Synthèse de la presse quotidienne
3 février 2017
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La visite de la chancelière à Ankara hier fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Merkel promet son soutien à Erdogan dans la lutte contre le terrorisme ») et de la Süddeutsche Zeitung (« Merkel rappelle à l’ordre Erdogan »). L’augmentation spectaculaire des intentions de vote en faveur du SPD après l’annonce de la candidature de Martin Schulz à la chancellerie fédérale est à la Une du Tagesspiegel (« Schulz fait grimper le SPD ») et de Die Welt (« Schulz battrait Merkel haut la main dans le cas d’une élection directe »). Le quotidien des affaires Handelsblatt titre sur les nouveaux résultats dans le rouge de la Deutsche Bank et sur la situation difficile de son patron John Cryan (« l’homme du minus »). Les médias audiovisuels et en ligne consacrent leurs Unes à la visite du nouveau ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel à Washington, où il a rencontré son homologue Rex Tillerson et le vice-président Mike Pence.
- Allemagne
« Schulz fait grimper le SPD » (Tagesspiegel) – Schulz battrait Merkel haut la main dans le cas d’une élection directe » (Die Welt)
Sur la base du dernier sondage Infratest Dimap, les journaux font état du regain de popularité du SPD et du fait que son candidat tête de liste Martin Schulz est plébiscité par les sondages. Ainsi, dans l’hypothèse d’une élection directe, 50% des sondés déclarent qu’ils voteraient pour M. Schulz et 34% pour A. Merkel. La presse rappelle qu’il y a dix jours encore, les deux candidats étaient à égalité, crédités chacun de 41%. Si 39% donnent leur préférence à un gouvernement dirigé par la CDU/CSU, 50% des sondés déclarent souhaiter que le prochain gouvernement soit dirigé par le SPD qui gagne 8 points dans les sondages (28% d’intentions de vote), tandis que la CDU en perd 3 (34%), tout comme l’AfD (12%).
Doutant que l’envolée soit amenée à durer, les éditorialistes avancent quelques explications à cette subite embellie pour le SPD. De l’avis de la Süddeutsche Zeitung, il est clair que les sondages traduisent pour bonne partie le soulagement de voir Martin Schulz et non Sigmar Gabriel mener la campagne. Die Welt, qui ne manque pas une occasion de manifester son antipathie à l’égard de M. Schulz, voit toutefois d’un bon œil son effet bénéfique pour le parti et estime que trois facteurs expliquent la popularité de M. Schulz : ses talents oratoires, l’image qu’en ont les électeurs et la faiblesse de la chancelière. Pour le journal conservateur, M. Schulz tire actuellement sa force du fait qu’il est une « coquille » dans laquelle les électeurs peuvent mettre toutes leurs aspirations, le fait est aussi que beaucoup d’entre eux sont « lassés de Merkel », non seulement en raison de sa politique migratoire impopulaire, mais aussi pour son manque de vision et son incapacité à expliquer sa politique de manière convaincante.
- Europe
Livre blanc sur le Brexit : « tâtonnements dans le brouillard » (Süddeutsche Zeitung)
Pour les commentateurs, le Libre blanc publié par le gouvernement britannique sur les objectifs de Londres dans sa négociation avec ses partenaires européens ne parvient pas à dissiper les incertitudes sur la manière dont le Royaume-Uni envisage ses futures relations avec l’UE. « Un exemple : oui, les Britanniques veulent sortir du marché intérieur et de l’union douanière, tout en gardant parallèlement les relations commerciales les plus étroites possibles avec l’UE. Quant à savoir comment ils veulent s’y prendre, cela reste complètement ouvert », remarque la Süddeutsche Zeitung. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note par exemple les contradictions de la position de Londres sur la question des relations avec le voisin irlandais, qui reste membre de l’UE : « déjà sur ce point relativement marginal le rêve et la réalité s’opposent » entre l’opposition à la liberté de circulation des personnes et l’intérêt des citoyens britanniques, souligne la FAZ.
Les journaux relèvent l’ambivalence de la relation à l’Union européenne qui s’exprime dans ce Livre blanc : « l’accent mis sur les intérêts mutuels et la réciprocité sous-tend comme un fil rouge tout ce document, et conduit à se poser une question que de plus en plus de Britanniques se posent peut-être aussi : pourquoi demander un divorce qu’on ne veut pas vraiment au fond ? », observe le Tagesspiegel. « Après toute la rhétorique anti-UE, c’est un virage qui pourrait s’expliquer par le fait qu’une partie du gouvernement réalise que pour venir à bout de l’entreprise monumentale qu’ils ont entrepris, les Britanniques dépendent, qu’ils le veuillent ou non, du bon vouloir de leurs partenaires européens dans les négociations de sortie », constate également la Süddeutsche Zeitung.
