Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

9 février 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur un projet de loi visant à instaurer « des peines plus lourdes pour les violences faites aux policiers ». Die Welt détaille le plan du gouvernement fédéral sur l’accélération des reconduites à la frontière : « ceux qui partent plus vite, toucheront plus d’argent ». La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une à « la foire d’empoigne chez Volkswagen » après que l’ancien président du conseil de surveillance Ferdinand Piëch a accusé le ministre-président de Basse-Saxe et Wolfgang Porsche d’avoir été au courant du trucage sur les émissions polluantes, ce que le conseil de surveillance a démenti. Le quotidien des affaires Handelsblatt fait état d’une prévision de déficit budgétaire de 8,3 milliards d’euros pour 2018 lié à une augmentation de nouvelles dépenses, que le ministère fédéral des finances entend réduire par des mesures de correction dès cette année (« le grand trou dans le budget fédéral »).
  2. Allemagne

« Peines plus lourdes pour les violences faites aux policiers » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La presse réagit au projet de loi présenté par le ministre fédéral de la justice et approuvé hier en conseil des ministres. Réclamé de longue date par les syndicats de police et les ministres de l’intérieur des Länder, ce projet de loi envisage un durcissement des sanctions pour les violences exercées contre les forces de police, avec notamment une peine d’emprisonnement de trois mois là où jusqu’ici la sanction se limitait à une simple amende. Critiques, les journaux dénoncent une mesure à caractère « symbolique » (FAZ) destinée à cacher le véritable problème qui est le manque de forces de police et leur équipement insuffisant (FAZ, tageszeitung). Au lieu de transformer le cadre législatif existant, il serait plus opportun, selon la Süddeutsche Zeitung, de veiller à ce que la justice applique les peines qui sont déjà prévues en cas d’attaque visant les forces de l’ordre.

  1. Europe

La Grèce « à nouveau au bord du gouffre » financier (Handelsblatt)

L’inquiétude des médias grecs et des marchés financiers se répercute dans la presse allemande où la crise grecque reste un sujet très sensible. « La crise de la dette grecque a été occultée par l’actualité récente, Brexit, Donald Trump, mais elle n’est pas finie et pourrait ressurgir de plein fouet pendant la campagne électorale allemande », résume le Tagesspiegel. La participation du Fonds monétaire international au troisième plan d’aide à Athènes, telle que promise par le ministre fédéral des Finances aux députés allemands pour obtenir le feu vert du Bundestag, reste la pierre d’achoppement des négociations, tous les journaux soulignant, souvent pour la critiquer, la position inflexible de Wolfgang Schäuble (CDU) sur les mesures de rigueur et les réformes imposées à la Grèce et son refus catégorique de tout allègement notable de la dette grecque. « Schäuble se comporte comme un dictateur, il sait pertinemment que ses exigences ne peuvent fonctionner. Ses électeurs se félicitent de sa fermeté, mais à l’étranger l’Allemagne apparaît comme hégémonique et irrationnelle, dominant l’Europe et torturant les pays plus faibles. Le retour de bâton pourrait être douloureux », critique le quotidien alternatif de gauche tageszeitung. A l’opposé, le tabloïd Bild s’insurge de manière récurrente contre le manque de rigueur budgétaire et de réformes du gouvernement grec pour appeler une nouvelle fois la zone euro « à faire preuve d’honnêteté : la Grèce telle qu’elle fonctionne ne peut pas être sauvée ».

Crise migratoire : « l’UE se barricade toujours davantage » (Tagesspiegel)

Les ministres de l’Intérieur et de la Défense de 16 pays d’Europe centrale et du Sud-Est, réunis hier à Vienne, ont convenu d’élaborer d’ici la fin avril des projets de coopération militaire et civile afin de protéger leurs frontières au cas où la Turquie dénoncerait l’accord conclu avec l’Union européenne, rapportent plusieurs quotidiens. « Migration : l’Europe se mure », constate également la tageszeitung (taz) en rendant compte de l’ouverture du sommet UE-Afrique à La Valette, où les Européens espèrent des engagements concrets de plusieurs pays africains à lutter contre l’immigration illégale. Parallèlement, « la relocalisation des réfugiés échoués en Grèce et en Italie dans les autres pays européens n’avance pas », souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung en se faisant l’écho des critiques émises par le vice-président de la commission européenne, Frans Timmermans.

