Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
31 janvier 2017
- La démission inattendue du patron de la Deutsche Bahn Rüdiger Grube fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « chaos à la direction de la Deutsche Bahn » (Süddeutsche Zeitung), « le départ du patron de la Deutsche Bahn prend le gouvernement de court » (Die Welt), « Grube, patron de la Deutsche Bahn, démissionne à la suite d’un conflit » (Der Tagesspiegel), « conflit ouvert au conseil de surveillance de la Deutsche Bahn » (Handelsblatt). La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève pour sa part que Barack Obama est sorti de sa réserve pour critiquer le décret anti-immigration de Donald Trump (« Obama : les valeurs de l’Amérique sont en jeu »).
- Allemagne
« Le départ du chef de la Deutsche Bahn prend le gouvernement de court » (Die Welt)
Les journaux évoquent la démission surprise hier du pdg de la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn en raison d’un désaccord avec le conseil de surveillance de l’entreprise sur le prolongement de son contrat, le conseil de surveillance lui ayant proposé deux ans sans augmentation de salaire au lieu d’une reconduction pour trois ans. La presse souligne la difficulté en année électorale de trouver un successeur pour l’entreprise dont l’Etat allemand est actionnaire à 100%.
De l’avis des commentateurs, cette démission inattendue intervient à un mauvais moment, non seulement parce qu’un successeur potentiel fait défaut, mais aussi parce que l’entreprise se trouve en pleine restructuration, avec notamment le passage au numérique. Pour les quotidiens, le départ de Rüdiger Grube, depuis 2009 aux commandes de l’entreprise, s’apparente à un « échec cinglant, voire à une capitulation » (Tagesspiegel). A la différence de son prédécesseur Hartmut Mehdorn, R. Grube avait de bonnes relations avec les responsables politiques, mais il a sous-estimé le pouvoir des organes de contrôle et des syndicats au sein de l’entreprise, estime la FAZ. Jugeant « modestes » les résultats obtenus par R. Grube, la Süddeutsche Zeitung voit dans son départ « la fin d’un long malentendu » entre un pdg supposé appliquer des directives politiques tout en ayant pour objectif la compétitivité de l’entreprise et des politiques qui le placent de facto sous tutelle mais sans jamais explicitement formuler les résultats attendus. Le journal reproche à R. Grube de s’être montré dans cette situation « trop gentil et trop soucieux d’éviter tout conflit ». Signalant que Ronald Pofalla (ancien secrétaire général de la CDU et ex-ministre chef de la chancellerie fédérale ayant rejoint la Deutsche Bahn en 2015) se tient prêt, plusieurs quotidiens mettent en garde contre le soupçon de collusion que susciterait un tel choix.
- Europe
« L’Allemagne gagnante du Brexit » (Süddeutsche Zeitung)
Alors qu’une étude du cabinet de conseil Ernst & Young fait apparaître que l’Allemagne serait, devant les Pays-Bas et la France, la destination privilégiée des entreprises voulant transférer une partie de leurs activités hors du Royaume-Uni, les journaux rendent compte d’une réunion d’information tenue hier à Francfort par l’autorité de supervision financière allemande, la BaFin, à l’intention d’une cinquantaine de représentants de banques étrangères. « Les banques étrangères sont les bienvenues mais il ne suffit pas d’installer une boîte aux lettres » pour obtenir la licence bancaire délivrée par la BaFin, a souligné l’un des responsables du superviseur allemand en expliquant que ce séminaire avait pour objectif d’éclairer les instituts étrangers sur le cadre réglementaire et aussi « d’éviter les risques pour le secteur financier allemande ». Le président de la fédération des banques allemandes, cité par Die Welt, se déclare optimiste quant à la possibilité de relocaliser quelques milliers d’emplois à Francfort mais appelle le gouvernement fédéral à « s’impliquer » et à envisager des concessions en matière de droit du travail (notamment l’exemption des employés à très forte rémunération des préavis de licenciement), qui constitue un frein au transfert d’activités financières, estime-t-il.
Inflation : « la BCE doit changer de politique » (Süddeutsche Zeitung)
La hausse de l’inflation en Allemagne, qui avec 1,9% au mois de janvier « atteint presque le seuil des 2% » (FAZ), suscite de nouveaux appels des éditorialistes économiques à un changement de politique monétaire de la Banque centrale européenne. Outre les critiques récurrentes de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung estime elle aussi le temps venu pour la BCE de reconnaître que prolonger son programme de rachat d’actifs au-delà de mars 2017 était une erreur compte tenu du fait que la hausse des prix, notamment de l’énergie, était déjà prévisible en décembre dernier.
