Synthèse de la presse quotidienne
6 février 2017
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La bataille engagée entre l’administration américaine et les tribunaux fédéraux sur la légalité du décret anti-immigration de Donald Trump fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « Trump en conflit avec la justice sur les interdictions d’entrée sur le territoire » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « Trump échoue par deux fois devant la justice » (Süddeutsche Zeitung) ; « Trump échoue – et enrage » (Der Tagesspiegel). Le quotidien des affaires Handelsblatt juge pour sa part que « Trump divise le monde économique ». Die Welt consacre sa Une aux difficultés d’approvisionnement en électricité : « le courant se raréfie en Allemagne ».
- Allemagne
« Le SPD regagne six points dans les sondages grâce à Schulz » (Bild am Sonntag)
La Bild fait état dans son édition dominicale du dernier sondage Emnid créditant le SPD de 29% des intentions de vote (+6 points en une semaine), soit son score le plus élevé depuis plus de quatre ans. Cette remontée spectaculaire permettait au SPD de réduire de 10 points en une semaine l’écart qui le sépare de la CDU (33%). Evoquant le vent d’optimisme qui souffle à présent dans les rangs sociaux-démocrates, la presse indiquait toutefois que l’affaire de la prime de départ de Volkswagen de Christine Hohmann-Dennhardt, membre du SPD et ancienne ministre du Land de Hesse, risque de porter atteinte à la crédibilité de Martin Schulz qui ne cesse d’appeler à davantage de justice sociale.
Rencontre à Munich des instances dirigeantes de la CDU/CSU : « opération réunification » (Tagesspiegel)
La presse commente sur un ton dubitatif la rencontre à Munich des instances des partis conservateurs destinée à se mettre d’accord sur une stratégie commune dans la perspective des élections fédérales. De l’avis du tabloïd Bild, la rencontre qui devait sceller le ralliement de la CSU à la candidature d’Angela Merkel comme tête de liste et la réconciliation au sein du camp conservateur a pris des allures de « mise en ordre de bataille contre Schulz », sur fond d’envolée du SPD dans les intentions de vote. « En vérité, cela fait bien longtemps que la CDU et la CSU ne sont plus sur la même ligne, mais l’effet Schulz pousse les deux partis à resserrer les rangs », souligne Bild.
Dans un éditorial intitulé « la paix de Munich », la Süddeutsche Zeitung estime que cette rencontre est d’abord celle de « l’hypocrisie ». Si à première vue la rencontre peut apparaître comme « un succès pour Angela Merkel qui ne s’est pas laissé provoquer et a attendu que la CSU finisse par se ranger derrière elle », la rencontre laisse l’impression que la CDU et la CSU se sont « rabibochées non parce qu’elles le veulent, mais parce qu’elles n’ont pas d’autre choix ». Dans son principal éditorial de première page centré sur Horst Seehofer, la FAZ fait valoir qu’il « ne va pas être aisé pour le président de la CSU de réchauffer les cœurs de l’électorat conservateur pour une candidate à laquelle il n’a reproché pas moins que d’avoir violé l’Etat de droit avec sa politique migratoire ». « Au plus tard à l’automne dernier, quand il est apparu qu’il n’y avait pas d’autre choix que celui d’Angela Merkel, la CSU aurait dû faire cause commune avec la CDU […] il va maintenant être difficile de mobiliser la CSU en faveur d’une candidate que M. Seehofer lui-même a si longtemps mise en question », juge le journal. Pour la Berliner Zeitung aussi, cette réconciliation intervient « bien trop tardivement pour être réellement crédible », d’autant que « les divergences persistent entre les deux partis, non seulement sur la politique migratoire, mais également sur le volet social ou encore sur l’attitude à avoir envers la Russie ou les Etats Unis ».
- Europe
Conseil européen à Malte
En annonçant vouloir s’appuyer sur la Libye pour bloquer la route migratoire en Méditerranée centrale, l’Union européenne veut faire démonstration de sa détermination et de sa capacité d’action, mais elle accepte pour ce faire de se compromettre sur le plan moral, estime une grande partie de la presse au lendemain du Conseil européen à Malte. « L’UE montre qu’elle est en capacité d’agir en prenant des décisions claires, l’agenda de Malte va dans le bon sens », écrit ainsi le Tagesspiegel, « mais cela va de pair avec un dilemme moral, l’UE doit négocier avec des partenaires qui ne répondent d’aucune manière à des critères démocratiques, et de ce point de vue, les réserves contre l’aménagement de camps de réfugiés sur le territoire libyen sont absolument compréhensibles ». La Süddeutsche Zeitung déplore une « double morale » des Européens, lesquels s’indignent contre les mesures anti-immigration de D. Trump mais « recourent à des deals avec un autocrate (Turquie) et maintenant avec le gouvernement fantôme d’un des Etats les plus faillis du monde (Libye) tout en sachant que le devenir des réfugiés refoulés vers la Libye est des plus vagues ». Certes, poursuit le quotidien, « il n’y a pas de solution à la fois réaliste et moralement irréprochable à ce problème, mais l’UE devrait faire preuve d’un peu plus d’honnêteté en la matière ». « C’est une illusion de croire qu’on peut maîtriser les nouveaux flux migratoires sans se salir les mains », commente également Die Welt. La Frankfurter Allgemeine Zeitung objecte pour sa part que « tant qu’il n’y a pas en Libye de pouvoirs publics qui fonctionnent, l’UE n’a pas d’interlocuteur sérieux pour le mettre en œuvre, c’est la différence avec la Turquie où il y a au moins un gouvernement digne de ce nom ». De plus, observe le journal de Francfort, s’ajoute le fait que « la Russie a des visées d’influence sur la Libye, deuxième point de départ des migrants vers l’Europe après la Syrie. L’UE va-t-elle désormais devoir négocier avec Moscou pour sécuriser ses frontières ? »
Au lendemain du Conseil européen, le président du groupe SPD au Bundestag, Thomas Oppermann, publie dans l’édition dominicale de la FAZ une tribune plaidant en faveur du refoulement des migrants illégaux interceptés en Méditerranée vers des camps de réfugiés en Afrique du Nord. Ce « virage à droite » (tageszeitung) d’un dirigeant du SPD sur le dossier migratoire suscite une levée de boucliers des Verts et de Die Linke, rapporte les médias. « Th. Oppermann reprend une proposition de Th. de Maizière (CDU) qui recycle lui-même une idée vieille de 13 ans de l’ancien ministre de l’Intérieur SPD Otto Schily », commente Die Welt qui y voit un dessein électoral : il s’agit de signaler à l’électorat populaire que veut séduire Martin Schulz que « le SPD non plus ne veut plus de nouveaux réfugiés ».
