Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

23 février 2017

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur des déclarations du président de l’office fédéral de protection de la constitution (renseignement intérieur) évoquant « une claire progression de la scène terroriste islamiste en Allemagne » au cours des derniers mois. La Süddeutsche Zeitung s’inquiète que le gouvernement autrichien veuille subventionner les sociétés maintenant des emplois en Autriche (« Vienne paie un bonus pour les Autrichiens »). Die Welt relève qu’« Europol met en garde contre les passeports falsifiés en Europe ». Der Tagesspiegel s’intéresse à la « pénurie de logements sociaux – l’Etat fédéral tire la sonnette d’alarme ». Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une au succès de la stratégie du président de Siemens sur les marchés financiers (« les marchés dans l’ivresse Siemens »).
  2. Allemagne

« Débat sur les reconduites groupées vers l’Afghanistan » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La FAZ rapporte que le troisième vol charter au départ de Munich qui a reconduit hier en Afghanistan une cinquantaine de réfugiés dont la demande d’asile avait été rejetée a suscité de vives critiques de la part de plusieurs responsables politiques des Länder gouvernés par le SPD et renforcé la dispute interne au sein des Verts. Thorsten Albig (SPD), ministre-président du Schleswig-Holstein (où des élections ont lieu le 7 mai), a fait part de sa « déception à l’égard de la position du gouvernement fédéral » et indiqué que son gouvernement ne participera pas à ces reconduites. Chez les Verts, Kathrin Göring-Eckardt, candidate tête de liste du parti pour les élections fédérales, a qualifié les reconduites de « grave erreur » et manifesté son soutien à Thorsten Albig, s’attirant les critiques des Verts du Bade-Wurtemberg, indique le journal.

« Le SPD veut manager les salaires » (Süddeutsche Zeitung)

L’ensemble de la presse fait état de la proposition de loi du SPD destinée à encadrer les salaires des managers. Ce projet envisage notamment pour les grandes entreprises cotées en bourse la fixation d’un plafond de 500 000 euros concernant la déductibilité fiscale de la rémunération des membres du comité de direction. « Par cette initiative en année électorale, le SPD renforce la pression sur la CDU/CSU », estime la Süddeutsche Zeitung qui doute toutefois des chances du projet d’être adopté d’ici cet été.

« Grisé par son envolée dans les sondages, le SPD s’en prend aux salaires des managers et choquée par ses résultats dans les sondages, la CDU veut lui tendre la main », juge la FAZ qui s’interroge ; « qui croit réellement qu’une loi supposée limiter fiscalement les salaires des grands managers va les guérir de leur avidité ? ». « Seule la pratique montrera si ceci contribue à faire diminuer les bonus ou laisse indifférentes les entreprises qui se résoudront à payer la facture via leurs bénéfices », juge la tageszeitung qui accueille toutefois favorablement le signal qu’envoie le projet. Le quotidien alternatif estime en outre que cette initiative du SPD prend de court la CDU dont l’aile droite et libérale pousse déjà les hauts cris. Pour Die Welt, qui examine la question sous l’angle juridique, « dans le zèle qu’il déploie auprès de son électorat, le SPD jette par-dessus bord des principes essentiels de l’Etat de droit » car la pratique en vigueur ne prévoit pas de distinction sur le plan fiscal entre la rémunération des pdg et celle des salariés. « Si désormais le législateur se met à qualifier d’indésirable certaines dépenses pourtant parfaitement légales, ceci ouvre la porte à l’arbitraire de l’Etat », prévient le journal. Partageant également ces doutes, le Tagesspiegel considère que cette « bonne idée » présente effectivement un « risque juridique ».

