Synthèse de la presse américaine du 17 Février 2017

Vendredi 17 février 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline – Ambassade de France aux Etats-Unis

Validation : Benoît Cormier

  1. Politique intérieure

Conférence de presse de Donald Trump

Dans la matinée du 16 février, Donald Trump a « soudainement » (WSJ) décidé qu’il donnerait, l’après-midi même, une conférence de presse qui aura duré « 77 minutes ». Celle-ci fait la « une » de tous les médias (WP, NYT, WSJ, USA Today, National Review, The New Yorker, TIME, CNBC, Slate, Vox, Chicago Tribune).

Sur le fond, le président américain a cherché à défendre sa présidence, 28 jours après son investiture, en apportant un démenti formel aux accusations de ses opposants et de la presse traditionnelle. Au « chaos » qui règne à la Maison Blanche selon les principaux titres de presse, Donald Trump oppose un tableau positif, affirmant que « l’administration fonctionne comme une machine soigneusement réglée » en dépit des efforts de blocage de l’opposition. S’agissant de Michael Flynn, le président américain a indiqué que ses échanges avec l’ambassadeur russe n’étaient pas la raison de son départ – seules ses omissions à l’égard du vice-président l’ont conduit à démissionner. Les suspicions concernant les relations qu’aurait entretenues l’équipe de Donald Trump avec la Russie durant la campagne électorale sont « une ruse » selon le président américain qui a répété, à plusieurs reprises, qu’il n’avait aucun lien avec Moscou.

Le président américain a dévoilé plusieurs mesures en cours ou à venir : il a annoncé le nom de son candidat au poste de secrétaire au Travail, Alex Acosta, après la défection d’Andrew Puzder ; il a indiqué qu’il avait demandé au ministère de la Justice qu’une enquête soit menée sur les fuites en cours ; il a confirmé qu’une nouvelle réglementation serait élaborée d’ici le milieu de la semaine prochaine pour remplacer le décret sur l’immigration actuellement bloqué par une décision de justice ; il a fait savoir qu’un plan visant à abroger Obamacare serait présenté d’ici la mi-mars ; et il a ajouté qu’une réforme fiscale serait aussi dévoilée peu après celle de la santé.

Le président américain s’en est pris, de manière virulente, aux médias traditionnels, les accusant, à nouveau, de propager des fausses informations et qualifiant leurs journalistes d’individus « malhonnêtes ». L’équipe éditoriale du New York Times dénonce « ces attaques institutionnelles et personnelles ». Dans un article critique du Washington Post, Philip Rucker estime que cette stratégie de communication offensive vise uniquement à détourner l’attention du public des polémiques.

Sur la forme, « Donald Trump a fait du Trump », estime l’équipe éditoriale du Wall Street Journal. Par conséquent, le quotidien s’étonne que « les journalistes soient encore déconcertés par son style non-conventionnel », jugeant que « le message plus général du président était raisonnablement clair et cohérent » et ajoutant que l’exercice n’était pas un échec. Le journal ajoute que, contrairement à Barack Obama, Donald Trump répond aux questions sans circonlocution. La National Review considère en outre que le président américain a raison de se défendre face aux auteurs des fuites qui « ne sont pas des patriotes mais des saboteurs ».

En revanche, l’équipe éditoriale du New York Times déplore, dans un éditorial très critique, l’autosatisfaction du président américain que le quotidien décrit en « une » comme un dirigeant « blessé » qui s’est défendu en se montrant tour-à-tour « enjoué et en colère ». Dans un autre éditorial, le quotidien estime même qu’un « procureur spécial » devrait être nommé pour mener une enquête indépendante sur « les liens entre l’administration Trump et le gouvernement russe ».

Selon le Washington Post, la conférence de presse de Donald Trump démontre que celui-ci est « bloqué dans une distorsion temporelle ». « Il ne semble pas être en mesure de mettre l’année 2016 derrière lui. Alors qu’il devrait gouverner, il continue à faire campagne », analyse le journal, soulignant qu’il a évoqué son ancienne rivale Hillary Clinton à douze reprises et qu’il a rappelé sa large victoire au Collège électoral. Le New Yorker compare cette conférence de presse à un exercice de télé-réalité.

Cette conférence de presse est aussi l’occasion pour les médias de faire leur propre bilan des 28 jours de présidence Trump. En particulier, Politico publie un très long article qui détaille, jour par jour, toutes les initiatives et aléas de ce début de mandat. Dans une tribune publiée par le Washington Post, Fareed Zakaria résume ce bilan par la formule « panem et circenses » (du pain et des jeux). Selon le chroniqueur, Donald Trump ne donne pas de « pain » aux Américains et se contente de livrer « un spectacle » par le biais d’une stratégie de communication visant à jeter le discrédit sur ses adversaires, dont les médias traditionnels, afin de mieux louer les mérites sa propre action. Dans une tribune publiée par CNN, Nic Robertson ajoute que les Européens eux-mêmes sont très inquiets du « désordre » de la Maison Blanche.

Autre article à signaler :

Le refus de Robert Harward de devenir le prochain conseiller à la sécurité nationale (WSJ) est un nouveau coup dur pour l’administration Trump, selon le New York Times.

  1. France/Europe

Affaire Théo

« La tragédie de Théo révèle les échecs de la France en matière raciale ». C’est le titre d’une tribune de Joel Dreyfuss publiée par le Washington Post uniquement en ligne. Le chroniqueur reproche notamment à la France de ne pas tenir de statistiques ethniques – une politique qui, selon le quotidien, porte préjudice à la lutte contre le racisme.

Accord économique et commercial global (CETA)

Le New York Times relaie l’éloge de l’Europe par Justin Trudeau après l’adoption par le parlement européen de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne.

III. International

Israël

Selon le Washington Post, les déclarations de Donald Trump sur le processus de paix au Proche-Orient ont suscité de la confusion parmi les Israéliens. Toutefois, le New York Times indique que, selon des analystes, il n’est pas certain que Donald Trump ait abandonné la solution à deux Etats. En outre, David Friedman, l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël désigné par le président américain, est revenu sur des propos jugés trop extrêmes concernant la possibilité d’un Etat palestinien et la colonisation en Cisjordanie, rapportent le Washington Post et NBC.

Russie – Syrie

Le Wall Street Journal doute que le président américain puisse à la fois opérer un rapprochement avec la Russie et lui demander de se distancier de l’Iran compte tenu des intérêts communs à Moscou et Téhéran dans le dossier syrien. Par ailleurs, le Christian Science Monitor indique que les Nations unies ont « enfin adopté une mesure concrète pour aider les Syriens en créant un bureau chargé de mener des enquêtes sur les crimes de guerre commis en Syrie afin de recueillir des preuves tangible qui permettront de poursuivre les auteurs de ces crimes ».