Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

7 février 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. La désignation de Mme Merkel hier comme tête de liste commune de la CDU et de la CSU aux élections fédérales de l’automne fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« CDU et CSU font de Merkel leur candidate commune »), de la Süddeutsche Zeitung (« Merkel et Seehofer font la paix »), de Die Welt (« Seehofer choisit Merkel – et le SPD dépasse la CDU/CSU ») et du Tagesspiegel (« la campagne électorale la plus difficile »). Le quotidien des affaires Handelsblatt s’intéresse pour sa part à la stratégie de grands groupes allemands, comme Bayer et bientôt Siemens et Metro, qui se démembrent en plus petites entreprises, plus profitables en bourse (« la richesse par la division »).
  2. Allemagne

« Merkel et Seehofer font la paix » (Süddeutsche Zeitung)

« Au terme d’une longue dispute, la CSU finit par désigner comme candidate tête de liste pour les élections au Bundestag la présidente de la CDU, mais les dissensions persistent sur le plafond migratoire », fait valoir le quotidien de Munich qui, comme l’ensemble de la presse, relève qu’en dépit de l’unité de façade affichée par Mme Merkel et M. Seehofer, les chefs de file conservateurs campent sur leurs positions en matière migratoire. La FAZ mentionne qu’outre la « déclaration de Munich » conclue hier, qui va servir de feuille de route pour élaborer ces prochains mois un programme de campagne commun, la CSU va se doter de son propre programme de campagne intitulé « plan bavarois ». Die Welt indique à sa une qu’au moment où la CSU se ralliait à Mme Merkel, un sondage Insa plaçait pour la première fois le SPD en tête des intentions de vote, le créditant de 31%, soit un point de plus que la CDU/CSU.

Comme hier déjà, les commentateurs ne se font guère d’illusions sur l’unité du camp conservateur, estimant qu’il est avant tout dicté par la nécessité. Ce « sommet de la paix » n’est pour la Süddeutsche Zeitung qu’un « épisode de plus dans la comédie de l’absurde » à laquelle se livrent Horst Seehofer et Angela Merkel. Les partis frères ont certes « une candidate commune, mais aucune unité sur un point central de la politique allemande », souligne le quotidien pour qui les deux protagonistes se sont contentés de « mettre des planches sur les fossés qui les séparent au lieu de les combler ». « Voilà qui constitue une base bien bancale pour une campagne commune », conclut le journal. Sous le titre « l’entente forcée », le Handelsblatt juge « ratée » la conférence de presse conjointe de Mme Merkel et de M. Seehofer hier. « Les électeurs auraient bien voulu entendre quelle est la vision de l’Allemagne que partagent la CDU et la CSU, au lieu de cela, ils ont entendu que Horst Seehofer n’est pas disposé à signer un contrat de coalition d’où serait absente la mention d’un plafond en matière d’accueil des réfugiés et que Mme Merkel n’a aucunement l’intention de modifier sa position sur cette question », relève le quotidien qui en conclut également à une « paix fragile ». De l’avis de la FAZ, seule l’échéance électorale de septembre pousse H. Seehofer à « enterrer provisoirement la hache de guerre », de sorte que les dissensions en matière migratoire sont tout au plus « ajournées », l’objectif prioritaire étant de « battre un ennemi commun qui, de façon soudaine et inattendue, frappe à la porte de la chancellerie ». Tout en doutant également de la sincérité du « serment de fidélité » entre la CDU et la CSU, Die Welt se félicite comme Bild de l’irruption face à la chancelière d’un adversaire SPD crédible. « Le pays est en passe d’obtenir la campagne électorale qu’il mérite », juge le journal. Le tabloïd Bild se réjouit de sondages rendant de moins en moins probable une reconduction de la grande coalition. « Voilà qui est bon pour l’Allemagne et mauvais pour les extrêmes », écrit-il.

Débat sur les reconduites à la frontière

L’ensemble de la presse fait état des réactions à la tribune publiée par le président du groupe SPD au Bundestag, Thomas Oppermann, dans l’édition dominicale de la FAZ où il plaidait en faveur du refoulement des migrants illégaux interceptés en Méditerranée vers des camps de réfugiés en Afrique du Nord. Les journaux notent qu’en réponse aux critiques en provenance de son propre camp (à commencer par Sigmar Gabriel), l’intéressé a jugé bon de préciser hier qu’il était évident qu’il ne s’agissait pas de reconduire vers la Libye, un « pays trop instable », des demandeurs d’asile refoulés, mais qu’il était question, en accord avec les pays sûrs d’Afrique du Nord, de mettre en place des infrastructures d’accueil dans les pays de transit de manière à mettre un terme aux activités des passeurs.

