Synthèse de la presse américaine du 16 Février 2017

Jeudi 16 février 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée – Ambassade de France à Washington

  1. France/Europe

Election présidentielle française

« Le gouvernement français se prépare à riposter en cas d’interférences russes dans la campagne présidentielle française », indique le Wall Street Journal après que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a déclaré que la France « n’acceptera aucune ingérence ».

Accord économique et commercial global (CETA)

Le New York Times évoque le vote des députés européens sur la ratification du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, « un contrepoids aux politiques protectionnistes promues par le président américain ».

  1. International

Visite du Premier ministre israélien à Washington

La visite du Premier ministre Benjamin Netanyahou à Washington fait la « une » des médias (WP, NYT, WSJ, Chicago Tribune, Foreign Policy).

La presse traditionnelle exprime son inquiétude sur la nouvelle position américaine relative au processus de paix israélo-palestinien. Dans un éditorial, le Washington Post déplore la prise de distance du président américain vis-à-vis de la solution à deux Etats qui n’est pas nécessairement, selon Donald Trump, une condition sine qua non pour atteindre l’objectif d’une paix entre Israël et la Palestine. Ce « revirement douteux » est même « la garantie d’un échec » du processus de paix d’autant qu’il semble confus, indique le quotidien. L’équipe éditoriale du New York Times livre une analyse plus critique encore, jugeant les déclarations de Donald Trump « absurdes » et estimant sa position « dangereuse » car « une solution à un Etat est inconcevable, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens ». Dans un éditorial, le Los Angeles Times s’inquiète en outre de l’absence totale d’expérience pertinente de Jared Kushner, le gendre du président, qui aura la responsabilité de ce dossier. Le Wall Street Journal ajoute que cette orientation de politique étrangère qui rompt avec des décennies de tradition diplomatique américaine est aussi de nature à isoler les Etats-Unis par rapport à ses alliés qui continuent de soutenir une solution à deux Etats.

Dans ce contexte, Vox ironise sur le soutien du Premier ministre israélien à Donald Trump durant la campagne présidentielle américaine : « Benjamin Netanyahou a aimé le candidat Trump. Il en sera peut-être autrement avec le président Trump ». Les médias, dont le Christian Science Monitor, soulignent en effet le contraste entre les déclarations de Donald Trump lorsque celui-ci faisait campagne et la réserve qu’il a affichée lors de la conférence de presse organisée le 15 févier – demandant à Benjamin Netanyahou « de faire preuve de retenue » sur la colonisation alors même qu’il avait vivement dénoncé l’abstention de l’administration Obama lors d’un vote des Nations unies visant à limiter la politiquer israélienne de colonisation et se montrant prudent sur le déplacement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem qui était pourtant une de ses promesses de campagne.

Par conséquent, la presse traditionnelle s’interroge à nouveau sur le caractère imprévisible de Donald Trump qui nourrit les incertitudes des observateurs et de ses interlocuteurs. « Ce qui est vrai à un instant T ne l’est pas nécessairement le jour suivant ; à 12.01 le 20 janvier, peut-être était-il envisagé de déplacer l’ambassade », a indiqué le président républicain de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, Bob Corker, lors d’une interview accordée à Politico.

En revanche, le site d’extrême droite Breitbart estime que les déclarations de Donald Trump sont de nature à « renforcer la relation entre Israël et les Etats-Unis », se réjouissant de l’abandon potentiel de la solution à deux Etats, indiquant que Donald Trump a « implicitement accepté les colonies existantes » et soulignant « la chaleur » des relations entre les deux dirigeants.

OTAN

Les principaux titres (WP, NYT, WSJ) reviennent tous, en « une », sur la menace d’un désengagement américain au sein de l’OTAN qu’a brandie le secrétaire à la Défense James Mattis si les Européens n’augmentent pas les contributions financières qu’ils apportent à l’organisation. « Le contribuable américain ne peut désormais plus assumer une part disproportionnée de la défense des valeurs occidentales », a notamment indiqué le chef du Pentagone.

Russie

Le Washington Post et le Wall Street Journal évoquent l’entretien prévu cette semaine entre le chef d’état-major des armées américain, Joseph Dunford, et son homologue russe. C’est la première rencontre de ce niveau depuis 2014.

Economie

Le Wall Street Journal souligne une hausse de la confiance des investisseurs pas seulement aux Etats-Unis mais aussi en Europe, au Japon et en Chine, qui résulterait d’une conjonction de facteurs parmi lesquels l’impulsion fiscale que pourrait permettre Donald Trump, la hausse des prix du pétrole et l’impact moindre que celui escompté de la montée des populismes sur l’économie.

III. Politique intérieure

Démission du conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn

La démission du conseiller à la sécurité nationale continue de faire l’objet d’une importante couverture médiatique.

Cette affaire permet au Congrès de « s’affirmer », estime en « une » le Washington Post selon lequel la démission de Michael Flynn a provoqué un « transfert de pouvoir de la Maison Blanche au Congrès » après que les parlementaires se sont engagés à exercer « une surveillance de l’administration Trump de manière plus énergique ». A ce sujet, l’équipe éditoriale du New York Times estime qu’il est d’ailleurs du « devoir » du Congrès de poursuivre l’enquête sur les échanges entre l’équipe de Donald Trump et la Russie, « de la même manière qu’il a mené des investigations lors de la Guerre du Vietnam, du Watergate et de l’affaire Iran-Contra ». Max Boot, dans une tribune du Los Angeles Times, évoque un « Kremlingate » et estime que toute la lumière doit être faite sur « ce que savait Donald Trump et quand il le savait » – une analyse partagée par Nicholas Kristof dans une tribune du New York Times. Pour sa part, la National Review souhaite qu’il soit mis fin à « cette intrigue » en publiant les retranscriptions des conversations entre Michael Flynn et l’ambassadeur russe.

Dans ces circonstances, le Wall Street Journal rapporte, en « une », que les agences de renseignement américaines ont décidé de ne pas communiquer à Donald Trump des informations confidentielles de peur que celui-ci ne les fasse « fuiter » ou ne les utilise à mauvais escient – une information qui illustre la méfiance qui règne entre les services de renseignement et le président américain, selon le journal. Donald Trump aurait d’ailleurs demandé au milliardaire Stephen Feinberg de mener un audit sur ces agences, ce dont elles s’alarment, rapporte le New York Times en « une ».

« Donald Trump est inapte à être président ». Telle est « la dure vérité » selon E.J. Dionne qui signe une tribune publiée par le Washington Post dans laquelle il estime que « le fiasco qu’est l’affaire Flynn » était prévisible compte tenu de « l’indiscipline, de la supercherie, de l’incompétence et de l’indifférence morale avec lesquelles Donald Trump gouverne ». Dans ce contexte, Rob Stein exhorte le Parti démocrate à se mobiliser, estimant qu’un mouvement de résistance n’est pas suffisant (WP).

Nouvelle administration

« Où est Rex Tillerson ? », s’interroge le New York Times qui s’étonne de la discrétion du secrétaire d’Etat, qui pourrait s’expliquer par le fait que de nombreux postes intermédiaires n’ont pas été pourvus, le plaçant dans l’incapacité d’assumer pleinement ses fonctions.

Les principaux titres (WP, NYT, WSJ) évoquent tous, en « une », la défection du candidat au poste de secrétaire au Travail, Andrew Puzder, premier ministre potentiel à ne pas recevoir le soutien du Congrès.