant cette décision comme un premier « symbole » important pour la fermeture de la centrale, reste prudente dans ses réactions. Le Handelsblatt et la Süddeutsche Zeitung notent que cette décision n’a été prise que de justesse et que la mobilisation des employés reste forte. La Süddeutsche Zeitung juge que l’issue de la procédure reste « ouverte » puisque « le processus est réversible juridiquement et politiquement », notamment en cas de victoire de François Fillon. Le quotidien de Munich relève également la « prudence » du ministère allemand de l’environnement qui a salué « un pas dans la bonne direction »./.