Les journaux notent par ailleurs que cinq Länder gouvernés par le SPD réclament une suspension des reconduites vers l’Afghanistan, estimant que celles-ci doivent être limitées aux délinquants et individus potentiellement dangereux. Plusieurs commentateurs prennent appui sur un rapport des Nations Unies attestant que le nombre de victimes civiles a atteint un nouveau record en 2016 pour marquer leur distance avec la position du gouvernement fédéral qui justifie les retours par le fait qu’il existe des zones sûres dans le pays.

« Pas de preuves d’une campagne de désinformation menée par la Russie selon le BND » (Süddeutsche Zeitung)

Le quotidien de Munich indique qu’au terme d’une année de recherches, les services allemands de renseignement ne sont pas parvenus à réunir des preuves attestant une campagne de désinformation menée par la Russie en Allemagne. Le journal relève que selon les services de renseignement la vigilance reste toutefois de mise et que l’Allemagne a décidé de renforcer sa coopération dans ce domaine avec la France et les Pays-Bas en raison des élections qui doivent s’y tenir.

  1. Europe

Déplacement d’Angela Merkel en Pologne / interview de Jarosław Kaczyński dans la FAZ

Le Tagesspiegel et la tageszeitung (taz) relèvent qu’Angela Merkel, qui doit rencontrer aujourd’hui à Varsovie la Première ministre et le président polonais mais surtout « l’homme le plus puissant de Pologne », le président du PiS, s’est abstenue jusqu’alors de critiquer ouvertement les dérives du gouvernement polonais, contrairement à son challenger Martin Schulz. Les médias semblent néanmoins considérer que ce silence relève davantage d’une réserve diplomatique que d’une complaisance blâmable. « Berlin laisse à la Commission européenne le soin de réagir, sachant que des mises en garde allemandes à la Pologne ne pourraient que verser de l’huile sur le feu », explique ainsi la Süddeutsche Zeitung, qui pourtant considère que « l’Allemagne, puissant Etat membre de l’UE, ne pourra longtemps continuer à se taire alors que son voisin foule aux pieds les fondements démocratiques de l’UE ».

Dans un entretien accordé à la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président du PiS – dont les journaux notent qu’il aurait lui-même souhaiter rencontrer la chancelière fédérale – loue Angela Merkel par opposition à Martin Schulz. « Mme Merkel serait pour nous la meilleure option, surtout depuis que M. Schulz s’est porté candidat », déclare-t-il en tirant à boulet rouge sur le futur président du SPD, lequel n’avait pas mâché ses mots vis-à-vis de la Pologne en tant que président du parlement européen. Jarosław Kaczyński justifie son revirement à l’égard de la chancelière – qu’il accusait en 2011 de bâtir un axe anti-polonais avec la Russie et dont il a l’année passée critiqué la politique migratoire, rappelle la FAZ – par le soutien d’Angela Merkel aux sanctions contre la Russie dans le conflit ukrainien et l’envoi de soldats allemands à la frontière orientale de l’Otan. Interrogé sur le nouveau président américain, notamment sur sa position sur l’Otan, le président du PiS ne sait qu’en penser (« certaines choses ne sont pas claires ») mais juge « qu’il a un avantage : il ne se mêle pas des affaires d’autres pays ». L’idée d’une force de dissuasion européenne, soulevée par la FAZ, lui paraît souhaitable (« je m’en féliciterais ») mais irréaliste (« elle devrait rivaliser avec la Russie, nous en sommes loin. Un ou deux sous-marins nucléaires ne suffisent pas, il faudrait engager des dépenses considérables »). « Je préconise donc plutôt de maintenir de bonnes relations avec les Américains et de réformer l’UE », déclare J. Kaczyński, précisant son idée d’une réforme « renforçant les Etats nationaux, réduisant les compétences de l’UE » et combattant le « monocentrisme qui profite à l’Allemagne ».

« Kaczyński ne s’est pas pris d’une sympathie subite pour Merkel, il est conduit pas la nécessité car les alliés commencent à lui faire défaut », commente la Süddeutsche Zeitung, une analyse partagée par la taz et le Tagesspiegel. « Les Américains ne sont plus fiables, les Britanniques veulent sortir de l’UE, la Pologne s’est brouillée avec les Français en annulant sans préavis un contrat d’hélicoptères militaires, et Bruxelles a initié une procédure contre Varsovie : d’où le ton plus consensuel adopté vis-à-vis de l’Allemagne depuis quelque temps », écrit la taz./.