Aujourd’hui en Allemagne

llSynthèse de la presse quotidienne

13 février 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le discours de Frank-Walter Steinmeier après son élection à la présidence fédérale allemande fait les gros titres de la presse : « Soyons courageux ! » (Frankfurter Allgemeine Zeitung et Süddeutsche Zeitung), « l’Allemagne – ancre de l’espérance » (Der Tagesspiegel), « Steinmeier veut être celui qui donne du courage » (Die Welt). Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une à l’hypothèse d’une victoire du FN à la présidentielle française (« le plus grand danger pour l’Europe ») et publie une interview du ministre de l’Economie et des Finances.
  2. Allemagne

Election de Frank-Walter Steinmeier comme président fédéral : « Steinmeier veut être celui qui donne du courage » (Die Welt)

L’élection, hier, de Frank-Walter Steinmeier (SPD) comme 12ème président fédéral domine l’actualité. Les journaux soulignent qu’il a été élu à une écrasante majorité de 931 voix (sur un total de 1239 suffrages exprimés) dès le 1er tour de scrutin. La plupart des quotidiens reprennent aujourd’hui en titre le principal message de son discours d’investiture (un « plaidoyer en faveur de davantage de courage », selon Die Welt) et relèvent que dans le  contexte politique actuel, F-W. Steinmeier a rappelé l’importance de la liberté et de la démocratie dans l’Europe d’aujourd’hui.

A l’exception du tabloïd Bild qui considère qu’appeler à davantage de courage « ne suffit pas » face aux défis actuels, le discours de F-W. Steinmeier est bien accueilli par la presse. « Frank-Walter Steinmeier et un bon président pour l’Allemagne », fait valoir Die Welt qui sait gré à la CDU/CSU et au SPD d’avoir par leur candidat commun donné la priorité à la stabilité sur toute forme de compétition politique. « Avec Steinmeier, c’est un professionnel de la politique qui entre au château de Bellevue », souligne le Tagesspiegel avant de relever que l’intéressé « incarne la stabilité, ce qui est déjà beaucoup par des temps incertains ». « L’Allemagne se dote d’un responsable politique expérimenté et Steinmeier est plus que ne l’étaient ses prédécesseurs un professionnel de la politique », convient également la Süddeutsche Zeitung avant de faire remarquer que s’il y a peu de temps le terme de ‘professionnel de la politique’ pouvait constituer un « stigmate », voire une « insulte », à présent c’est plutôt une « vertu », un synonyme de « fiabilité ». Estimant elle aussi qu’en des temps marqués par le populisme et la polarisation, les attentes à l’égard du nouveau président fédéral sont plus grandes que jamais, la FAZ reproche au social-démocrate F-W. Steinmeier, auteur de l’Agenda 2010 et candidat malchanceux du SPD aux élections à la chancellerie il y a quatre ans d’être tout sauf un président au-dessus des partis, le SPD ayant su tirer profit de l’isolement dans lequel s’était enfermée la CDU et de son abnégation. Nul doute, pour le journal, qu’avec Steinmeier à la tête de l’Etat la dynamique Schulz va se trouver confortée. Sous le titre « gifle pour Merkel », la tageszeitung estime que le résultat triomphal obtenu par F-W. Steinmeier s’apparente à une « illusion d’optique » car le consensus n’est que pure façade. Le fait qu’un social-démocrate ait été élu à la présidence fédérale ne manquera pas d’augmenter l’effet Schulz, le candidat tête de liste du SPD faisant de plus en plus figure de réel rival pour la chancelière.