« La vente d’Opel pourrait intervenir dans la première semaine de mars » (FAZ)

Sans citer de sources, le quotidien de Francfort indique que le rachat d’Opel par PSA pourrait intervenir dès la première semaine de mars, la maison-mère General Motors, Opel et PSA souhaitant tous trois conclure l’opération avant le salon automobile de Genève qui ouvre ses portes le 6 mars. Le journal fait par ailleurs état des propos de Michel Sapin hier à l’issue d’une rencontre avec le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble. Le ministre français de l’économie et des finances a plaidé en faveur du respect des engagements en matière d’emploi, relève la FAZ pour qui « on ne saurait sous-estimer les propos de M. Sapin » sachant que l’Etat français détient près de 14% du capital de PSA.

  1. Europe

Grèce / rencontre à Berlin entre Angela Merkel et Christine Lagarde

Aucune déclaration n’ayant été faite à l’issue de l’entrevue entre la chancelière fédérale et la directrice du Fonds monétaire international (FMI), la presse écrite doit se contenter de maigres spéculations sur un rapprochement des positions respectives de Berlin et du FMI sur le dossier grec. Christine Lagarde a réservé ses déclarations pour le journal du soir de la chaîne de télévision publique ARD, où elle a tenté de rassurer l’opinion publique sur l’état des pourparlers avec Athènes tout en laissant planer le doute sur une participation du FMI au troisième plan d’aide. Saluant « les progrès » réalisés par la Grèce en matière de réformes, la directrice du FMI a souligné que ces réformes n’étaient que la moitié des efforts à réaliser et que le montant de la dette restait un point crucial. « La Grèce doit pouvoir marcher sur ses deux jambes, et la deuxième jambe est le montant de la dette que le pays peut supporter », a-t-elle déclaré. Les médias en ligne retiennent que Christine Lagarde « ne préconise pas de réduction du montant de la dette à l’heure actuelle », la directrice du FMI évoquant des mesures d’assouplissement de la dette qui devra être « restructurée de manière appropriée », notamment par « un allongement significatif des maturités » et un « plafonnement significatif des taux d’intérêts », des mesures qui devront intervenir « à la fin du programme en cours ». La mise en œuvre de réformes structurelles aura d’ailleurs un effet bénéfique sur le montant de la dette à restructurer, précise-t-elle.

Pressée par l’ARD de donner un signal positif sur le déblocage du dossier, Christine Lagarde reste toutefois sur ses réserves : « non, on ne peut pas encore dire que nous sommes sur la bonne voie, il faut d’abord que les réformes se concrétisent sur le plan législatif, et là il reste encore beaucoup de travail à faire avant que nous puissions proposer au FMI un programme, un programme conforme aux principes et règles du FMI. Nous ne pouvons pas conclure un deal juste pour et avec la Grèce, nous avons une responsabilité vis-à-vis de l’ensemble de nos membres », insiste-t-elle.

  1. International / France

« Des médias russes tentent d’influencer les campagnes électorales en France et aux Pays-Bas » (Süddeutsche Zeitung)

L’article reprend en bonne place les déclarations du Ministre dans le Journal du dimanche évoquant « l’ingérence inacceptable » de la Russie dans la campagne électorale française et écrit que « le chef du Quai d’Orsay ne passe pas pour s’emporter à tout bout de champ et il en faut probablement beaucoup pour le mettre en rage de la sorte ». Pour le correspondant à Paris de la Süddeutsche Zeitung, le Ministre « dit tout haut ce que les services secrets européens craignent tout bas, une prise d’influence russe sur les élections en Europe via des cyberattaques ». Les Pays-Bas se trouvent dans une situation analogue et misent à la mi-mars sur un décompte manuel des voix dans les bureaux de vote régionaux pour prévenir toute manipulation des résultats, rapporte un autre correspondant du journal. Un risque également écarté pour les présidentielles françaises par le Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Louis Gautier, poursuit la Süddeutsche Zeitung en citant ses propos récents dans Le Monde selon lesquels le résultat des élections « ne peut pas être faussé » parce qu’il « repose sur le décompte manuel des bulletins de vote »./.