Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
21 février 2017
- L’annonce par le candidat du SPD Martin Schulz qu’il réviserait des mesures de l’emblématique programme de réformes Agenda 2010 de Gerhard Schröder fait les gros titres de toute la presse ce matin : « Schulz se distancie de l’Agenda 2010 » (Süddeutsche Zeitung), « le candidat du SPD veut corriger l’Agenda 2010 » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Schulz secoue l’Agenda 2010 » (Die Welt), « Schulz positionne le SPD plus à gauche » (Handelsblatt). Der Tagesspiegel s’alarme pour sa part de voir « des centaines de milliers de personnes menacées par la famine au Sud-Soudan ».
- Allemagne
« Schulz se distancie de l’Agenda 2010 » (Süddeutsche Zeitung)
L’ensemble de la presse rapporte les propos tenus hier par le candidat tête de liste du SPD lors d’une conférence organisée par le SPD à Bielefeld (Rhénanie du Nord-Westphalie). Evoquant les réformes sociales de l’Agenda 2010, Martin Schulz a déclaré que le SPD a commis des erreurs et s’emploie à les corriger. Il a cité comme correctifs la possibilité d’allonger la durée de perception des indemnités chômage pour les chômeurs âgés qui devraient aussi pouvoir bénéficier de davantage d’opportunités en matière de formation continue. « Des salariés qui ont travaillé et cotisé pendant plusieurs décennies ont le droit d’être protégés », a-t-il fait valoir. Il a également évoqué l’objectif de stabiliser le niveau des retraites et la mise en place d’un minimum retraite pour les salariés ayant travaillé plus de 35 ans.
La presse accueille diversement ces propositions. A l’instar de Die Welt qui écrit « Schulz veut gommer Schröder » ou du Handelsblatt qui parle de « populisme de gauche », la presse conservatrice et libérale voit d’un mauvais œil le fait que le candidat à la chancellerie cherche à s’affranchir, du moins en partie, des réformes qui sont à l’origine de la force actuelle de l’économie allemande. « Le candidat du SPD met en jeu la compétitivité de l’Allemagne », s’inquiète Die Welt. Reconnaissant que les correctifs dont il est question « ne vont pas conduire le pays à la ruine », le Handelsblatt s’inquiète davantage de la manière dont Martin Schulz mène campagne : « combattive, sans volonté de compromis et sans hésiter à avancer des thèses populistes ». De l’avis du quotidien économique, Schulz « organise ainsi la sortie du SPD de la prison de la grande coalition » avec une radicalité dont jamais Sigmar Gabriel n’aurait pu faire preuve. « Vouloir amorcer un virage à 180 degrés est un jeu dangereux », estime pour sa part la FAZ qui reconnaît que la tentation est grande face à des caisses d’allocations chômage ayant des milliards en réserve grâce à la robustesse du marché de l’emploi. Le tabloïd Bild met en garde contre tout « émiettement » de l’Agenda 2010 à de seules fins électorales.
De manière plus analytique, la Süddeutsche Zeitung voit dans la stratégie de Martin Schulz avant tout une manière de réconcilier le SPD avec son électorat. « Pour bon nombre d’électeurs et de sympathisants du SPD, l’Agenda 2010 a constitué un motif de rupture avec le parti », rappelle le journal pour qui « profitant de l’attention dont il bénéficie, Martin Schulz ne fait que reprendre dix ans plus tard les arguments que l’ex-président du SPD Kurt Beck avait déjà fait valoir en son temps ». Reste à savoir si en cherchant à présenter le SPD comme « le parti des petites gens » Martin Schulz va réussir un « miracle » ou si l’effet va « retomber comme un soufflé ». Reprenant elle aussi l’idée que la conjoncture est favorable aux projets de Martin Schulz, le journal alternatif de gauche tageszeitung déplore toutefois que ses propositions se limitent à « reconstruire une sorte de patchwork social » et ne constituent qu’une « révision partielle de l’Agenda 2010 ».
