Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

16 février 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Alors que se réunissent aujourd’hui à Bonn les ministres des affaires étrangères des pays du G20 et que la conférence sur la sécurité s’ouvre demain à Munich, les journaux s’interrogent, non sans inquiétude, sur les orientations qui vont être celles de la nouvelle administration américaine. « Qu’est-ce encore que l’Occident ? », titre ainsi Die Welt, tandis que la tageszeitung ouvre son édition sur « la conférence de l’insécurité à Munich ». La Süddeutsche Zeitung se fait l’écho des déclarations du secrétaire d’Etat américain à la défense lors de la rencontre des ministres de la défense de l’OTAN hier : « l’Amérique menace ses partenaires de l’OTAN ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung reprend en titre la teneur de la première interview que lui a accordée Sigmar Gabriel dans ses fonctions de ministre des affaires étrangères : « Gabriel : l’Europe doit être plus forte ». Le quotidien économique Handelsblatt s’intéresse pour sa part à « l’euphorie des banques américaines ».
  2. Allemagne

« Opel sous le choc » (Handelsblatt) – « le gouvernement s’invite dans les discussions » (FAZ)

Passé l’effet de surprise c’est aujourd’hui l’inquiétude qui domine dans les nombreux articles consacrés à la perspective du rachat d’Opel par PSA. Reprenant les déclarations de plusieurs responsables politiques allemands hier (le porte-parole du gouvernement fédéral, celui de la ministre de l’économie et la ministre du travail), les journaux relèvent que le gouvernement fédéral s’est saisi du dossier dans un souci de préservation des emplois. « Le gouvernement veut le maintien des sites d’Opel », écrit la FAZ ; « les responsables politiques inquiets pour l’avenir des usines Opel », note la tageszeitung. Les journaux relèvent aussi que compte tenu des élections qui vont avoir lieu prochainement en France et en Allemagne, « l’enjeu devient politique » (Handelsblatt) et le sujet particulièrement sensible. « Pas moins de trois ministères (transports, économie, travail) négocient actuellement avec le gouvernement français », fait valoir la FAZ qui, comme l’ensemble des quotidiens, mentionne aussi les propos du porte-parole du gouvernement fédéral selon lequel « la chancelière sera tenue informée de tous les développements » du dossier.

Hormis Die Welt, dans une contribution de sa correspondante économique en France, qui ne veut pas croire que l’Etat français actionnaire n’était pas informé des discussions en cours entre PSA et General Motors, le ton n’est pas polémique. La Süddeutsche Zeitung rapporte que l’offre de Peugeot « n’a pas pris de court uniquement le personnel, mais aussi le chef de l’entreprise, Karl-Thomas Neumann », qui n’aurait été que tardivement mis au courant des discussions en cours.

Les réactions éditoriales se concentrent sur l’enjeu économique d’une reprise du constructeur allemand par PSA et la logique qui sous-tendrait le retrait du constructeur américain General Motors du marché européen. Dans un éditorial intitulé « America first pour GM », la FAZ estime ainsi que ce n’est « sans doute pas un hasard si les discussions sur une cession d’Opel interviennent quelques semaines seulement après l’entrée en fonction de la nouvelle administration américaine ». « Il entre certainement dans la logique d’un président américain qui se fait l’avocat de ‘l’Amérique d’abord’ et prône une approche protectionniste que General Motors songe à se défaire de sa filiale européenne chroniquement déficitaire », avance le journal qui indique que « ces derniers temps, les Américains ont cédé de nombreuses activités à l’étranger qui n’étaient plus suffisamment rentables, ainsi leur désengagement du marché russe ou encore  le terme qu’ils ont mis à leur production automobile en Australie ».

  1. Europe

Grèce

Le Tagesspiegel rapporte que le commissaire européen aux questions monétaires, Pierre Moscovici, a réaffirmé à Athènes la conviction des créanciers européens que la Grèce réalise les efforts demandés dans le cadre du troisième plan d’aide, contrairement au FMI qui juge la dette grecque non viable, rappelle le journal. Dans ce contexte, la Süddeutsche Zeitung se fait l’écho d’une évolution de la position stricte défendue jusqu’ici par les conservateurs allemands, exigeant la participation du FMI au troisième plan d’aide tout en excluant un allègement de la dette grecque, condition mise par le FMI à son soutien. Le président du groupe PPE au parlement européen Manfred Weber (CSU), estime à présent que « si le FMI persiste à demander une restructuration de la dette, il faut se passer du Fonds ». « Un allègement de la dette grecque serait très injuste vis-à-vis des autres pays européens ayant accepté les conditions des plans de sauvetage et ne serait par ailleurs pas défendable vis-à-vis de l’opinion publique », explique le vice-président de la CSU à la Süddeutsche Zeitung, qui juge que l’expertise du FMI avec les pays endettés n’est plus aussi nécessaire qu’au début de la crise financière: « l’Europe est maintenant en mesure de faire face ».

