Aujourd’hui en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

29 mars 2017

  1. La révélation de l’espionnage par la Turquie de personnes réputées proches de la mouvance de M. Gülen en Allemagne fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« indignation sur les activités des services secrets turcs ») et du Tagesspiegel (« espionnage turc : un dossier pour la justice »). La Süddeutsche Zeitung s’inquiète pour sa part de voir « Trump romp[re] avec la politique climatique d’Obama ». Die Welt, sur la base d’évaluations internes du ministère allemand des finances, écrit qu’ « Athènes veut prendre des milliards aux pays de la zone euro » dans le cadre d’une éventuelle remise d’intérêts. Le quotidien des affaires Handelsblatt titre sur « l’inquiétude au sein de Daimler » malgré les bons résultats du constructeur automobile en raison d’enquêtes sur le niveau d’émission des véhicules et sur des soupçons d’entente sur le marché des poids lourds.
  2. Allemagne

Activités d’espionnage des services secrets turcs au sein de la communauté turque en Allemagne

Les journaux se font l’écho des réactions indignées de plusieurs responsables politiques après les révélations, hier, de la Süddeutsche Zeitung selon lesquelles le renseignement turc aurait demandé l’aide du BND pour espionner quelques 300 ressortissants et 200 associations et écoles turques associés au mouvement Gülen. Les titres mettent en exergue la déclaration du ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, rappelant que « les activités d’espionnage sur le territoire allemand sont passibles de sanctions pénales et ne sont pas tolérées ». Les commentateurs s’étonnent de ce que les autorités turques aient été à ce point persuadées de leur bon droit qu’elles aient confié aux services secrets allemands une liste nominatives de personnes espionnées avec coordonnées et photos à l’appui. « Ce n’est pas de l’espionnage classique, c’est la Stasi d’Erdogan à l’œuvre en Allemagne », résume la Süddeutsche Zeitung. La FAZ craint que la vision radicalisée des partisans d’Erdogan vis-à-vis de leurs adversaires politiques considérés comme des terroristes ne soient in fine une menace pour la paix intérieure en Allemagne. L’ensemble de la presse se félicite de ce que les autorités allemandes aient pris l’initiative de prévenir les personnes espionnées.

  1. Europe

Brexit : « il faut limiter les dégâts » (Bild), « garder la porte ouverte » (Handelsblatt, Die Welt)

Après avoir publié de nombreux avant-papiers ces derniers jours, les médias font aujourd’hui le point sur les différents dossiers à régler dans le cadre des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. « Jusqu’à quel point ce divorce va-t-il être un lavage de linge sale ? », s’interroge le tabloïd Bild avec une inquiétude partagée par la plupart des quotidiens, notamment conservateurs. Bild fait un tour d’horizon des positions du gouvernement allemand sur la question (« ce que Merkel veut obtenir ») en notant que c’est le conseiller Europe de la chancelière, Uwe Corsepius, qui doit diriger les négociations pour l’Allemagne tandis que l’Auswärtiges Amt est chargé de coordonner les positions allemandes. Citant les documents de préparation des ministères fédéraux, Bild note que Berlin craint les conséquences du Brexit notamment dans le secteur agro-alimentaire, l’Allemagne réalisant dans ce secteur en Grande-Bretagne un excédent commercial de 3,2 milliards d’euros et craignant de forts reculs d’exportations. Dans les colonnes du journal, la ministre fédérale de l’Economie, Brigitte Zypries (SPD), déclare pour sa part ne se faire « aucun souci pour l’économie allemande, laquelle est robuste et très présente à l’international ». Elle dément aussi que l’Allemagne tente « activement » d’attirer sur son territoire les sièges sociaux de banques ou entreprises songeant à quitter le Royaume-Uni.

