Synthèse de la presse quotidienne
14 février 2017
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Welt consacrent leurs gros titres au vote des instances fédérales du parti populiste AfD en faveur de l’exclusion de Björn Höcke, leader du parti en Thuringe : « des responsables politiques de premier rang au sein de l’AfD mettent en garde contre une division du parti » (FAZ), « Björn Höcke – l’homme qui divise l’AfD » (Welt). Sous le titre « l’UE entrevoit un danger pour l’économie mondiale », la Süddeutsche Zeitung se fait l’écho de la présentation hier par la commission européenne de ses prévisions économiques hivernales. Les quotidiens berlinois Tagesspiegel et Berliner Zeitung ouvrent leur édition du jour sur la grève des éducateurs et enseignants dans les crèches et écoles de la capitale.
- Allemagne
« Le cas Höcke tourne au bras de fer au sein de l’AfD » (Süddeutsche Zeitung)
La presse fait état du vote des instances fédérales du parti populiste AfD en faveur de l’exclusion de Björn Höcke, leader du parti en Thuringe, en raison d’un discours prononcé il y a quelques semaines à Dresde dans lequel il avait notamment qualifié le mémorial dédié aux victimes de l’Holocauste de « mémorial de la honte ». La FAZ croit savoir que quatre membres des instances fédérales du parti ont voté contre cette exclusion dont le vice-président du parti, Alexander Gauland, qui a mis en garde contre le risque de scission.
Dans des commentaires peu amènes, les quotidiens ne se font guère d’illusions sur les chances de voir cette décision aboutir sur une réelle exclusion de l’intéressé qui joue le rôle d’« éternel provocateur » au sein du parti. Die Welt et la Berliner Zeitung soulignent en effet que Björn Höcke bénéficie du soutien de la fédération AfD de son Land de Thuringe et qu’il est donc peu probable que celle-ci « fasse chuter son idole ». De l’avis de la tageszeitung, la décision témoigne avant tout de « l’affaiblissement » de la co-présidente du parti Frauke Petry, dont l’autorité ne suffit plus pour discipliner ses propres troupes. Pour la Süddeutsche Zeitung, il ne faudrait pas voir dans cette volonté d’exclure l’un de ses leaders davantage qu’un « calcul » de la part de l’AfD. « Frauke Petry a su nouer des alliances avec Höcke quand cela servait ses intérêts ; à présent elle veut se débarrasser de cet imprévisible extrémiste parce qu’il a de quoi effrayer les électeurs modérés qu’elle entend rallier », fait valoir le journal.
- Europe
Prévisions économiques d’hiver de la Commission européenne
La présentation à Bruxelles des prévisions économiques d’hiver de la Commission européenne suscite des comptes rendus partagés. Sous le titre : « le problème persistant de l’endettement », la correspondante à Bruxelles du Handelsblatt estime que ces prévisions « montrent que l’Italie, la France et l’Espagne ne maîtrisent toujours pas leurs finances publiques », même si le commissaire aux questions monétaires a « une fois de plus joué la partition de l’optimisme ». Pour le Handelsblatt, les chiffres ne permettent pas de confirmer les déclarations de P. Moscovici sur une baisse de l’endettement des Etats de la zone euro. « La France va réussir uniquement cette année à réduire son déficit public sous la barre des 3% du PIB, mais dès l’année prochaine, ce chiffre devrait repasser à 3,1% », écrit R. Berschens en déplorant que « la France et l’Espagne n’ont toujours pas à craindre de sanctions de Bruxelles, seule l’Italie étant dans le colimateur de la commission ». L’article conclut toutefois que les déséquilibres macro-économiques de la zone euro ne sont pas seulement le fait des « endettés chroniques », « mais aussi de l’Allemagne » avec son excédent commercial dépassant la limite imposée par l’UE.
