Synthèse de la presse quotidienne
8 mars 2017
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur une décision de justice prise par un tribunal bavarois : « Facebook n’est pas tenu de rechercher ou d’effacer des commentaires haineux ». La Süddeutsche Zeitung et Die Welt consacrent leur une au vote du parlement hongrois en faveur de la mise en place de camps pour migrants : « la Hongrie interne les réfugiés dans des camps » ; « la Hongrie enferme les réfugiés dans des villages de containers ». Le Tagesspiegel, la Berliner Zeitung et la tageszeitung titrent sur la Journée internationale de la femme.
- Allemagne
« Facebook n’est pas tenu de rechercher ou d’effacer des commentaires haineux » (FAZ)
Le quotidien de Francfort fait état de la décision rendue par le tribunal de grande instance de Würzburg qui a débouté un réfugié syrien voulant obliger Facebook à censurer les multiples détournements d’un selfie pris en 2015 avec la chancelière et les commentaires diffamatoires ou xénophobes dont il a pu faire l’objet.
Les journaux marquent leur mécontentement vis-à-vis de cette « victoire de Facebook sur toute la ligne » (Berliner Zeitung) qui lui permet de s’en sortir à trop bon compte. Il serait pourtant urgent de clarifier le flou qui règne sur les médias sociaux en matière de responsabilité éditoriale, juge le quotidien. « De la même manière que les journaux sont responsables des courriers des lecteurs qu’ils publient, Facebook devrait lui aussi être tenu responsable des contenus qu’il véhicule », fait valoir la FAZ. La Süddeutsche Zeitung s’interroge sur les supposés obstacles techniques qui ont sous-tendu l’argumentation des juges. « Depuis longtemps, on recourt bien à des filtres permettant d’identifier des contenus pédopornographiques, donc nul doute que les super programmateurs de Facebook seraient en mesure de mettre au point des programmes similaires », avance le quotidien pour qui l’arrêt qui vient d’être rendu se comprend peut-être aussi comme une incitation à une connaissance numérique plus poussée de la part de la justice allemande.
Nouvelles critiques turques envers l’Allemagne
N’ayant pu bénéficier d’une salle en ville, le ministre turc des affaires étrangères s’est produit hier à Hambourg à la résidence du consul général de Turquie d’où il s’est exprimé devant 200 personnes, rapporte la presse qui se fait l’écho des attaques virulentes de M. Cavusoglu qui a reproché à l’Allemagne de « se dresser systématiquement contre la Turquie » avant de l’appeler à « cesser de donner à la Turquie des leçons en matière de démocratie et de respect des droits de l’homme ». Die Welt publie aujourd’hui, en allemand et en turc, une lettre ouverte de son rédacteur en chef au président Erdogan pour appeler à la libération de Deniz Yücel, le correspondant germano-turc du journal détenu en Turquie.
- Europe
Rencontre quadripartite de Versailles
Le plaidoyer du président de la République et de la chancelière en faveur d’une Europe à plusieurs vitesses suscite des réactions partagées dans les grands quotidiens. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « si le concept n’est pas nouveau – Schengen, zone euro –, il va dans la bonne direction, la flexibilité en matière d’intégration étant la bonne réponse à l’euroscepticisme général ». La Süddeutsche Zeitung au contraire met en garde contre le risque de dislocation de l’Union européenne, pointant le fait que même au sein de la zone euro, les divergences de vues entre l’Allemagne et la France sur des points centraux ont freiné le processus d’intégration. « Merkel aurait eu assez de temps pour faire avancer l’approfondissement de l’union monétaire, mais elle n’a pas apporté la preuve que l’UEM, cet exemple parfait d’une Europe à plusieurs vitesses, fonctionne vraiment », juge la Süddeutsche Zeitung en estimant que « l’UE a toujours le même problème : la mise en œuvre des grands projets échouent en raison des intérêts nationaux qui, à Berlin aussi, passent avant les intérêts européens ».
