Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
2 février 2017
- Le coup de filet dans les milieux proches de Daech hier en Allemagne fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« De Maizière : nous sommes vigilants et agissons avec détermination »), du Tagesspiegel (« perquisition d’ampleur contre la scène terroriste ») et de Die Welt (« une personne suspectée de terrorisme en Hesse – parallèle avec le cas Amri »). La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une au souhait de la conférence des évêques d’Allemagne de rendre « la communion possible même après un divorce ». Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une aux bons résultats financiers de Siemens, qui dégage les bénéfices les plus élevés du DAX (« le nouveau numéro 1 »).
- Allemagne
Perquisitions et arrestation en Allemagne d’un Tunisien : « un 2ème cas Amri ? » (tageszeitung)
Les journaux font état de la vaste perquisition opérée hier en Hesse lors de laquelle 16 personnes ont été interpelées, parmi elles un Tunisien de 36 ans déjà connu des services de police. La presse signale qu’il est soupçonné d’avoir planifié un acte terroriste sur le sol allemand et d’avoir servi de recruteur à Daech. « Tout comme dans le cas d’Anis Amri, l’auteur de l’attentat du 19 décembre à Berlin, lui aussi de nationalité tunisienne, cette supposée réussite en matière d’enquête criminelle soulève nombre d’interrogations », souligne la tageszeitung qui avance les détails suivants : cet individu faisait l’objet d’un mandat d’arrêt tunisien depuis le 3 juin dernier en raison de son implication suspectée dans l’attentat du Bardo à Tunis. Or il avait déposé en Allemagne une demande d’asile en août 2015, cinq mois seulement après l’attentat ayant fait plus de vingt victimes à Tunis, et avait bénéficié de toute liberté de mouvement sans être aucunement inquiété. Ce n’est qu’en août 2016 qu’il a été incarcéré pour purger un reste de peine pour une condamnation remontant à 2008, époque à laquelle il avait séjourné en Hesse. Au terme de cette peine, les autorités se seraient rendu compte du risque qu’il représentait, mais faute de parvenir à obtenir des autorités tunisiennes les papiers nécessaires à son extradition, il avait dû être relâché. Sans être classé comme dangereux, il a ensuite été placé sous surveillance et ce n’est que pour les besoins de l’enquête qu’il a fini par se faire arrêter. Bild et la FAZ indiquent de leur côté que la police a procédé hier à Berlin à l’arrestation de trois individus soupçonnés de vouloir se rendre dans des camps d’entraînement à la frontière syro-irakienne, dont deux auraient été en contact étroit avec Anis Amri.
- Allemagne / International
Jugement négatif des Allemands sur Donald Trump
Selon un sondage INSA réalisé par téléphone hier et avant-hier pour le tabloïd Bild auprès de 1003 personnes, 77,6% d’entre elles jugent négativement l’action du nouveau président des Etats-Unis, 84,4% condamnant le décret anti-immigration de D. Trump. 87,3% des personnes interrogées refusent que l’Allemagne soit dirigée par un homme politique tel que Trump, les femmes étant plus sévères que les hommes, remarque Bild. Sans surprise, les personnes convaincues par l’action du président américain se recrutent pour une grande partie chez les partisans du parti populiste AfD et dans une moindre mesure du parti de gauche Die Linke. 65,1% des personnes proches de l’AfD sont partisantes d’un dirigeant allemand à l’image de D. Trump. « Ce sondage montre qu’une majorité d’électeurs de l’AfD et aussi de nombreux électeurs de Die Linke n’expriment pas seulement un vote protestataire mais veulent un changement radical de système, tournant le dos à la démocratie parlementaire », conclut Bild.
