Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

17 février 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Sous le titre « Lavrov confiant dans l’avenir des relations avec les Etats-Unis », la Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre sa une à la rencontre, hier à Bonn, des ministres des affaires étrangères des pays du G20. Die Welt s’intéresse à la politique intérieure américaine et titre : « les Républicains se détournent de Trump ». La Süddeutsche Zeitung résume l’audition hier de la chancelière par la commission d’enquête parlementaire sur les écoutes de la NSA dans les termes suivants : « Merkel : je ne savais rien ». Le Handelsblatt ouvre son édition du jour sur la « lutte pour Opel ».
  2. Allemagne

Commission d’enquête sur les écoutes de la NSA : « le témoin qui ne se doutait de rien » (tageszeitung)

Les journaux font état de la ligne de défense de la chancelière entendue hier comme témoin par la commission d’enquête du Bundestag chargée de faire la lumière sur les écoutes pratiquées par les services américains et allemands de renseignement. La Süddeutsche Zeitung souligne que Mme Merkel a reconnu qu’en espionnant des pays amis les services allemands ont contrevenu à leur mission et que les défaillances constatées ont entre-temps été comblées. Elle a réaffirmé qu’au moment des révélations sur les écoutes pratiquées par la NSA en 2013 elle ignorait tout de pratiques similaires de la part des services secrets allemands.

Dans leurs commentaires, les quotidiens marquent leur insatisfaction par rapport à un témoignage qui ne permet selon eux en rien de faire avancer l’enquête. « Aujourd’hui comme hier, l’impression domine que des pans entiers de vérité demeurent volontairement cachés », juge la Berliner Zeitung. La FAZ ironise sur la naïveté du gouvernement fédéral qui, en dépit des révélations, a continué à « se bercer de l’illusion » qu’un accord de non-espionnage avait de réelles chances d’être conclu au cours de l’été 2013 avec le gouvernement américain.

Commission d’enquête sur le scandale des moteurs truqués de Volkswagen

La presse rapporte que le ministre fédéral des transports, Alexander Dobrindt (CSU), et le ministre-président de Basse-Saxe, Stefan Weil (SPD), ont de leur côté été entendus par la commission d’enquête sur l’affaire des moteurs truqués de Volkswagen. Les journaux retiennent que le ministre des transports a réaffirmé avoir découvert l’affaire par voie de presse et que le ministre-président de Basse-Saxe a démenti les accusations de l’ex-pdg de Volkswagen Ferdinand Piëch, qui a récemment indiqué à la justice avoir informé au printemps 2015 des activités frauduleuses de Volkswagen certains membres de l’entreprise ainsi que la chancellerie de Basse-Saxe.

« Le secrétaire d’Etat Machnig coordinateur des négociations sur Opel » (FAZ)

« Les négociations portant sur le rachat d’Opel ont également surpris le gouvernement français », rapporte la FAZ indiquant qu’une porte-parole du ministère français de l’économie a déclaré en avoir eu connaissance par la presse. Le journal fait état de la « colère » de M. Sapin que PSA n’avait pas informé souligne également qu’« en conséquence le Premier ministre ne savait lui non plus rien de ces projets au moment où il a rencontré la chancelière à Berlin lundi ».

Les journaux se concentrent aujourd’hui sur la personne du secrétaire d’Etat Matthias Machnig (SPD) que le ministère allemand de l’économie a chargé d’être l’interlocuteur du dossier. Le Handelsblatt fait état de l’expérience de l’intéressé qui était ministre de l’économie de Thuringe au moment où, en 2009, le sous-traitant canadien Magna a lancé une offre sur Opel. Cette offre n’ayant pas abouti, M. Machnig a été en charge de la restructuration et est parvenu à préserver le site de production de Thuringe situé à Eisenach, fait valoir le journal qui se penche aujourd’hui aussi sur les atouts de PSA. De l’avis du quotidien économique, Carlos Tavares peut se prévaloir d’être un « réformateur non obsédé par la question de la baisse des coûts à tout prix » et qui est parvenu à augmenter l’attractivité des marques Peugeot et Citroën désormais mieux positionnées sur le marché. Le journal publie aussi un entretien avec le ministre de l’économie de Rhénanie-Palatinat, Volker Wissing (FDP), qui se montre à nouveau optimiste en qualifiant de « chance » le fait que PSA s’intéresse à Opel. « Nous voulons dire à PSA qu’il est chez nous le bienvenu comme investisseur », déclare-t-il avant de conclure sur l’idée qu’il entend adopter une attitude « constructive ».

  1. Europe

Grèce / « les conservateurs allemands divisés sur l’implication du FMI » (FAZ)

La presse rapporte que les dirigeants de la CDU et de la CSU ont vivement réagi aux propos de Manfred Weber, président des eurodéputés conservateurs et vice-président de la CSU, selon lequel il est préférable de renoncer au FMI si celui-ci continue de poser un allègement de la dette comme préalable à sa participation au troisième plan d’aide. Dans la Süddeutsche Zeitung, le ministre-président de Bavière et chef de la CSU, Horst Seehofer, désavoue des déclarations qui, déclare-t-il, ne reflètent pas son opinion. Le président du groupe CDU/CSU au Bundestag, Volker Kauder, réaffirme dans l’hebdomadaire Focus que « le FMI doit rester à bord, faute de quoi nous ne pouvons continuer à agréer d’autres aides ». Les principaux spécialistes budgétaires du groupe conservateur, cités par la FAZ et Bild, abondent en ce sens en excluant catégoriquement le versement d’aides financières à Athènes si le FMI n’est pas de la partie. La Süddeutsche Zeitung mentionne aussi que selon le porte-parole du gouvernement fédéral le but poursuivi par Berlin continue d’être la participation du FMI.

