Vendredi 27 janvier 2017
Réalisation : Tristan-Aurel Mouline
Validation : Emmanuelle Lachaussée
- France/Europe
Election présidentielle française
« Alors que le Front national progresse, les souvenirs de l’Holocauste s’estompent », titre le Washington Post. La victoire de ce parti à l’élection présidentielle est désormais « un scénario possible », s’alarme le journal qui cite Serge Klarsfeld selon lequel la « période actuelle ressemble aux années 1930 » ainsi que Robert Patxon pour qui l’histoire de la collaboration de l’Etat français pendant la Seconde Guerre mondiale ne joue plus autant son rôle de marqueur dans l’inconscient collectif.
« C’est la classe ouvrière qui a permis le Brexit et le succès électoral de Donald Trump. En France, la colère des ouvriers est susceptible de poser le plus grand obstacle à la victoire François Fillon », indique Bloomberg qui ajoute que Marine Le Pen compte « exploiter cette faiblesse en se positionnant comme la candidate des travailleurs ».
Dans sa version en ligne, le Wall Street Journal évoque les difficultés de financement du Front national qui a fait des demandes de prêt à l’étranger. Par ailleurs, Fox News rapporte que le parti s’est entretenu avec des officiels en Israël.
- International
Politique étrangère américaine
La politique de « l’Amérique d’abord » que souhaite instaurer Donald Trump est de nature à modifier le rôle des Etats-Unis sur la scène internationale, selon la « une » du Washington Post qui évoque : le projet de construction d’un mur à la frontière mexicaine ; l’interdiction d’entrée sur le territoire américain des ressortissants de pays musulmans touchés par le terrorisme ; la mise en place d’un moratoire sur les nouveaux traités multilatéraux ; la remise en cause de la contribution financière des Etats-Unis aux organisations internationales ; un réexamen de la liste des organisations terroristes du département d’Etat ; une révision des vulnérabilités et des capacités américaines dans le domaine du cyber ; et une réduction budgétaire des projets jugés non prioritaires du Pentagone au profit d’un renforcement de la force de frappe américaine et de la modernisation de la dissuasion nucléaire.
Dans une tribune publiée par le Washington Post, Charles Krauthammer qualifie ces orientations de politique étrangère de « révolution » et s’en inquiète. « Pendant soixante-dix ans, les Etats-Unis ont soutenu un système international fondé sur des échanges commerciaux ouverts et des alliances démocratiques qui ont permis à l’Amérique et au monde occidental de se développer et de prospérer. C’est le leadership des Etats-Unis à l’échelle internationale qui fait la grandeur du pays. Nous nous apprêtons à l’abonner à nos risques et périls », indique le chroniqueur.
Foreign Policy livre une analyse similaire, déplorant « le retrait sans précédent des Etats-Unis sur la scène internationale » et estimant que « la politique étrangère américaine a plus changé en une semaine qu’en soixante–dix ans ».
Etats-Unis – Mexique
Les « tensions diplomatiques » entre les Etats-Unis et le Mexique font la « une » des médias (WP, NYT, WSJ) après que le président mexicain a annulé sa visite prévue à Washington « en réponse aux derniers tweets du président américain au sujet du mur » (CNN) et après qu’il a évoqué l’hypothèse de droits de douanes de 20% pour les importations en provenance du Mexique.
L’équipe éditoriale du New York Times s’en alarme : « moins d’une semaine après son investiture, le président américain brandit la menace absurde d’une guerre commerciale avec le troisième plus important partenaire des Etats-Unis ». Le journal ajoute que le raisonnement économique de Donald Trump est « incohérent », puisqu’une augmentation des droits de douane se répercuteraient sur les prix de vente des produits importés ; « c’est donc bien les Américains qui devront payer le mur ». USA Today, dans un éditorial, évoque aussi les coûts de cette politique pour les Américains. « Nous n’avons pas besoin d’une telle guerre », ajoute le Washington Post dans un éditorial qui exhorte les conseillers de Donald Trump à dialoguer avec leurs homologues mexicains. Selon Politico, « cette situation est de nature à conduire à une guerre commerciale mondiale ».
Dans ce contexte, l’équipe éditoriale du Wall Street Journal estime que « le président américain maltraite notre voisin comme Barack Obama a pu le faire avec Israël », ajoutant que Donald Trump « apprend déjà que les nations ne peuvent être intimidées comme des élus du Grand Old Party ou des dirigeants d’entreprises ». Selon David Ignatius, qui signe une tribune du Washington Post, « le pire ennemi de Donald Trump, c’est Donald Trump lui-même » : comme le montre le cas du Mexique, « son tempérament emphatique nuit à sa capacité à régler les problèmes ». « Donald Trump est, en outre, obsédé par sa popularité », conclut le Washington Post.
Etats-Unis – Royaume-Uni
Selon l’équipe éditoriale du Wall Street Journal, « il n’y a pas de temps à perdre » pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui doivent profiter du processus du Brexit pour parvenir dans les meilleurs délais à un accord commercial bilatéral de nature à renforcer les deux économies. La visite de Theresa May à Washington ce jour doit être l’occasion d’accélérer les pourparlers, estime le quotidien. C’est aussi l’analyse de l’ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, qui signe une tribune du Washington Post.
En revanche, Anne Applebaum regrette, dans une tribune publiée par le Washington Post, que Theresa May, qui a pourtant indiqué à Davos qu’elle croyait dans un ordre libéral mondial, se laisse influencer par les membres les plus conservateurs de son parti. « Theresa May et Donald Trump, c’est un drôle de couple », conclut le New York Times qui rappelle que les règles européennes interdisent au Royaume-Uni d’engager des négociations commerciales avant sa sortie de l’Union européenne.
Lutte contre Daech
Le New York Times rapporte, en « une », que la Maison-Blanche a demandé au Pentagone de concevoir rapidement de nouvelles stratégies de lutte plus agressives contre Daech, qui pourraient inclure « des hélicoptères de combat et une artillerie sur le terrain ».
III. Politique intérieure
Nouvelle administration
Le Washington Post et le Wall Street Journal rapportent que plusieurs diplomates de carrière américains occupant des postes de haut niveau ont démissionné des derniers jours, « créant un vide inhabituel parmi les postes à responsabilité du département d’Etat ».
Selon le Washington Post, un mouvement d’opposition à Donald Trump commence à se constituer. En témoigne la mobilisation de dirigeants des plus grandes organisations scientifiques des Etats-Unis qui envisagent « une révolte citoyenne » pour contrer les orientations du président américain, notamment dans le domaine environnemental. Le quotidien ajoute que « des milliers de participants de la Marche des femmes du 21 janvier » se sont rendues à Philadelphie où se tenait la convention des républicains pour exprimer leurs désaccords. En revanche, le New York Times souligne, en « une », que les Républicains « applaudissent désormais les idées de Donald Trump qu’ils critiquaient par le passé », à l’exception peut-être de ses projets dans le domaine des infrastructures.
Dans une interview au New York Times, Steven Bannon – le chef de la stratégie de la Maison-Blanche et ancien directeur du site de la droite alternative Breitbart – a qualifié les medias de « parti d’opposition », soulignant à nouveau les tensions vives qui existent entre les journalistes et la nouvelle administration. Des Républicains tels que Newt Gingrich partagent ce discours. Selon lui, les journalistes font de la « propagande de gauche », rapporte le Washington Post. Le Christian Science Monitor ajoute que Donald Trump exploite les ressorts de l’ère de la « post-vérité » où la réalité d’un fait est moins importante que la perception qu’en ont les gens.