Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

27 janvier 2017

  1. Les dernières déclarations de l’administration Trump font les gros titres de la presse allemande ce matin : « le président mexicain annule sa rencontre avec Trump » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « pour Trump, la torture marche » (Süddeutsche Zeitung), « Trump trouve que torturer est ok » (Die Welt). Der Tagesspiegel s’inquiète des provocations de membres de l’AfD en ce jour de mémoire des victimes du national-socialisme (« jour de mémoire de la Shoah – l’AfD cherche la polémique ») Le quotidien des affaires Handelsblatt critique à nouveau la politique monétaire européenne (« le programme d’endettement secret »).
  2. Allemagne

Allocution de Sigmar Gabriel devant le Bundestag

Les journaux évoquent le dernier discours de Sigmar Gabriel devant le Bundestag dans ses fonctions de ministre de l’économie et de l’énergie. Le Tagesspiegel souligne qu’il n’a pu s’empêcher de diriger une pique contre le protectionnisme de Donald Trump, déclarant que « l’ordre ‘fermez les écoutilles’ est celui d’un capitaine sur un navire en train de sombrer ». Le journal relève aussi que S. Gabriel a dressé un parallèle entre la situation aux Etats-Unis et l’état de l’Union européenne, jugeant, à quelques mois des élections en France et aux Pays-Bas, « dramatique » la dimension prise par le ressentiment anti-européen. Le Tagesspiegel et le Handelsblatt notent qu’il a mis en garde contre un « effondrement du plus grand projet de civilisation du 20ème siècle » pour le cas où Marine Le Pen serait élue en France. Le tabloïd Bild signale que S. Gabriel, qui est aujourd’hui officiellement nommé ministre des affaires étrangères, se rend demain matin à Paris pour y rencontrer son homologue.

  1. Europe

« Le ton se durcit au sein de la BCE » (Die Welt)

Lors d’un discours hier à Berlin devant les entrepreneurs de la CDU, le président de la Bundesbank a estimé que la Banque centrale européenne devrait commencer à réfléchir à une normalisation de sa politique monétaire si le retour de l’inflation devait être durable, déclarant que « les banques centrales ne devaient pas devenir prisonnières des marchés ou de la politique budgétaire », rapportent tous les quotidiens. Pour le Handelsblatt, Die Welt et la FAZ, le fait que Jens Weidmann appelle clairement à envisager la fin de la politique monétaire expansive de la BCE, alors qu’il évitait jusqu’alors de critiquer ouvertement Mario Draghi, est le signe que l’accord de façade au sein du conseil des gouverneurs de la BCE se fissure. Le président de la Bundesbank n’aurait pas apprécié que Mario Draghi ait récemment, face à la presse, suggéré que l’ensemble des gouverneurs approuvait à l’unanimité la décision prise en décembre de poursuivre le programme de rachat massif d’actifs, alors que l’opposition de la Bundesbank est de notoriété publique et que Jens Weidmann avait critiqué cette politique la veille lors du dîner des gouverneurs, n’assistant pas à la réunion du lendemain où il n’avait cette fois pas de droit de vote, précise le Handelsblatt.

  1. International

Interview de politique étrangère de Frank-Walter Steinmeier

Alors que les comptes rendus de sa dernière journée en tant que ministre des Affaires étrangères montrent que les médias appréciaient « l’infatigable médiateur » (Tagesspiegel) qu’il était sur la scène internationale, la Süddeutsche Zeitung publie un entretien avec Frank-Walter Steinmeier balayant les grands thèmes de politique étrangère. Face aux débuts de la présidence Trump, il ne cache pas son inquiétude mais veut croire que le nouveau président et son entourage vont peu à peu « comprendre que les Etats-Unis ont besoin de partenaires et d’amis dans le monde ». S’agissant des réserves de Donald Trump face à l’Europe, F.-W. Steinmeier espère qu’il finira par réaliser que « les Etats-Unis ne peuvent tirer aucun bénéfice de l’affaiblissement de l’Europe et n’ont aucun intérêt à ce que d’autres Etats membres suivent l’exemple du Royaume-Uni ». Il met en garde contre les tentations protectionnistes et souligne : « là où le patriotisme se mue en nationalisme, cela devient sérieux et dangereux ».

Mexique, torture, guerre contre l’islam : Donald Trump choque les médias allemands

Les débuts de la présidence Trump sont commentés avec consternation par la presse allemande, toutes tendances confondues. « Le manque total de respect avec lequel D. Trump traite le Mexique est une leçon pour les pays qui se considèrent comme de bons amis et partenaires des Etats-Unis, l’Allemagne doit être sur ses gardes », écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung pour qui le nouveau président américain a « un mur dans la tête ». Il n’est « ni rationnel ni informé », s’inquiète le Handelsblatt qui voit D. Trump « idéologiquement plus près de Poutine que de Merkel : il pense en termes martiaux de survie nationale ». Fustigeant les propos du président américain sur la torture, le tabloïd Bild rappelle que « nous ne devons jamais nous mesurer à la brutalité et le mépris de l’être humain des terroristes, et en tant que président de la plus puissante démocratie du monde, Trump ne devrait même pas donner l’impression de vouloir combattre le terrorisme par des méthodes de torture du Moyen Âge ».

  1. France

Visite à Paris du président fédéral

Sous le titre « Monsieur le Président » (en français), le tabloïd Bild publie à sa Une la « photo du jour » montrant le président fédéral dans l’amphithéâtre de la Sorbonne, paré des insignes de docteur honoris causa. Consacrant chacune une correspondance à la visite en France du président fédéral, la FAZ et la Süddeutsche Zeitung s’attardent tout particulièrement sur le discours qu’il a prononcé à la Sorbonne. « Gauck a souligné les chances et les opportunités qu’offre une Europe unie, tout en pointant aussi du doigt les évolutions critiques », écrit la FAZ avant de citer le président allemand selon qui, au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Europe apparaissait comme une « grande promesse » qui a eu pour début le « miracle » de la réconciliation franco-allemande, et d’ajouter que beaucoup ont aujourd’hui le sentiment que cette « promesse » pâlit devant nos yeux et qu’une réalisation que l’on croyait si solide et si sûre menace de s’effriter. De l’avis de la Süddeutsche Zeitung, qui interprète ces propos, le président fédéral, « Européen de cœur et d’esprit », a bien senti que l’époque actuelle, marquée par le Brexit, Trump et l’AfD « ne se prête pas aux appels enflammés », raison pour laquelle il est resté « les pieds sur terre » en rendant avant tout hommage à l’engagement et à l’intelligence des hommes politiques de l’après-guerre./.