  1. Europe / International

« Pour Gabriel, l’Europe doit devenir plus forte » / interview du vice chancelier et ministre des affaires étrangères dans la FAZ

La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie la première interview accordée par Sigmar Gabriel comme chef de la diplomatie allemande. Face au désengagement américain et aux menaces russes, il appelle l’Europe à se renforcer, « sinon nous ne serons pris au sérieux ni par MM. Trump et Poutine, ni par la Chine ». « Il ne s’agit pas de vouloir ‘plus d’Europe’ mais d’une autre Europe ; l’Europe à plusieurs vitesses est depuis longtemps une réalité avec la zone euro et l’espace Schengen, mais il y a des marges pour une coopération plus étroite sur les questions où les Etats nations ne peuvent trouver seuls les bonnes solutions », déclare S. Gabriel en citant les domaines de la politique étrangère et de sécurité, la protection des frontières extérieures de l’UE, la politique migratoire, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Interrogé sur les récentes déclarations du président du PiS polonais appelant de ses vœux une force de dissuasion nucléaire européenne, le ministre allemand des affaires étrangères juge une telle idée « très loin de toute réalité », mais « si vous barrez le mot ‘nucléaire’, cela veut dire qu’en Pologne, on réfléchit sérieusement à renforcer les capacités de défense européennes, ce qui montre l’évolution dramatique de la situation mais est aussi encourageant si l’on considère que jusque récemment, la Pologne ne voulait de protection que celle des Américains ».

Pour Sigmar Gabriel, les menaces actuelles auxquelles fait face l’Union européenne « ne viennent pas en premier lieu des Etats-Unis, il y a lieu de craindre sérieusement en France que Marine Le Pen soit au second tour des présidentielles, or le Front national veut détruire l’Europe, c’est devenu un danger bien réel ». Il appelle dans ce contexte à davantage de solidarité entre Etats européens : « si la France défend les intérêts de sécurité européens et souhaite que ses dépenses pour l’intervention au Mali soit prises en compte pour les critères de Maastricht, il ne faut pas réagir par une condamnation immédiate, surtout en Allemagne. Si on dit non à ce genre de répartition des charges en Europe, il ne faut pas s’étonner d’attendre vainement une répartition équitable des réfugiés. (…) Il y a de bonnes raisons de respecter les critères du pacte de stabilité, mais nous sommes arrivés à un point où nous devons faire des concessions mutuelles », déclare Sigmar Gabriel.

Réunion ministérielle de l’OTAN / tribune d’Ursula von der Leyen dans la Süddeutsche Zeitung

De la ministérielle OTAN, les journaux retiennent essentiellement l’appel lancé par le secrétaire américain à la défense James Mattis aux partenaires européens pour qu’ils augmentent leurs dépenses de défense d’ici la fin de l’année, faute de quoi les Etats-Unis diminueront leur engagement. « Nous avons compris », répond la ministre allemande de la défense dans une tribune publiée par la Süddeutsche Zeitung et consacrée aux initiatives européennes et franco-allemandes pour renforcer la coopération européenne en la matière. « S’agissant du budget de la défense, nous avons la ferme volonté de nous rapprocher progressivement dans les prochaines années de l’objectif des 2% du PIB fixé par l’OTAN», écrit U. von der Leyen.

Russie/Ukraine : entretien du ministre ukrainien de l’intérieur avec Die Welt

Sous le titre « on ne peut pas faire confiance à Poutine », Die Welt publie un entretien avec le ministre ukrainien de l’intérieur, Arsen Avakov. Accusant la Russie de profiter du changement d’administration à Washington pour « créer une nouvelle réalité, raison pour laquelle il renforce son agression guerrière contre l’Ukraine », il met en garde les Européens contre le risque de règlement militaire par la Russie du conflit dans l’est de l’Ukraine. Une telle tragédie aurait, selon lui, des effets plus dévastateurs que le conflit syrien, poussant sur les routes un nombre incalculable de réfugiés. « L’Europe ne peut dans ce conflit se ranger aux côtés de la Russie », déclare-t-il tout en se montrant confiant dans le soutien de l’administration Trump envers son pays./.