Conseil européen / interview du ministre grec de l’immigration
Les avant-papiers consacrés au sommet de Malte sont essentiellement centrés sur les questions soulevées par un regain de la pression migratoire sur l’Union européenne. Dans ce contexte, Die Welt publie un entretien avec Ioannis Mouzalas dans lequel le ministre grec de l’immigration « appelle l’Europe à enfin tenir ses promesses » en matière de relocalisation des migrants échoués en Grèce dans les autres Etats membres, estimant que même en faisant preuve de compréhension pour les situations intérieures des pays n’ayant pas accueilli le nombre de migrants prévu par l’accord européen, « chaque pays doit se voir placé dans l’obligation de remplir au moins 50% de son quota et c’est à la Commission européenne d’y veiller ». Il appelle également la Turquie et l’Union européenne à prendre leurs responsabilités pour la mise en œuvre de l’accord bilatéral sur la migration.
- International
Déplacement de la chancelière en Turquie : « Merkel fait la leçon à Erdogan » (Bild)
Tout comme le tabloïd Bild, la Süddeutsche Zeitung met en exergue que Mme Merkel a « rappelé à l’ordre » le président Erdogan en marquant l’importance des principes démocratiques et de l’Etat de droit. Les journaux indiquent qu’à l’issue d’un entretien « qui a duré deux fois plus longtemps que prévu » (Süddeutsche Zeitung), la chancelière a déclaré en conférence de presse : « l’opposition fait partie de toute société démocratique » avant de défendre la décision des tribunaux allemands de ne pas extrader vers la Turquie des individus supposés proches du mouvement Gülen réclamés par Ankara.
Die Welt et la Süddeutsche Zeitung accueillent favorablement les propos tenus par la chancelière. Pour Die Welt, elle a mis au mieux à profit la situation et de l’avis de la Süddeutsche Zeitung, « contrairement à ses habitudes, elle a parlé clairement et sans ambages ». Rappelant qu’il y a quelques années c’était R.T. Erdogan qui se déplaçait en Allemagne, la FAZ estime que l’on assiste à un retournement de situation avec une chancelière, dont c’est le 5ème déplacement en Turquie en l’espace de 18 mois, qui se rend à Ankara pour « quémander » (obtenir des garanties sur le respect par Ankara de l’accord migratoire et user de son influence pour que le fonctionnement démocratique soit respecté). « La visite protocolaire n’a pas été cette fois l’occasion d’un échange d’amabilités, ce qui laisse entrevoir à quel point les relations bilatérales sont affectées. Il n’y a plus vraiment de place pour des sentimentalités nostalgiques sur l’amitié germano-turque vieille de plus d’un siècle », constate le quotidien rejoint dans cette tonalité par le Tagesspiegel pour qui la visite a montré « combien le fossé s’est creusé entre les deux pays ».
Premier déplacement de Sigmar Gabriel aux Etats-Unis
A l’occasion de sa première visite aux Etats-Unis, le nouveau ministre allemand des Affaires étrangères a, de l’avis des médias qui l’accompagnaient, plutôt réussi une prestation difficile consistant à « tendre à moitié la main » (FAZ) à ses interlocuteurs américains, soulignant à la fois la volonté de conserver un dialogue étroit avec l’administration Trump tout en rappelant à plusieurs reprises, avec diplomatie mais sans équivoque, les valeurs fondatrices des Etats-Unis et de l’Occident. Les premiers comptes rendus de la presse écrite, publiés avant la rencontre de Sigmar Gabriel avec son homologue Rex Tillerson et le vice-président Mike Pence, soulignent la volonté exprimée par le vice-chancelier allemand de préserver les étroites relations entre l’Allemagne et l’Europe d’une part et les Etats-Unis d’autre part : « son message [sur les valeurs] était diplomatique mais n’en était pas moins très clair, il est en mission délicate », reconnaît Die Welt. « Le ton était donné, il est apparu très vite que Gabriel n’était pas venu uniquement comme chef de la diplomatie allemande mais aussi comme l’un des principaux ministres des affaires étrangères d’une Union européenne dont les Britanniques veulent se détourner », écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les médias en ligne rapportent que lors de leur rencontre, Mike Pence et Sigmar Gabriel se sont entendus sur le rôle central de l’Otan pour garantir la sécurité de l’Europe et de l’Amérique du Nord, selon un communiqué de la Maison blanche.
- France
Affaire Fillon
L’ensemble des quotidiens continuent de suivre les développements du « Penelopegate », faisant mention de l’interview accordée par Mme Fillon en 2007 au Sunday Telegraph retrouvée par France 2 : « la chute fulgurante de François Fillon (Handelsblatt), « Fillon en dérapage » (tageszeitung), « l’homme d’hier » (Süddeutsche Zeitung)./.