« Le SPD mécontent des attaques de la CDU/CSU visant Schulz » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre à sa Une, la FAZ fait état des informations circulant dans les rangs conservateurs allemands au parlement européen destinées à entacher la réputation de Martin Schulz et à « fournir des munitions » (Bild am Sonntag) pour la campagne électorale. La presse évoque en outre la charge lancée par Wolfgang Schäuble (CDU) qui, dans un entretien au Spiegel, compare Schulz à Trump. Parallèlement, les journaux signalent que le dernier sondage Emnid crédite le SPD de 32% des intentions de vote et le situe juste un point derrière la CDU/CSU. Avec 32%, le SPD, qui gagne 9 points en deux semaines, atteint son plus fort score dans les sondages depuis 10 ans. Ce sondage indique en outre qu’en cas d’élection directe du chancelier, M. Schulz recueillerait 46% des suffrages contre 40% pour Angela Merkel alors que cette dernière devançait encore de 3 points le candidat SPD la semaine dernière. « Est-ce le début de la fin de l’ère Merkel ? », s’interroge Bild am Sonntag.

  1. Europe

« Schäuble veut réduire les allocations familiales pour les ressortissants de l’UE » (FAZ)

La presse de samedi se fait l’écho d’un projet de loi en cours d’élaboration au ministère allemand des finances prévoyant d’indexer les allocations familiales versées aux ressortissants de l’Union européenne sur le niveau de vie du pays de l’UE où les enfants résident. Le gouvernement fédéral a appelé la Commission européenne à adapter le droit européen en ce sens et « ne veut pas attendre Bruxelles plus longtemps pour légiférer sur le plan national, préférant engager une démarche parallèle », écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une initiative soutenue sur le principe par la ministre du Travail Andrea Nahles (SPD), laquelle souligne toutefois qu’un cavalier seul allemand n’est pas possible et que le droit européen doit être modifié, rapportent les journaux en rappelant que Sigmar Gabriel avait lui aussi défendu cette idée et appelé W. Schäuble à intervenir à Bruxelles. Interrogée par la seconde chaîne de télévision publique ZDF, la commissaire européenne aux Affaires sociales, Marianne Thyssen, a jugé une telle initiative « disproportionnée et injuste », estimant que « les prestations sociales doivent être reçues là où sont payées les cotisations sociales » et que le surcroît de bureaucratie n’était pas justifiable au regard de la frange de population concernée, « on parle de moins de 1% des allocations familiales versées dans l’UE ». Selon les calculs du ministère fédéral des Finances, la réduction des allocations familiales concernerait pour l’Allemagne 184 655 enfants vivant dans un autre pays de l’UE et permettrait une économie budgétaire de 159 millions d’euros.

Avenir de l’Union européenne / « Europe à plusieurs vitesses »

A la Une samedi, la Süddeutsche Zeitung revient sur les récentes déclarations de la chancelière fédérale à Malte et à Varsovie préconisant une « Union européenne à plusieurs vitesses ». Stefan Kornelius, chef du service étranger du journal et proche de la chancellerie fédérale, écrit qu’Angela Merkel veut renforcer la politique communautaire dans les domaines dont elle a déjà souligné à plusieurs reprises qu’ils étaient essentiels pour l’avenir de l’UE : défense, protection des frontières, politique migratoire. L’UE devrait réduire la voilure en matière de régulations et de normes dans les domaines concernant la vie quotidienne des Européens, explique un « haut fonctionnaire » cité par le journal. Pour la Süddeutsche Zeitung, les déclarations d’Angela Merkel viennent en réaction aux plans britanniques pour le Brexit et à la volonté des dirigeants polonais d’affaiblir l’UE : « sa formule d’une Europe à plusieurs vitesses signifie en clair : ceux qui refusent de participer à une défense commune peuvent rester hors du jeu mais pas bloquer les autres ». La chancelière fédérale, explique le quotidien, veut que l’UE se concentre sur l’essentiel, c’est-à-dire la politique de sécurité, la lutte anti-terrorisme et la politique migratoire ; « à ceux qui croient pouvoir bloquer à leur guise toutes les initiatives de l’UE, il faut présenter de nouvelles formes de coopération », considère-t-on dans l’entourage de la chancelière selon le journal.