Dans les éditoriaux dominent les inquiétudes, d’une part sur la cohésion de l’Europe face aux exigences de Londres, mais surtout sur les préjudices économiques et financiers du Brexit pour une Allemagne à la fois fortement exportatrice et contributeur net au budget européen – la nouvelle rhétorique du ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel sur la vision faussée des Allemands à ce sujet ne changeant rien à la crainte récurrente des médias conservateurs de devoir débourser davantage pour Bruxelles. Les quotidiens du groupe Springer (Die Welt, Bild) s’élèvent contre « l’idée de Bruxelles de vouloir punir la méchante Albion » (sic) et soulignent « qu’aucun pays n’a plus intérêt que l’Allemagne à ce que les choses se passent bien ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung pour sa part semble au bord de la panique, dénonçant la « facture plus politique que comptable de 60 milliards d’euros présentée à Londres par la commission européenne sous direction française », et se faisant l’avocat de la défense des Britanniques (« oui, les Britanniques sont des Européens différents et l’ont toujours été, mais ils ne sont pas les seuls à vouloir seulement les avantages du marché intérieur et non davantage d’intégration européenne, beaucoup de Scandinaves et la plupart des pays d’Europe centrale et de l’Est pensent de même »). Craignant que les Allemands ne soient, à tous points de vue, les « perdants du Brexit », l’éditorial de Une de la FAZ – signé de l’un des quatre codirecteurs de la publication – déplore la perte pour l’Allemagne d’un partenaire essentiel pour donner à la politique économique et budgétaire de l’Union des orientations fondamentalement libérales, et le fait que Berlin – « contrairement à la France et à l’Italie qui ont une stratégie, celle de transformer la zone euro en union de transfert » –, n’ait jusqu’à présent pour seule politique européenne que de faire blocage aux décisions qui lui déplaisent (« Madame Non » en français dans le texte).

Les quotidiens de centre-gauche, en revanche, observent avec davantage de sérénité les négociations à venir. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung, plusieurs considèrent que le Royaume-Uni, face aux Vingt-Sept restés pour l’instant soudés, a les plus mauvaises cartes en main. D’autant, souligne le journal, que l’illusion d’une Europe soumise à la pression des grands groupes et fédérations industrielles pour faire un maximum de concessions à Londres a fait long feu : « leur intérêt primaire est de maintenir l’intégrité de l’UE et du marché intérieur ». « Malgré les drames et conflits à venir, on peut s’attendre à ce que les Etats membres restent in fine solidaires et qu’ils misent sur les atouts de l’Union – quel dommage qu’il ait fallu le Brexit pour en arriver là », conclut la Süddeutsche Zeitung.

  1. International

« Trump rompt avec la politique climatique d’Obama » (Süddeutsche Zeitung)

Les commentateurs jugent limité l’impact du décret signé par le président des Etats-Unis. « Il ne pourra susciter un come-back du charbon, qui a été supplanté dans les faits par le gaz de schiste, meilleur marché et plus propre », constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « C’est un pas en arrière mais il ne pourra stopper le virage énergétique vers le gaz de schiste et les énergies renouvelables et ramener les emplois perdus dans le secteur du charbon », renchérit le Tagesspiegel. « La politique climatique n’a pas besoin de Trump », fait valoir Die Welt en soulignant que ce n’est pas le président des Etats-Unis qui peut influencer les prix sur le marché mondial du charbon et que l’essor du gaz de schiste a signé l’arrêt de mort du charbon. La tageszeitung se montre moins optimiste, s’inquiétant du mauvais exemple donné par Washington, tout comme la Süddeutsche Zeitung, qui juge « qu’en matière de politique climatique, les symbole suffisent à produire des désastres ».

  1. France

Déplacement de Benoît Hamon à Berlin

La FAZ et la Süddeutsche Zeitung rendent compte du déplacement du candidat socialiste à Berlin et relèvent le soutien apporté à sa candidature par le président du SPD Martin Schulz. Ce soutien est mis en balance par les journaux avec la proximité de vues affichée par Sigmar Gabriel avec son ancien homologue à l’Economie E. Macron./.