Cet aspect est l’angle adopté par la FAZ pour rendre compte de cette conférence de presse : « il devrait y avoir bientôt une nouvelle procédure engagée contre l’Allemagne. C’est tous les ans la même chose, et une fois de plus, cela ne devrait pas avoir de conséquences notables », critique la FAZ qui consacre plus de la moitié de son article à ce sujet, n’évoquant la France qu’à la marge. La Süddeutsche Zeitung s’inquiète pour sa part de ce que « l’UE voit une menace planer sur l’économie mondiale malgré le retour de la croissance en Europe ». Le quotidien alternatif tageszeitung – qui, malgré sa proximité avec les Verts et les altermondialistes, défend en matière de finances publiques la même ligne ordo-libérale que l’ensemble de la presse allemande – déplore que la commission européenne « chausse ses lunettes roses » pour délivrer aux pays de la zone euro un « blanc-seing pour continuer comme si de rien n’était » malgré les risques et incertitudes engendrées par le contexte politique mondial. « Visiblement, la commission ne vit pas sur la même planète que le président de la BCE Draghi, tellement inquiet pour l’avenir de la zone euro qu’il continue à injecter des milliards dans les banques européennes », grince la taz. Paradoxalement, c’est finalement le Handelsblatt, dans un commentaire plus optimiste signé de Berlin, qui se réjouit prudemment de la « bonne nouvelle » que constitue la « convalescence difficile de l’Europe », estimant que ces prévisions « pourraient permettre un début de réconciliation entre les pays d’Europe du Nord obsédés par la rigueur et ceux du Sud se sentant opprimés ».
Visite à Berlin du chef du gouvernement tunisien / entretien dans Bild
Dans un entretien au tabloïd Bild, le Premier ministre tunisien qui effectue aujourd’hui son premier déplacement en Allemagne est interrogé sur le ressortissant tunisien Anis Amri, auteur de l’attentat du 19 décembre à Berlin. Selon lui, les autorités de son pays n’ont « commis aucune erreur car lorsqu’Anis Amri a quitté la Tunisie en 2011 il n’était pas un terroriste et aucun signe ne pouvait laisser présager qu’il allait se radicaliser. C’est au moment où il s’est retrouvé en prison en Italie qu’il s’est radicalisé ». « En ce qui concerne ses papiers, là aussi les autorités tunisiennes se sont comportées correctement. Nous étions toujours en contact étroit avec l’Allemagne », ajoute-t-il. Interrogé sur les difficultés rencontrées par l’Allemagne pour reconduire des ressortissants tunisiens, il estime qu’il s’agit d’un millier de personnes tout au plus et que le plus gros problème qui se pose actuellement pour l’Europe c’est plutôt celui des réfugiés qui arrivent de Libye en Italie. A la question de savoir s’il peut envisager la mise en place dans son pays de centres d’accueil pour les réfugiés, il déclare douter que cela puisse fonctionner, faute notamment de capacités d’accueil suffisantes et plaide en faveur d’une solution incluant la Libye.
Berlin reporte ses consultations gouvernementales avec Israël (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
Evoquant le report par le gouvernement fédéral des consultations gouvernementales germano-israéliennes prévues les 10 et 11 mai à Jérusalem, la FAZ et la Berliner Zeitung font valoir qu’une incompatibilité de calendrier est le motif officiel avancé par Berlin, mais que le quotidien israélien Haaretz croit savoir que la vraie raison est la désapprobation par les responsables allemands de la politique de colonisation menée par le gouvernement israélien.
Avant-papiers sur la conférence de sécurité de Munich
Les journaux rendent compte de la présentation à Berlin, par son président Wofgang Ischinger, des objectifs de la conférence de sécurité qui s’ouvre samedi à Munich et à laquelle sont attendus le vice-président et le ministre de la défense américains en présence de la chancelière fédérale. Le renforcement des capacités d’armement et de défense des Européens sera au cœur du débat, rapporte le Handelsblatt. La presse souligne l’inquiétude manifestée par W. Ischinger face à la remise en question de l’Alliance atlantique par Washington et les appels de D. Trump aux gouvernements européens à suivre l’exemple du Brexit : « si Trump devait vraiment œuvrer à dissoudre l’UE, cela serait une déclaration de guerre sans armes », s’est alarmé le président de la conférence de sécurité en espérant que les dirigeants américains présents à Munich viendront réaffirmer au contraire la fidélité des Etats-Unis aux engagements de l’OTAN et la solidarité avec l’UE./.
- France
« Bernard Cazeneuve à Berlin » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
La presse publie, sous forme de brèves, plusieurs comptes rendus factuels du point presse du Premier ministre et de la chancelière fédérale, mettant en avant l’importance du partenariat franco-allemand pour l’Europe (FAZ) face aux populismes (Tagesspiegel), la coopération dans la lutte contre le terrorisme (Der Tagesspiegel, Handelsblatt) et la stabilité européenne dans le contexte des inquiétudes en Allemagne sur la Grèce (Süddeutsche Zeitung). La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que le Premier ministre a « fait l’éloge du ‘courage’ de Mme Merkel lors de la crise des réfugiés », et appelé à renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’UE./.