« Les conservateurs grecs cherchent la proximité de Berlin » (Süddeutsche Zeitung)

Alors que le ton monte entre le ministre allemand des Finances et le Premier ministre grec sur le conflit récurrent de la dette grecque et des réformes promises par Athènes, le chef de l’opposition conservatrice grecque, Kyriakos Mitsotakis, sera reçu aujourd’hui par la chancelière fédérale (« en sa qualité de chef de la CDU », a précisé son porte-parole) et demain (« à sa demande », précise le ministère) par Wolfgang Schäuble, rapportent les quotidiens.

  1. International

Partenariat transatlantique/déplacements de responsables politiques allemands aux Etats-Unis

Dans son édition de samedi, Bild faisait état du déplacement de la ministre fédérale de la défense, Ursula von der Leyen (CDU) à Washington pour y rencontrer son homologue américain James Mattis. Le journal en retenait que selon Mme von der Leyen, J. Mattis a fait état de son attachement à l’OTAN, les deux ministres ayant convenu de se rencontrer régulièrement. Sous le titre « Zypries cherche à isoler Trump », le Tagesspiegel rapportait samedi que la ministre de l’économie, Brigitte Zypries (SPD), a annoncé qu’elle se rendrait aux Etats-Unis et qu’elle mise sur les résistances des Etats fédérés à la mise en place de barrières douanières aux importations. Le journal signale que les constructeurs automobiles BMW, Daimler et Volkswagen possèdent dans les Etats du sud des usines employant un total de 30 000 personnes. La Süddeutsche Zeitung et la FAZ signalent aujourd’hui que le chef de la CSU et ministre-président de Bavière Horst Seehofer entend lui aussi se rendre aux Etats-Unis pour y rencontrer le président américain, une information confirmée par la chancellerie de Bavière. La Süddeutsche Zeitung consacre un article au milliardaire hambourgeois Christian Hinneberg qui a notamment fait fortune dans l’immobilier, et serait chargé d’ouvrir à Horst Seehofer les portes de la Maison Blanche.

  1. France

« La France sur le fil du rasoir » (Handelsblatt)

Le quotidien des affaires ouvre sa Une sur la « plus grande menace pour l’Europe » que constituerait une éventuelle victoire de Marine Le Pen aux présidentielles et, sous la plume de son correspondant à Paris Thomas Hanke, revient sur les déclarations « anti-européennes » et « anti-allemandes » de la présidente du FN lors de « l’Emission politique » jeudi sur France 2, déclarations qui, craint-il, trouvent un écho chez d’autres candidats tant à gauche qu’à droite de l’échiquier politique. Seuls les candidats E. Macron et F. Fillon « dans une moindre mesure » luttent pour le projet européen, écrit le Handelsblatt.

Evoquant la visite aujourd’hui du Premier ministre à Berlin (« au moins, le gouvernement actuel cherche un rapprochement d’autant plus étroit »), le Handelsblatt publie dans ce contexte un entretien avec le ministre de l’Economie et des Finances dans lequel Michel Sapin considère comme exclu que M. Le Pen puisse être élue présidente. S’agissant de l’avenir de l’Europe, il estime que l’Allemagne « freine » toute intégration supplémentaire de la zone euro : « certes, on peut régler les questions des frontières et de plus d’investissements au niveau intergouvernemental, mais l’approfondissement nécessaire de la zone euro nécessite un certain transfert de compétences, et sur ce sujet les positions allemandes ont évolué négativement », déclare M. Sapin. Interrogé sur les critiques de l’administration Trump accusant l’Allemagne d’exploiter ses partenaires commerciaux via un taux de change de l’euro sous-évalué, le ministre juge que cette critique « n’a très clairement aucun sens », tout en estimant que l’Allemagne « pourrait être plus ambitieuse » en matière d’investissement. « Nous pensons que cela serait dans l’intérêt à la fois des Allemands et de la zone euro », déclare M. Sapin./.