Excédents commerciaux allemands : « Trump n’a pas tort » (Tagesspiegel)
Après la charge lancée par hier dans le Financial Times par le conseiller du président américain Peter Navarro contre Berlin qui profiterait d’un euro sous-évalué pour doper ses exportations aux dépens de ses partenaires commerciaux, plusieurs quotidiens estiment que les critiques américaines ne sont pas dénuées de fondement : « ce sont des accusations brutales mais il y un fond de vérité », résume le Handelsblatt, pour qui « il y a longtemps que le boom des exportations allemandes a pris des dimensions pathologiques ». « C’est en effet un problème, l’Allemagne vit aux dépens d’autres pays, y compris des Etats-Unis, mais ce n’est pas par des coups de gueule de Trump que les produits américains deviendront plus compétitifs », fait valoir le Tagesspiegel. « Les arguments du gouvernement américain sont faux, absurdes et faciles à réfuter, mais il n’empêche que le gouvernement fédéral serait bien inspiré de prendre cette critique au sérieux », considère la Süddeutsche Zeitung. Pour ces journaux, le problème réside dans le fait que les capitaux considérables engrangés par le secteur privé allemand ne sont pas réinvestis en Allemagne dans des projets à long terme pour relancer l’infrastructure, notamment numérique, l’éducation ou la recherche et que le gouvernement allemand se préoccupe trop peu d’utiliser ses marges de manœuvre politiques pour relancer la demande intérieure et lever les obstacles aux investissements en matière de coûts de l’énergie et de manque de main d’œuvre qualifiée.
- International
Déplacement aujourd’hui de la chancelière en Turquie : « une visite délicate » (Handelsblatt)
Pour la 9ème fois depuis qu’elle est en fonction et pour la 1ère fois depuis la tentative de putsch en juillet dernier, la chancelière se rend en Turquie, soulignent les journaux dans leurs avant papiers. « A. Merkel va être confrontée à toute une série d’exigences de la part d’Ankara concernant par exemple la poursuite et l’extradition vers la Turquie de ressortissants soupçonnés par la Turquie d’avoir été impliqués dans le putsch du 14 juillet. En outre, elle est confrontée aux pressions de l’opposition, d’organisations de défense des droits de l’homme, mais aussi de responsables en Allemagne qui la pressent d’aborder la question des violations des droits et libertés », indique la Berliner Zeitung pour qui il est clair que la chancelière « cherche avant tout à obtenir des garanties sur l’accord migratoire conclu avec la partie turque en mars dernier de manière à éviter toute surprise désagréable dans les mois qui précèdent les élections au Bundestag ». Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung se montre très critique d’une visite si proche d’un référendum crucial pour le président Erdogan, jugeant qu’elle risque d’être interprétée comme un soutien et une « trahison des démocrates turcs ». Plusieurs quotidiens, sans aller aussi loin, se font néanmoins l’écho des appels lancés par plusieurs députés allemands d’origine turque pour que la chancelière prenne clairement position sur la question de la démocratie et de l’Etat de droit. De l’avis Die Zeit, « toute polémique au sujet du déplacement de la chancelière est absurde car dans un pays où le climat n’a jamais été aussi hostile à l’Occident et à l’Allemagne, un responsable politique tel qu’Erdogan n’a sûrement pas besoin du soutien de la chancelière ». « Parler avec des autocrates n’est pas aujourd’hui une question de vouloir, mais de devoir », estime l’hebdomadaire pour qui la plus grave erreur serait de couper les contacts.
Ukraine : interview du président Porochenko avec les journaux du groupe Funke Medien
Dans un entretien réalisé à l’occasion de son récent déplacement à Berlin, le président Porochenko déclare attendre avant tout de l’Union européenne qu’elle fasse preuve d’unité. « Une Europe unie, menée par la France et l’Allemagne, peut conduire la Russie à respecter les accords de Minsk », déclare-t-il avant de réaffirmer pour son pays l’importance de l’OTAN. Mentionnant qu’à présent 54% des Ukrainiens plaident en faveur d’une adhésion à l’OTAN (contre 16% il y a quatre ans), il fait part de son intention d’organiser un référendum sur cette question./.