- International
« Ankara met Berlin en demeure de ne pas accorder l’asile à des soldats turcs » (FAZ)
La visite jeudi à Ankara de la chancelière fédérale, la première depuis la tentative de putsch du 15 juillet dernier, « s’annonce très difficile » (Tagesspiegel), s’accorde à constater la presse qui relayait ce week-end des informations selon lesquelles 40 officiers turcs de haut rang stationnés dans des bases de l’OTAN auraient demandé l’asile en Allemagne. Le ministre turc de la Défense exige l’extradition de ces officiers comme preuve que « l’Allemagne ne coopère pas avec le terrorisme », rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, a répondu hier que l’examen des demandes d’asile ne relevait pas de décisions politiques mais se faisait au cas par cas dans le strict respect du droit d’asile, et un porte-parole du ministère de l’Intérieur a précisé qu’il était difficile de confirmer les informations sur ces demandes d’asile, les procédures ne prévoyant pas l’enregistrement statistique des professions ou l’appartenance à un groupe quelconque, indiquent les journaux.
« Merkel inquiète de la situation dans l’est de l’Ukraine » (FAZ)
La presse indique que la chancelière, qui recevait hier à Berlin le président Porochenko, a fait part de son inquiétude face à la détérioration de la situation dans l’est de l’Ukraine. Selon la Süddeutsche Zeitung qui évoque des sources berlinoises s’appuyant sur des rapports établis par la mission de l’OSCE sur place, les militaires ukrainiens chercheraient actuellement à faire bouger à leur profit la ligne de démarcation, assumant pleinement le risque de tensions que cela implique, le projet du président ukrainien étant d’empêcher par tout moyen que D. Trump ne lève les sanctions contre la Russie. « Au sein du gouvernement allemand, l’inquiétude augmente à l’idée que le calcul de Kiev s’avère contre-productif », relève le journal.
« Merkel intensifie ses critiques contre Trump » (Süddeutsche Zeitung)
La chancelière fédérale a condamné hier, dans une déclaration préalable à la conférence de presse conjointe avec P. Porochenko, le décret sur l’immigration du président Trump dans des termes encore plus fermes que dans son précédent communiqué, réitérant l’engagement du gouvernement fédéral à venir en aide aux doubles nationaux (quelque 130 000 selon Berlin) tombant sous le coup de l’interdiction provisoire d’entrée sur le territoire américain, rapportent les quotidiens. « Les Allemands vont-ils aussi être soumis à des contrôles d’entrée plus stricts ? » s’interroge le tabloïd Bild qui cite un « haut fonctionnaire des autorités de sécurité américaines » selon lequel l’administration Trump envisagerait « sérieusement » de supprimer la procédure d’autorisation de voyage Esta pour l’Allemagne.
Dans le secteur économique, les grands groupes allemands « se gardent de protester à haute voix contre ce décret » de peur de conséquences négatives, constate Die Welt après enquête auprès des multinationales. « Seuls quelques patrons et dirigeants de sociétés allemandes critiquent clairement le décret sur l’immigration – et ce sont tous des Américains », note Die Welt en citant notamment Bill McDermott, patron du géant logiciel SAP,
- France
Campagne pour les présidentielles : « les adversaires de l’Europe dominent » (Handelsblatt)
La presse conservatrice continue de faire des portraits à charge de Benoît Hamon, la FAZ présentant le candidat investi par le PS comme un « apparatchik » « incarnant la fuite de la gauche face aux réalités », « n’entendant pas se laisser arrêter par la situation financière désastreuse de la France ou ses obligations européennes ». Les médias soulignent que désormais tous les candidats à l’élection présidentielle sont connus et jugent, non sans inquiétude, qu’ils « se rejoignent presque tous dans leur hostilité, ou du moins leur scepticisme face à l’Europe » (Handelsblatt). Die Welt évoque pour sa part un paysage politique travaillé par des forces centrifuges, dans lequel le centre a disparu. Le Handelsblatt s’alarme que des partis politiques profondément divisés sur le plan idéologique, y compris le FN, soient devenus des « coquilles vides ». Le quotidien des affaires veut y voir le symptôme d’un système politique à bout de souffle et d’une « Ve République [devenue] Ancien régime ». Le correspondant du journal se demande si la France n’est pas « à la veille de bouleversements politiques comme les nations en connaissent tous les 50 ou 100 ans »./.