Dans ce contexte, le Fonds monétaire international serait prêt à faire des concessions pour éviter au gouvernement fédéral de se retrouver en mauvaise posture face aux eurosceptiques de l’AfD à quelques mois des législatives, rapporte Die Welt sans citer de sources. Selon le journal, la directrice du FMI, Christine Lagarde, aurait, il y a quelques jours par téléphone, assuré la chancelière de son soutien en indiquant que le Fonds allait participer au programme d’aide à la Grèce et repousser à 2018 le thème conflictuel de la viabilité de la dette grecque. « Une fois de plus, le FMI achète du temps aux dirigeants politiques », commente Die Welt.

  1. International

OTAN / exigences américaines sur les budgets de défense : « un ultimatum très coûteux » (Tagesspiegel)

Tous les journaux font état ce matin de la réaction négative du porte-parole pour les questions de défense du groupe SPD au Bundestag, Rainer Arnold, aux déclarations du secrétaire américain à la défense James Mattis exigeant des partenaires de l’OTAN qu’ils respectent avant la fin de l’année leur engagement à consacrer 2% de leur PIB aux dépenses de défense. Dans plusieurs journaux, notamment la Neue Osnabrücker Zeitung, R. Arnold conteste la pertinence de ce chiffre : « la règle de 2% est faite pour les économies plus faibles, qui atteignent plus facilement ce quota » ; « il est utopique d’envisager d’augmenter le budget de la défense à 2% du PIB, cela reviendrait presque à doubler les dépenses annuelles », ajoute-t-il dans le Handelsblatt. Sur les ondes de la radio publique NDR, le porte-parole des Verts pour les questions de défense, Tobias Lindner, fait remarquer que « la Grèce dépense certes beaucoup pour sa défense, mais ne participe pas comme l’Allemagne à plusieurs opérations extérieures ; on ne peut vraiment pas reprocher à l’Allemagne de ne pas s’engager ». L’ancien ministre et député Vert Jürgen Trittin, porte-parole pour les questions de politique étrangère, critique lui aussi vivement sur Deutschlandfunk l’empressement de la ministre de la défense à vouloir se plier aux exigences américaines. « Dépenser 20 milliards supplémentaires, même par étapes comme l’envisage U. von der Leyen, c’est énorme », commente la Berliner Zeitung qui fait également valoir qu’il est plus facile d’atteindre cet objectif quand le PIB décline, comme en Grèce et juge que la priorité devrait porter sur une meilleure organisation de l’Alliance, afin d’éviter les doublons, et un approfondissement des coopérations. Comme plusieurs médias, la Süddeutsche Zeitung souligne que la Bundeswehr « ne serait même pas en mesure de dépenser judicieusement les milliards d’un budget de défense doublé d’ici à 2024 » et que plus une économie croît, plus les 2% deviennent illusoires. « On le savait déjà en 2014, mais dans le contexte tendu d’alors, en pleine crise sur la Crimée, Berlin a préféré accepter l’objectif proposé par l’OTAN sans le prendre au sérieux et maintenant les Etats-Unis tancent leurs alliés comme des élèves fautifs, Trump a besoin de victoires, même sur le dos de ses alliés », pointe la Süddeutsche Zeitung en appelant les Européens à « ne pas se laisser traiter comme des gamins » mais aussi à prendre au sérieux les attentes d’un engagement européen plus fort au sein de l’OTAN. « L’Europe ne pourra pas s’appuyer sur les seules puissances militaires que sont la France et la Grande-Bretagne. La sécurité future de l’Europe va dépendre de plus en plus de la capacité de l’Allemagne à en faire davantage et à entraîner aussi d’autres pays à en faire de même », juge le journal.

Un sondage publié par l’hebdomadaire Stern fait apparaître que 55% des personnes interrogées sont opposées à une augmentation du budget de la défense et 56% à un engagement plus important de l’Allemagne dans la lutte contre Daech. La moitié des sondés se prononce pour une armée européenne et une union européenne de défense, selon Stern.

Première rencontre Lavrov-Tillerson à Bonn

La rencontre entre le ministre russe des affaires étrangères et son nouvel homologue américain lors de la réunion informelle des chefs de la diplomatie des pays du G20 est le sujet principal des comptes rendus de la rencontre de Bonn. Rex Tillerson a appelé la Russie à respecter ses engagements dans le cadre des accords de Minsk et « Lavrov s’est montré prudemment optimiste sur les futurs rapports avec les Etats-Unis », rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le journal relève par ailleurs que Sigmar Gabriel a pour la première fois rencontré Sergueï Lavrov dans ses nouvelles fonctions de ministre allemand des affaires étrangères et indique de source diplomatique que l’entretien, qui a porté sur les relations bilatérales et les grands thèmes internationaux, a été » long et franc », S. Gabriel appelant Moscou à user de son influence sur les séparatistes ukrainiens pour mettre entièrement en oeuvre les dernières décisions prises dans le cadre du groupe de contact de Minsk./.