Déplacement d’Angela Merkel en Pologne
A l’occasion de son déplacement demain à Varsovie, la chancelière fédérale va tenter de convaincre le président du PiS, Jarosław Kaczyński, de ne pas s’opposer à une réélection de Donald Tusk à la tête du Conseil européen en mai prochain, car même si celui-ci peut compter sur le soutien d’une majorité d’Etats membres, il est difficilement envisageable de le reconduire sans l’aval de son propre pays, écrit la Süddeutsche Zeitung. Varsovie au contraire devrait saisir l’occasion de cette visite pour charger Angela Merkel de prévenir les chefs d’Etat et de gouvernement européens que la Pologne considèrerait une réélection de D. Tusk comme une offense, estime le quotidien.
- International
Etats-Unis / dérégulation bancaire : « personne ne va y gagner » (Süddeutsche Zeitung)
La signature par Donald Trump d’un décret donnant le coup d’envoi à la dérégulation de Wall Street suscite des commentaires négatifs. Pour la FAZ, une refonte de la loi Dodd Frank régulant les marchés financiers aux Etats-Unis ferait sens si elle en corrigeait les lacunes et imperfections, or le motif clairement revendiqué est d’améliorer la compétitivité de la monnaie américaine par rapport à la concurrence internationale. « Alors qu’il serait temps de réguler les banques de telle sorte que leur faillite ne provoque plus de séisme économique, les grandes banques vont retrouver une liberté d’action inédite et en cas d’urgence, elles pourront compter sur leurs alliés à la Maison Blanche. Il y a de quoi être effrayé », conclut la FAZ.
- France
Campagne électorale française
Après les médias audiovisuels hier, la presse écrite consacre aujourd’hui de nombreux comptes rendus à la présentation par Marine Le Pen de son programme présidentiel, ce week-end à Lyon. « Le Pen réaffirme son souhait d’un Frexit », met en exergue la FAZ. « Attaque contre l’Europe », titre le Handelsblatt, tandis que la Berliner Zeitung relève que Marine Le Pen désire faire sortir la France du commandement intégré de l’OTAN (« Le Pen met en cause l’appartenance à l’Otan et à l’UE »). Le meeting d’Emmanuel Macron samedi à Lyon bénéficie aussi d’un large écho dans la presse écrite. La Süddeutsche Zeitung note ainsi qu’alors que « Marine Le Pen se fait acclamer pour sa colère, Macron se fait acclamer pour son optimisme ». Sous le titre « ni de droite, ni de gauche mais français », Die Welt estime qu’après les révélations au sujet de François Fillon « celui qui faisait figure d’outsider a désormais de bonnes chances d’entrer à l’Elysée ». Estimant que le programme d’Emmanuel Macron s’apparente à une sorte de « supermarché politique […] pas vraiment impressionnant », mais dans lequel chacun peut trouver ce qu’il cherche, le quotidien alternatif de gauche tageszeitung salue néanmoins le « courage » de celui qui, dans le contexte actuel, « ose faire campagne sous le signe de la bannière étoilée européenne ».
La France invitée d’honneur du salon du livre de Francfort
Die Welt dans son édition de samedi et la FAZ aujourd’hui consacrent un article à la manière dont la France prépare sa venue au salon du livre de Francfort cet automne. Soulignant que depuis le début de l’année, « l’Allemagne bénéficie en France d’une hospitalité et d’une attention depuis longtemps inégalée sur les bords de la Seine », Die Welt brosse un portrait détaillé du paysage littéraire actuel en France, estimant que la littérature française peut être certaine de l’intérêt qu’elle suscite en Allemagne. Dans un compte rendu à caractère plus sociologique, la FAZ décrit la scène littéraire française marquée psychologiquement par les récentes attaques terroristes et un contexte politique particulièrement morose à l’approche d’élections présidentielles décisives./.