  1. International

Tensions diplomatiques entre Berlin et Kiev

Le Tagesspiegel et la FAZ font état des tensions causées par l’entretien accordé par l’ambassadeur d’Allemagne en Ukraine à l’agence de presse ukrainienne RBK Ukraina. Interrogé à l’occasion du 25ème anniversaire des relations diplomatiques entre l’Allemagne et l’Ukraine, l’ambassadeur faisait valoir qu’il n’est « pas indispensable d’attendre le départ des troupes russes pour que des élections se tiennent dans le Donbass » et prenait pour exemple le cas de la RDA où les dernières élections avant la réunification ont eu lieu en présence des troupes soviétiques. Faisant état du tollé que ces déclarations ont provoqué dans la classe politique ukrainienne, le Tagesspiegel souligne que c’est « la première fois qu’un diplomate allemand accepte publiquement la présence de troupes russes dans l’est de l’Ukraine ». Le journal fait état du soutien apporté par le ministère allemand des affaires étrangères à son ambassadeur : « ce que l’ambassadeur a dit ne contredit en rien notre ligne politique », a fait valoir le porte-parole du ministère. Pour la FAZ, l’ambassadeur d’Allemagne à Kiev a touché à un « dogme », voire à un « tabou » en prenant clairement position alors que les accords de Minsk sont formulés de telle sorte qu’aussi bien la partie ukrainienne que la partie russe peut les interpréter en sa faveur. De l’avis du journal, ces nouvelles tensions sont de nature à conforter le gouvernement ukrainien dans l’idée que le ministère allemand des affaires étrangères suit une ligne pro-russe.

Sommet économique germano-africain à Nairobi

« Au moins, la stratégie Afrique du gouvernement fédéral aura réussi à réveiller l’intérêt du secteur privé allemand pour le continent africain », reconnaît le Handelsblatt en notant la bonne représentation des investisseurs et fédérations économiques allemandes à ce premier « Sommet économique germano-africain », inauguré par le ministre du Développement Gert Müller (CSU), la nouvelle ministre de l’Economie Brigitte Zypries et le président kényan Uhuru Kenyatta. Le quotidien des affaires rappelle que le « partenariat avec l’Afrique » est l’une des priorités allemandes pour le G20. La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre un portrait quelque peu condescendant au ministre CSU, « qui voudrait changer le monde par des grandes phrases pleines de pathos », tout en notant que son engagement presque missionnaire pour son « plan Marshall pour l’Afrique » suscite l’attente chez les acteurs économiques que des mesures concrètes viennent faciliter l’investissement dans les pays africains.

  1. France

« Paris veut davantage d’Etat à cause de Trump » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Le correspondant économique de la FAZ à Paris, Christian Schubert, publie un compte rendu d’entretien avec le secrétaire d’Etat chargé de l’industrie. « Donald Trump, le Brexit et les importations bon marché en provenance des pays émergents, tels sont du point de vue français les arguments déterminants qui devraient encourager la France et l’Allemagne à renforcer leur coopération », fait valoir le journal avant de détailler la « série d’instruments publics » que préconise Christophe Sirugue pour protéger l’Europe : l’examen par l’UE ou les Etats membres concernés des intentions véritables des investisseurs étrangers motivés par le rachat d’une entreprise avec, éventuellement, la possibilité d’interdire le rachat, la création par l’UE de nouveaux instruments de politique commerciale lui permettant de réagir plus vite à des mesures protectionnistes à l’étranger, mais aussi un assouplissement de la législation anti-cartels de manière à favoriser l’émergence de grandes entreprises européennes./.