« Les responsables politiques soutiennent le rachat d’Opel » (Handelsblatt)
Sous ce titre, le quotidien des affaires estime qu’après quelques « frictions initiales » marquées par une certaine « confusion », les signes de coopération se multiplient entre la France et l’Allemagne et que « cette semaine est placée sous le signe d’une vaste initiative du gouvernement français en matière de politique industrielle ». Le journal en veut pour preuves le déplacement hier à Bruxelles du secrétaire d’Etat chargé de l’industrie, la rencontre en milieu de semaine entre Michel Sapin et Wolfgang Schäuble, le ministre français de l’économie et des finances devant également recevoir le pdg de PSA, avant de rencontrer jeudi la ministre allemande de l’économie Brigitte Zypries. Le journal souligne qu’en Allemagne aussi le climat s’est amélioré, « une reprise d’Opel par PSA apparaissant comme la moins mauvaise des solutions » et l’arrivée des Français étant perçue comme une « alternative acceptable » face au risque d’Opel de devoir affronter des temps difficiles faute de repreneur. Pour le quotidien qui fait état de la « nervosité des Britanniques », c’est Vauxhall, la jumelle d’Opel qui pourrait faire les frais du rachat d’Opel par PSA car, à la différence de la France et de l’Allemagne, la législation du travail est en Grande-Bretagne plus flexible et le poids des syndicats bien moins important.
Dans ce contexte, la FAZ, le Tagesspiegel et Die Welt consacrent chacun une correspondance à la présentation par Opel, hier à Francfort, de son modèle CrosslandX. « Il y a déjà tant de technologie Peugeot dans Opel », titre Die Welt qui, comme ses confrères, met en valeur que ce dernier-né de la gamme Opel est le produit d’une étroite coopération qui a débuté en 2012 entre le constructeur allemand et PSA et illustre par les faits ce à quoi pourrait ressembler l’avenir commun des deux constructeurs.
- Europe
« Changement de cap pour la trajectoire grecque » (FAZ)
Les journaux rendent compte, non sans surprise, de concessions mutuelles de la Grèce et de ses créanciers pour tenter de faire aboutir la « deuxième revue » du plan d’aide à Athènes : « moins d’austérité, plus de réformes », résume la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La presse note que le ministre allemand des Finances s’est déclaré confiant sur le fait que les créanciers de la Grèce avaient désormais une position commune et que la directrice du FMI, Christine Lagarde, doit rencontrer demain à Berlin la chancelière fédérale. Les quotidiens s’accordent à juger, à l’instar de la Berliner Zeitung, que « l’Eurogroupe veut désamorcer la crise grecque et la reporter au-delà des élections en France, aux Pays-Bas et en Allemagne ». Pour le Handelsblatt, les créanciers préfèrent « fermer les yeux » sur un « programme qui ne marche toujours pas au bout de sept ans » et « continuer comme si de rien n’était » afin de « réussir à atteindre 2018 sans dommage ».
- Europe / International
« Pence adresse un message de réconciliation à l’UE » (Bild)
Les messages adressés lors de sa visite à Bruxelles par le vice-président américain aux dirigeants de l’Union européenne, soulignant « l’engagement fort » des Etats-Unis à poursuivre la coopération et le partenariat avec les Européens, ne rassurent qu’à moitié la presse. « Après les propos de Donald Trump, cela semble trop beau pour être vrai, même si à Bruxelles, cela suffit déjà à provoquer un profond soupir de soulagement », observe la Süddeutsche Zeitung en rappelant que « Trump n’avait pas parlé de l’UE de manière inamicale, mais assez clairement comme on parle d’un ennemi ». « Les doutes ne sont pas dissipés, même si en ces temps agités, des déclarations amicales ne sont pas à négliger. Le principal reste la future politique étrangère de la nouvelle administration, et l’on n’en sait toujours pas plus à ce sujet », renchérit la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
- France
« Les marché financiers ont peur des populistes français » (Handelsblatt)
La Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Handelsblatt s’inquiètent de ce que le taux d’emprunt à 10 ans de la France se soit ces derniers jours nettement éloigné de celui de l’Allemagne, traduisant la nervosité croissante des marchés financiers devant l’issue incertaine des élections présidentielles en France. Les journaux soulignent que l’écart de rendement entre les obligations allemandes et les bons du Trésor français est le plus élevé depuis quatre ans et demi, les obligations allemandes restant quasiment la seule valeur refuge des investisseurs en Europe./.