Différend entre Berlin et Bruxelles sur le futur Fonds monétaire européen
Le Tagesspiegel, le Handelsblatt et la taz, se font l’écho d’un « profond différend » entre le commissaire européen chargé des questions monétaires, Pierre Moscovici, et le gouvernement fédéral au sujet du projet porté par le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, de transformer le Mécanisme européen de stabilité (MES) en un Fonds monétaire européen doté de compétences élargies en matière de contrôles des budgets des Etats membres. Un projet qui « consterne Bruxelles », non seulement à la Commission européenne, mais aussi au parlement européen, écrit la tageszeitung en citant les critiques de l’eurodéputé des Verts, Sven Giegold, qui accuse le gouvernement fédéral de vouloir affaiblir l’UE en confiant la supervision des budgets nationaux à un Fonds monétaire européen issu d’un organisme intergouvernemental et non communautaire.
Arrêt de la CJUE sur les visas humanitaires
La décision de la Cour de justice de l’UE considérant que le droit de l’UE n’impose pas aux Etats membres de délivrer un visa humanitaire aux personnes qui souhaitent se rendre sur leur territoire pour y demander l’asile est accueillie avec un certain soulagement par la presse conservatrice et critiquée par les journaux de centre-gauche. « L’UE a été préservée d’une grave crise qui aurait de plus constitué un affront contre la souveraineté des Etats membres », fait valoir le Handelsblatt. « On a évité une ruée massive sur les consulats des Etats membres mais le problème moral reste », considère Die Welt pour qui le processus d’accueil en Europe des demandeurs d’asile « relève davantage du darwinisme que de la politique sociale : ceux qui ont l’énergie du désespoir ou l’intrépidité de se lancer à l’assaut de la Méditerranée ou des barbelés sont in fine protégés ou tolérés, tandis que l’immense majorité qui résiste dans son pays ou fuit dans la région est perdante ». La Süddeutsche Zeitung et la Berliner Zeitung déplorent le fait que « le droit d’asile européen ne vaut que pour ceux qui arrivent à atteindre le territoire européen par n’importe quel moyen ».
« La Hongrie interne les réfugiés dans des camps » (Süddeutsche Zeitung)
L’adoption par le parlement hongrois d’une loi prévoyant le cantonnement des demandeurs d’asile arrivant en Hongrie dans des « zones de transit » constituées de containers entourés de barbelés suscite de vives critiques notamment des Nations unies, mais les conservateurs allemands y voient l’occasion de réitérer leur appel à créer des centres de rétention de demandeurs d’asile en Allemagne, rapporte Die Welt. La FAZ considère que ce renforcement du dispositif hongrois est « légitime en l’absence d’une réponse européenne » au problème migratoire, mais critique la brutalité des gardes-frontières hongrois. Le Tagesspiegel pointe « l’indignation hypocrite » du gouvernement allemand alors que « en Allemagne aussi on a forgé des plans analogues au plus fort de la crise des réfugiés ». Die Welt estime que l’on diabolise à tort la Hongrie « qui est peut-être juste plus honnête que le gouvernement fédéral en faisant le ‘sale travail’ quand Angela Merkel veut se défausser sur les pays nord-africains ». Pour la Süddeutsche Zeitung qui fustige la rhétorique nationaliste et xénophobe de Viktor Orban pour justifier de telles mesures, la Hongrie a de facto suspendu le droit d’asile sur son territoire.
« Brexit : un divorce très onéreux » (Handelsblatt)
De source diplomatique bruxelloise, le Handelsblatt rapporte que l’Union européenne veut « présenter à Londres une facture de 60 milliards d’euros », coût estimé du Brexit. Alors que la notification officielle de sortie de l’UE est attendue pour la semaine à venir, Bruxelles veut d’abord négocier l’aspect financier avant de discuter d’un nouvel accord commercial, écrit le quotidien des affaires./.